Médias sociaux : les nouveaux penseurs de la communication

Grandes stars du printemps arabe, les médias sociaux ont indiscutablement changé la donne de la communication inter-personnelle et mondiale, reflétant la dynamique de la société et posant les jalons d'une liberté d'expression plus grande. L'occasion d'initier, à la veille des élections législatives marocaines, une rencontre-débat organisée par l'association Al Akhawayn Alumni sur le thème "Médias sociaux et opinion publique". Pistes de réflexion...

Cybercafé virtuel et zéro censure :

Le média social, nouveau must de la communication, connaît un essor sans précédent incluant réseaux sociaux (Facebook,Twitter, LinkedIn, Viadeo, Myspace…) et autres contenus 2.0 du type Youtube, Wikis, blogs, Flickr… Il fait interagir on line des individus ou des communautés animés d’un esprit de collaboration et d’échange d’informations. Sa particularité ? Le contenu web est généré par les internautes et dans le même temps modifié, indexé, combiné à des créations personnelles ou renvoyé à des liens donnés. Chaque acteur du web 2.O  appose ainsi sa petite pierre et s’offre sa révolution numérique perso. Exempt de censure et chantre d’une liberté d’expression de plus en plus grande, le média social devient ainsi le témoin de son époque et une jauge de l’opinion publique en flash instantané. Driss Ksikes, écrivain et journaliste, explique que l’on se trouve face à une “intelligence collective”, un respect des singularités créant une polyphonie commune, assimilable à une espèce de corps sans tête (car sans leader) qui se remanie en permanence. Il souligne : “Il y a eu affranchissement du récepteur qui n’est plus uniquement passif. L’information circule librement, en temps réel et se partage via photos, vidéos ou liens. Elle se critique aussi, donnant lieu à des polémiques et débats. Le média social, alternative intéressante au média traditionnel, apparaît presque plus crédible que ce dernier, soupçonné d’entretenir des connexions avec l’establishment ou de servir les intérêts des annonceurs. Mais son succès auprès du grand public traduit aussi l’existence de différentes crises : crise de représentativité politique, crise socio-économique, crise des intellectuels qui parlent au nom de la société…”. Anas El Filali, blogueur, rappelle quant à lui que le Web a délié les langues autour de nombreuses thématiques à caractère politique, institutionnel, social ou culturel et a permis de basculer dans un nouvel espace public virtuel. Et pour cause ! La culture participative étant quasi-absente de la réalité marocaine, son relais social reste très faible.

Liberté d’expression : forces et limites

Dans la perspective d’embrayer sur un véritable processus démocratique, le web 2.0 a crié, rassemblé et provoqué maints remous. Surfant sur les révolutions arabes et la mouvance du 20 février marocain, le média social, dixit Driss Ksikes, est passé de simple conduit à un rôle d’amplificateur, reflétant la dynamique du peuple. Des “mamfakinches” aux pro-royalistes, par exemple, une cyber-bataille rangée s’est déclarée ; d’où la victoire de la liberté d’opinion … Selon Anas El Filali : “On commence à s’autoriser à dire non, après avoir trop longtemps versé dans le béni-oui-ouisme”. Seulement voilà, pour Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS : “Une structuration reste nécessaire afin que l’expression libre de la pensée ne se cantonne pas à une simple interpellation primaire, à l’insulte ou à une transgression des lignes rouges antérieures”. Une condition sine qua none pour l’émergence d’une vraie culture démocratique et de citoyenneté, qui prenne en compte les droits mais aussi les devoirs. Or, pour nombre de refuzniks par principe, la Toile est devenue le terrain favori de défoulement de frustrations variées avec pour conséquence un rejet systématique de la société, des institutions, parfois sans même appréhender leur fonctionnement. Sans oublier les rumeurs essaimées par des cliqueurs en quête de notoriété, l’info intox, voire le hooliganisme numérique… C’est le revers de la démocratisation de la propagande, auparavant une exclusivité des états, comme le rappelle Anas El Filali. Au sein de ces nouveaux espaces de débat, il est donc impératif que se développe le processus d’apprentissage du respect de l’autre et l’acceptation de la diversité. Car, quitte à faire le buzz, autant que ce soit en adoptant des postures critiques “Au Sein De Ces Nouveaux Espaces De Débat, Il Est Impératif De Dévelloper L’apprentissage Du Respect De L’autre.” constructives ou dans le cadre d’initiatives citoyennes ; une idée que défend ardemment notre blogueur invité qui préfère déployer l’arme du web 2.O à bon escient. Lui-même a fédéré 30.000 internautes à sa cause en éteignant son téléphone portable : un moyen original et payant de faire pression sur un opérateur téléphonique aux tarifications exorbitantes !

Politique, élections et Internet :

Le média social permettra-t-il d’entamer le début d’une réconciliation avec la chose publique après l’adoption de la nouvelle constitution et l’approche du calendrier des élections législatives ? Réconciliation, oui ; implication active, rien n’est moins sûr, indique Nabil Benabdellah qui ajoute : “La méfiance vis-à-vis du pouvoir et des institutions persiste et le fossé de communication entre ceux qui gouvernent et la population doit être surmonté. Nous avons besoin, partis politiques et futurs électeurs, d’un cadre où nous pouvons tous nous retrouver et les médias sociaux peuvent remplir cet office. Mais pour cela, il faudrait que les partis politiques et les institutions investissent pleinement ce champ médiatique d’un nouveau genre et ne ratent pas ce rendez-vous important”. Pour Driss Ksikes, ce type de média pourrait réussir à instaurer un rapport politique de force qui soit sain et tordre le cou à cette culture du consensus qui, à trop arrondir les angles, finit par écraser la parole. Le mécanisme est là pour favoriser l’arrivée d’une élite politique mieux connectée aux attentes d’un citoyen épris de justice sociale. Le débat politique a donc tout intérêt à se déplacer sur le Web pour toucher davantage de jeunes et se mettre au diapason de l’évolution rapide de la société. Un virtuel qui aurait vocation à mieux nous reconnecter au réel… La donne serait clairement win-win ! Et si un jour nous sommes amenés à voter par internet, “pas de e-corruption possible”, rétorque Driss Ksikes dans une pirouette. Le mot de la fin est pour Nabil Benabdellah : “Avec tous leurs excès, il faut préserver ces médias sociaux qui sont une fenêtre de respiration, une soupape de sécurité où s’expriment toutes les composantes de la société marocaine”. A noter toutefois, en aparté, que la fracture numérique perdure du fait de l’existence d’une frange élevée d’analphabètes, exclus de ce débat “d’élites  cultivées”. â– 

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