Mbarka Bouaïda la fine diplomate

Depuis sa nomination au poste de ministre déléguée auprès du ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération, Mbarka Bouaïda travaille d’arrache-pied pour promouvoir l’image d’un Maroc pluriel et tolérant...

Comment se porte la diplomatie marocaine ?
Mbarka Bouaïda : Elle se porte très bien. C’est une diplomatie plurielle basée sur les orientations stratégiques de Sa Majesté, que Dieu l’assiste, et qui intègre notamment la cause nationale, palestinienne, la diplomatie économique et la dimension africaine.

En outre, le Maroc représente un modèle exceptionnel dans la région de par sa stabilité. Nous avons la chance inouïe d’avoir un État-nation consolidé, d’abord grâce à la monarchie, qui représente le ciment de la nation ; mais aussi à travers le processus de démocratisation que le Maroc a démarré depuis longtemps, et qui nous a permis de nous doter d’une nouvelle Constitution, d’institutions politiques, sociales et économiques fortes, et d’une approche culturelle et cultuelle réussie.

Aussi, le projet d’autonomie du Sahara présenté par le Maroc est considéré comme un plan sérieux et crédible qui constitue une base de négociation permettant de trouver une solution mutuellement acceptable.

D’ailleurs, où en êtes-vous dans ce dossier ?

Je pense que nous sommes sur la bonne voie, car nous avons mis en place des actions très sérieuses dont la consolidation permet au Maroc de bien avancer, tout d’abord parce que le modèle choisi est un modèle démocratique local qui représente la solution principale pour le Sahara, et ensuite parce que nous sommes en train de dépasser la manipulation politique pour nous diriger vers plus de pragmatisme, en adoptant une approche de développement socio-économique propre aux provinces du  sud, tel que recommandé par le Conseil Économique, Social et Environnemental.

D’ailleurs, la régionalisation avancée et les prochaines élections 2015 permettront la traduction et la mise en œuvre effectives de ces politiques.

Être d’origine sahraouie est-il un atout pour quelqu’un qui gère le dossier du Sahara ?

Être originaire du Sahara est un fait et une fierté pour moi, mais cela ne fait aucune différence, car nous sommes tous marocains. De façon générale, tous les citoyens sont  concernés par cette cause nationale, et n’importe quelle autre personne à ma place aurait traité ce dossier de la même manière.  

Vous attendiez-vous à ce que l’on vous confie de gros dossiers tout de suite après votre nomination ?

Honnêtement, non, mais c’est la nature de ce poste. Heureusement, j’ai la chance d’être le binôme du ministre des Affaires Étrangères, qui a fait en sorte de m’associer à tous les dossiers. Vous savez, dans ce département, on est tous les jours confrontés à des défis. On réagit tout le temps sur l’actualité internationale, car tout ce qui se passe dans le monde touche le Maroc d’une façon ou d’une autre.

Avez-vous été surprise de vous voir confier un ministère aussi important alors que vous faites partie des ministres les plus jeunes du gouvernement ?

On ne s’attend jamais à se voir confier une tâche aussi difficile ; d’autant que c’est une première pour moi dans la diplomatie officielle. Mais mon passage au Parlement et l’expérience acquise en matière de diplomatie parlementaire m’ont aidée à mieux appréhender ce poste.

Au vu de votre parcours dans la finance, n’auriez-vous pas aimé qu’on vous confie le ministère de l’Économie ?

Vous savez, lorsqu’on fait de la politique, on a une vision d’ensemble de tout ce qui touche à l’État, ce qui signifie être au service de son pays et de ses valeurs politiques, pas de ses propres choix personnels. Il est vrai que j’ai passé mes deux premières années au Parlement en tant que vice-présidente et rapporteur de la commission des finances. J’ai travaillé sur la Loi de Finances qui représente une excellente école, car au-delà de son aspect financier, elle a une portée politique et macro-économique.

La question de la femme est-elle importante, voire stratégique, pour la diplomatie marocaine ?
Oui, bien entendu. Aujourd’hui, l’implication des femmes fait partie des critères les plus importants pour le développement d’une nation. Donc forcément, dans toutes nos relations bilatérales avec les pays amis, et multilatérales, avec les organisations internationales dans lesquelles le Maroc est impliqué, le rôle de la gent féminine est pris très au sérieux par notre département. On essaie de le promouvoir et de faire le suivi de ce qu’il pourrait devenir dans le futur. Et c’est même le cas en interne. Aujourd’hui, nous avons presque 40 % de représentation féminine au sein de notre ministère. Nous avons une dizaine de femmes ambassadeurs et quelques femmes consuls. Ce n’est certes pas suffisant, mais ça reste un bon chiffre en comparaison avec d’autres pays. C’est une expérience qui a démontré que la femme excelle dans la diplomatie, et il faut l’encourager dans ce sens. D’ailleurs, j’aimerais qu’on puisse avoir un ou deux ambassadeurs de l’approche genre.

Quelle est l’image de la femme marocaine qui sert le plus celle du Maroc à l’étranger ?

Les Marocaines sont perçues comme des femmes très dynamiques, engagées, émancipées et plurielles. Elles sont modernes, ouvertes d’esprit, mais tiennent en même temps à leurs valeurs et leurs traditions. Elles sont fortement liées à leur background culturel, sans pour autant être très conservatrices. C’est l’image que nous dégageons à l’international, où nous sommes perçus comme un pays qui évolue en grande partie grâce à ses femmes. Sans oublier qu’il y a aussi, à très haut niveau, une réelle volonté de les encourager. Tout le monde sait que la lutte des femmes au Maroc n’a pas commencé aujourd’hui, et que celles-ci continuent de revendiquer plus de droits.

Pensez-vous que le chemin est encore long pour une meilleure représentativité féminine dans le champ politique ?

Nous avons avancé, mais ce n’est toujours pas suffisant. Malgré tout ce que certains pourraient dire, le système des quotas a permis au Maroc d’introduire les femmes au Parlement, dans les communes locales et les instances dirigeantes des partis puisque la nouvelle loi sur les partis politiques impose 30 % de femmes. Pour avoir plus de représentativité féminine au Parlement, il est indispensable d’avoir une masse critique minimale. On ne peut pas défendre les droits des femmes si elles ne sont pas suffisamment représentées. Malheureusement, nous sommes toujours sous le coup d’un système de parrainage masculin qui fait qu’au sein des partis politiques, les hommes continuent à avoir la main sur les choix des femmes. Celles-ci n’ont pas encore pris leur indépendance face à cette mainmise masculine. Je pense qu’il faut travailler sur ce côté psychique de la gent féminine pour promouvoir son indépendance, pour qu’elle soit sûre d’elle et qu’elle comprenne qu’elle n’est pas obligée de faire de la politique de la même manière que les hommes. C’est à mon avis comme cela qu’on pourra réussir et convaincre le citoyen d’aller voter.

Avez-vous déjà été victime de discrimination au cours de votre parcours politique ?

Je n’ai pas réellement été victime de discrimination, mais je l’ai ressentie lors de négociations internes, que ce soit au sein du parti politique ou du Parlement. J’ai décelé cette réticence masculine à laisser le champ libre aux femmes et les laisser évoluer. Au niveau de la plus haute autorité nationale, Sa Majesté le roi, que Dieu l’assiste, encourage la participation des femmes dans le champ politique. Cependant, au niveau de chaque région, chaque ville, chaque commune, je trouve qu’il n’y a pas forcément de prise de conscience du rôle que pourraient jouer les femmes. Il est souvent question de bataille et d’enjeux de pouvoir. Mais il ne faut pas baisser les bras. Il faut l’on soit fortes et solidaires.


 

À quand une femme chef du gouvernement ?

J’y crois dur comme fer. Je pense qu’un jour, nous verrons une femme chef d’un grand parti politique et pourquoi pas, chef du gouvernement.

Vous venez d’avoir une petite fille il y a 5 mois. Comment faites-vous pour concilier vie de famille et vie professionnelle ?

J’ai beaucoup de chance d’avoir un mari qui m’apporte un soutien inconditionnel, tant au niveau personnel que professionnel. Je pense que c’est la condition sine qua none pour concilier les deux. La naissance d’un enfant est un bonheur et une responsabilité, car on doit être capable de s’en occuper et de l’éduquer. J’essaie simplement de faire de mon mieux.

De manière générale, est-ce difficile pour une femme de faire carrière lorsqu’elle veut fonder une famille ?

C’est difficile, mais pas impossible.Encore une fois, le rôle du conjoint est primordial lorsqu’il s’agit d’un schéma pareil. Ce n’est pas évident de trouver un équilibre entre la carrière et la famille s’il n y a pas d’appui et d’entente. Dans mon cas, je n’aime pas trop parler de carrière, sinon de militantisme et de responsabilité patriotique. Et mon mari est un grand patriote et militant des droits économiques et sociaux pour un Maroc meilleur.

Il y a quelques semaines, quelqu’un a publié sur Twitter des documents relevant de votre vie privée. Comment avez-vous réagi ?

Je déplore la bassesse et la mauvaise foi de l’auteur de ces actes. J’ai porté plainte pour piratage, diffamation, diffusion de propos mensongers et atteinte à la vie privée.  

Du tac au tac…

Quel est votre premier geste du matin ?

Dès que je me lève, je regarde l’heure… et le téléphone. ça ne plaît pas beaucoup à mon mari  !

Thé ou café ?

Thé.

Plutôt talons ou ballerines ?

De moins en moins talons et de plus en plus ballerines.

Citez une femme qui vous inspire.

J’admire particulièrement Angela Merkel. Je trouve qu’elle a réussi à tenir l’Allemagne d’une main de fer. Elle est absolument brillante dans tout ce qu’elle entreprend. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’elle a été reconduite.

Votre livre de chevet ?

Je suis en train de lire le dernier livre d’Hillary Clinton, “Hard Choices”.

Votre plat préféré ?

J’aime tout, mais j’ai une préférence pour le riz.

Vous regardez quoi en ce moment ?

J’adore la série américaine “House of Cards”.

Que représente pour vous…
Le pouvoir

Je n’aime pas ce mot. Je le trouve très péjoratif. Le pouvoir est une combinaison entre politique, argent et capacité d’influencer.

La famille

J’y suis très attachée. D’abord, ma petite famille, ma fille et mon époux ; et ensuite ma grande famille, c’est-à-dire ma mère, mes sœurs et mes frères.
L’amour

C’est le partage, la générosité. On ne peut rien faire sans amour. Il nous est indispensable pour vivre, travailler…
Le féminisme

L’égalité des choix.

La religion
C’est très personnel.

Le Sahara

Pleinement marocain…

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