Le nombre de mariages précoces va-t-il grimpé ? C’est la crainte de nombreuses associations et organisations qui militent pour les droits des enfants. Aussi, pour lutter contre ce fléau et s’inscrivant dans le cadre des 16 jours d’activisme pour mettre fin aux violences basées sur le genre, les associations Droits & Justice et Les Citoyens lancent conjointement une campagne nationale baptisée #MazalTefla. Pour rappel, d’après l’article 20 du Code de la famille, « le juge de la famille chargé du mariage peut autoriser le mariage du garçon et de la fille avant l’âge de la capacité prévu, à savoir 18 ans, par décision motivée précisant l’intérêt et les motifs justifiant ce mariage, après avoir entendu les parents du mineur ou son représentant légal, et après avoir eu recours à une expertise médicale ou procédé à une enquête sociale ». Concrètement, en 2018, le Ministère de la Justice a enregistré pas moins de 32 104 demandes de mariage d’enfants contre 30 312 en 2006. Entre 2011 et 2018, 85% des demandes de mariages se sont soldées par une autorisation.
A travers #MazalTefla, les deux associations espèrent sensibiliser le public aux dangers des mariages précoces, en faisant appel à des témoignages de victimes et d’expertes, et en mettant en lumière l’état des lieux et les chiffres clés autour du mariage des fillettes, comme l’expliquent les deux organisations. Mais le but est également d’interpeller les pouvoirs publics, les incitant à abroger les articles 20, 21 et 22 du Code de la famille et ainsi à harmoniser la législation avec la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CDE), ratifiée par le Maroc en 1993. Car il y a urgence. Les répercussions de la pandémie de Covid-19 ont fragilisé des familles déjà très précaires… Une augmentation de la déperdition scolaire, et par ricochet, des mariages précoces est redoutée. Mariages précoces qui, pour rappel, entraînent souvent une mise en danger de la vie et de la santé de ces jeunes filles : viols et violences conjugales, infections sexuellement transmissibles, grossesses non désirées, avortements à risque, mortalité maternelle et néonatale,…