Les roues de la fortune

Un vélo. Il n'en fallait pas plus pour sauver des dizaines de filles de la région de Tiznit de l'abandon scolaire. Initiée en 2006 par l'association "Juste pour eux", "Un vélo pour elle" est une opération inédite qui entraîne dans son sillage des milliers d'autres actions similaires. Depuis, ce ne sont pas moins de 200.000 vélos qui ont été distribués dans tout le Maroc. Récit d'une success story.

Tiznit, dans la région d’Agadir.Ici, comme dans d’autres régions du Maroc, rejoindre les bancs de l’école est souvent unluxe, surtout pour les filles.Elles sont déjà peu nombreuses à aller jusqu’au bout des classes primaires,mais quand il s’agit de rejoindre le collège,la tâche se complique davantage.Entre ces deux niveaux, le taux de déperdition scolaire chez les filles atteint en effet 70 %. Ce chiffre est révélateur de leur sort quasiment scellé, notamment dans nos campagnes. “En 2005-2006, et sur 100 filles rurales dans la région de Tiznit qui réussissaient leur dernière année de primaire,seules 30 avaient la chance de rejoindre le collège”, indique Hassan Akhouad, responsable du bureau des activité ssociales à la délégation régionale du ministère de l’Education nationale.Mais ça, c’était en 2006. Car depuis, une action audacieuse et innovante a changé la donne du tout au tout, et nous enregistrons un net recul du taux d’abandon scolaire dans les rangs des filles de la région.

Une idée novatrice

“Un vélo pour elle”, tel est l’intitulé de cette initiative lancée par l’association“Juste pour eux” qui consiste à offrir un vélo aux filles désireuses de continuer leurs études mais qui se voient freinées par l’éloignement des établissements scolaires. “C’est lors d’une visite de prospection de Myriam L’Aouffir, la présidente de l’association, que l’idée est née. C’est l’ancien délégué du ministère de l’Education nationale, Mohamed Laouina, qui a proposé d’offrir des vélos à ces filles afin de faciliter leurs déplacements de la maison au collège”, raconte Hassan. L’idée a plu et à partir de là, tout va s’enchaîner. L’association arrive à nouer un partenariat avec la Fondation Décathlon, qui accepte de financer l’opération et de fournir 200 vélos, soit 100 de plus que ce que l’association espérait.

Sur le terrain et avec l’aide de partenaires locaux, notamment la délégation du ministère de l’Education nationale, 200 filles appartenant à 15 communes rurales de Tiznit sont sélectionnées pour faire partie de cette première opération.“Nous avons organisé des rencontres avec les parents pour les convaincre de l’importance de la scolarisation de leurs filles et de l’accompagnement que l’association leur offrira à travers cette opération, notamment par l’octroide vélos et de fournitures scolaires”, nous explique Hassan Akhouad.

Problème de mentalités

La démarche est assez délicate, car derrière l’abandon scolaire de ces jeunes filles, c’est d’abord un problème dementalités qui se dresse, implacable. La scolarisation des filles de la région est tolérée en primaire, puis celles-ci sont obligées de quitter l’école. En cause, les collèges souvent éloignés des douars.Les filles se retrouvent obligées de faire des kilomètres à pied pour aller en classe,ou en internat. Et c’est là que le bât blesse. “Ce n’est pas un problème de moyens et encore moins d’absence d’internats,puisque Tiznit est la région qui compte le plus de maisons d’étudiants au Maroc”,confie Hassan. “C’est surtout une question de mentalités. Les filles ne peuvent pas passer la nuit en dehors de la maison familiale. En plus, cette situation ne concerne pas uniquement les filles qui habitent très loin des établissements scolaires,mais aussi celles qui n’ont que trois ou quatre kilomètres à parcourir”.

La proposition de “Juste pour eux”, de donner à ces filles des vélos pour faciliter leurs déplacements était certes une excellente idée, mais ce n’était pas gagné d’avance : “Au-delà de la volonté des parents d’envoyer leurs filles à l’école ou pas, on s’est aussi heurtés au rejet de leur part de voir leurs filles monter sur un vélo, par conservatisme.D’où l’intérêt de ce projet qui a largement contribué à l’évolution des mentalités”.Depuis, le changement est très palpable.On enregistre actuellement, grâce au travail de plusieurs associations oeuvrant dans ce sens, un taux de déperdition scolairede 23 % lors du passage du primaire au collège. L’évolution est de taille.

Ça roule !

Le premier vélo a été distribué au Maroc en octobre 2006, à l’initiative de l’association“Juste pour eux”. C’est la première fois que ce moyen est employé pour la lutte contre la déperdition scolaire”, indique fièrement Hassan Akhaoud, qui participe à la mise en place de cette opération depuis ses balbutiements. Et depuis, ça roule ! A tel point que d’autres association sont emboîté le pas à “Juste poureux”, démontrant par la même occasion le succès de ce projet novateur à tous points de vue. Il est devenu un programme de référence qui a entraîné un effet multiplicateur dans la région, mais aussi à travers le Maroc. Depuis 2006, pas moins de 200.000 vélos ont été distribués dans tout le Royaume, que ce soit àl’initiative d’autres associations, du ministère de l’Education nationale ou encore de l’Initiative Nationale pour le Développement Humain. Le vélo est officiellement intégré comme un instrument de lutte contre l’abandon scolaire, de protection de l'environnement et de promotion de la santé.Mais l’opération “Un vélo pour elle” va plus loin. La particularité de ce projet réside en effet dans le suivi qui a été effectué auprès des bénéficiaires. On surveille ainsi leur scolarité et on encourage les plus brillantes. Des événements collectifs sont également organisés, notamment des concours et des campus,mais aussi un atelier de réparation des vélos monté par la Fondation Décathlon.D’autres actions sont par ailleurs venuesse greffer, comme la mise en place de 15 bibliothèques scolaires dans les collèges de la région.Une confiance s’est instaurée entre les parents et l’association. Et les filles, une fois leur brevet en poche, ont même pu continuer leurs études secondaires. “Juste pour eux” a en effet aidé ces élèves,brillantes pour la plupart, à intégrer les lycées. Certaines ont pu obtenir une bourse d’études, quelques-unes ont été installées dans des internats, alors que les autres ont reçu de nouveaux vélos 

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