Premiers rendez-vous : j’assure !
Ayant expérimenté à ses dépens la fournée de spaghettis peinant à arriver à destination (dans la bouche !) lors d’un premier resto en amoureux, Célibattante a voulu apporter son témoignage crucial dans l’histoire tourmentée des premiers rendezvous. Car elle a également vécu le calvaire de la sauce bolognaise qui dégoulinait concomitamment sur le coin de la lèvre et sur son châle en soie imprimé. Bref, le mythe de la fille la plus chic de Casablanca était bien tombé ! Notre infortunée demoiselle a vite compris pourquoi le bel hidalgo n’arrivait plus à détacher son regard d’elle : une fois jeté un petit regard discret à son miroir de poche, elle a pu noter qu’un magnifique brin de persil coincé entre la prémolaire et la molaire lui faisait le sourire de Jacquouille la Fripouille dans le film “Les visiteurs” ! Horreur et abomination… Inutile de préciser que l’histoire n’a pas vraiment eu de suite, et ce, d’ailleurs, en priorité du fait de Célibattante dont l’ego a très mal supporté cette déchéance culinaire publique ! Depuis, lors de circonstances sophistiquées comme un dîner aux chandelles, Célibattante, qui ne sait décortiquer les crevettes qu’avec les doigts, s’abstient sagement d’en commander… ou de manger un plat riche en ail, pour que le premier baiser ne reste pas un souvenir fort en odeurs. En outre, peu coutumière des stilettos, elle ne s’impose plus cet instrument de torture qui risque de lui faire perdre la face (et tordre la cheville !), au cas où elle buterait sur un obstacle en sortant de la voiture. Exit, pareillement, la chemise en soie étroite qui lui occasionne, stress oblige, de grandes auréoles disgracieuses au niveau des aisselles. Assujettie à la première impression qu’il ne faut surtout pas compromettre, il s’agit donc d’éviter de se mettre dans des situations impossibles, où on n’est ni à l’aise, ni vraiment à son avantage. Surtout qu’à trop vouloir se faire passer pour une autre, on risque de perdre toute la partie. Par exemple, la mollassonne transformée en randonneuse motivée juste pour lui plaire qui, à trois cents mètres de la ligne de départ, se retrouve menacée d’asphyxie précoce ; ou encore l’intello de pacotille, qui prétend passer ses soirées à lire alors qu’elle s’avère incapable de lui livrer en pâture ne serait-ce qu’un nom de bouquin intéressant…
L’intégrale de l’entrée en matière ratée…
â– Vous lui racontez d’entrée de jeu vos déboires avec votre ex et comment vous ne vous coltinerez plus jamais (au grand jamais !), au choix : un mec avec des oursins dans les poches ; un grand benêt à génitrice envahissante ; un fou de travail, geek à ses heures perdues ; etc. Question : et s’il y avait une infime chance pour que ce soit l’homme de votre vie et qu’il ait l’un des défauts précités, êtes-vous disposée à le sacrifier sur l’autel de votre spontanéité maladroite ? Si bêtement ? Un conseil : tant qu’on n’a pas situé le personnage, on ne dévoile pas ses cartes au premier tour de table.
â– Vous lancez un débat houleux sur l’islamophobie dans le monde, ou l’inégalité des salaires hommes-femmes, en vous excitant avec fracas, la voix haut perchée, en prenant faits et armes et en le contredisant systématiquement. Résultat des courses : il se demande dans quel nid de militante agressive il est tombé, et si ce ne serait pas mieux, finalement, de regarder une vraie émission polémiste à la télévision au lieu de s’empoigner symboliquement avec la soi-disant femme (furieuse) de sa vie.
â– Pour meubler la conversation, vous parlez boulot, problèmes au bureau, perspectives de carrière… A la fin, vous pourriez donc bien répondre au dernier quizz en ligne : “Mon collègue de la machine à café peut-il terminer, un jour, en chéri potentiel ?”. Hum… Vu la façon dont le chemin de la séduction a emprunté de retorses voies très sérieuses, on en doute fortement !