Les féministes rappellent le gouvernement à l’ordre !

En nommant une seule femme sur 31 membres du gouvernement, la représentativité féminine a été quasiment sacrifiée. Le recul est flagrant, alors que la nouvelle constitution avait laissé entrevoir l'espoir de consolider la parité. Face à cette "injustice", les féministes multiplient les sorties.

Levée de boucliers de la société civile suite à la faible représentation des femmes au sein du gouvernement. Depuis la mise en place du nouvel exécutif, qui ne compte qu’une seule et unique femme ministre sur 31 membres, les réactions fusent. Les associations féministes n’ont pas attendu longtemps avant de bombarder le nouveau chef du gouvernement de missives indignées. Dans une lettre ouverte à Abdelilah Benkirane et aux responsables des partis politiques, une vingtaine d’associations, de femmes notamment, ont ainsi “dénoncé avec vigueur et détermination la quasi absence de la femme dans le gouvernement actuel». Les signataires de cette lettre, initiée par l’association Women’s Tribune, n’ont pas manqué d’exprimer leur totale désapprobation suite à l’annonce de la formation gouvernementale, qui a “déçu tous les espoirs portés par l’adoption de la nouvelle constitution”. Elles ont par la suite appelé le chef du gouvernement, conformément aux dispositions de la constitution et à ses promesses, à “corriger cette injustice et à prendre les mesures nécessaires à même d’assurer une meilleure représentativité de la citoyenne marocaine dans tous les organes élus”. Car, estiment-elles, l’élément féminin doit être pris en considération, à compétence égale avec l’homme, dans les prochaines nominations, à tous les niveaux, et à toutes les échelles de l’administration publique. Le plaidoyer des féministes se réfère à l’article 19 de la constitution, qui stipule clairement que “l’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental”. L’article 30 de ce même texte appelle aussi l’Etat à faciliter la mise en œuvre de cette parité au moyen de mécanismes.

C’est ça, la démocratie ? 

“C’est une régression historique”, s’indigne pour sa part la militante Khadija Rebbah,coordinatrice du Mouvement pour la démocratie paritaire. Mouvement qui regroupe quelque mille associations à travers le Maroc et qui aiguise d’ores et déjà les armes pour continuer sa lutte. Quelques centaines de ses militant escampaient d’ailleurs en face du Parlement, au moment même où Benkirane présentait sa déclaration gouvernementale à l’intérieur du bâtiment. “C’est un sit-in symbolique qui intervient comme la suite logique de tout un travail effectué en amont. Nous avons effectivement envoyé une lettre ouverte au chef du gouvernement avant que celui-ci ne soit constitué, afin de lui rappeler FEMME S DU MAROC | F ÉVR I E R 2 0 1 2 61les dispositions de la nouvelle constitution. Par la suite, et au lendemain de la mise en place du gouvernement, nous avons envoyé une deuxième lettre dans laquelle nous précisions que le fait de ne nommer qu’une seule femme ministre est anticonstitutionnel”,tient-elle à rappeler. “Une femme = 1. UN homme = 30. C’est ça la démocratie ?”, les slogans ne manquaient pas de virulence pour protester contre la faible représentativité féminine au gouvernement. Le même élan d’indignation a poussé les femmes députées à mener une sortie médiatique qui a particulièrement marqué les esprits. Ainsi, au moment de démarrer son discours, Abdelilah Benkirane a eu droit à des pancartes brandies par des élues, appartenant aussi bien à l’opposition qu’à la majorité, sur lesquelles était écrit “Où est l’article 19 ? Où est la parité ?”.Nouzha Skalli, députée du Parti du Progrès et du Socialisme faisant partie de la majorité, a été parmi les meneurs de cette initiative. Même Bassima Haqqaoui, unique visage féminin du gouvernement, n’a pas pu réprimer l’envie d’applaudir.

Ce que prévoit Benkirane

Ce jour-là, les citoyens et les citoyenne sont pu prendre connaissance des grandes lignes de l’action gouvernementale du prochain mandat qui, entre autres champs prioritaires, se penche sur la question de la femme et de la parité. Encouragement de la participation féminine dans divers domaines, dynamisation du fonds d’entraide familiale, soutien de la stabilité familiale des veuves et des femmes en situation précaire, encouragement d’un système provisoire de discrimination positive favorable aux femme sen termes de nomination et de désignation aux postes à responsabilité, promotion de la culture des droits et des libertés respectant la dignité des femmes…,les axes de l’action gouvernementale dans le volet de la femme sont nombreux. Mais ce n’est pas assez, tranchent d’emblée les féministes. “Le programme n’a pas mis en exergue l’approche genre. La partie consacrée à la femme ne fait que consolider son rôle reproductif et néglige totalement son rôle productif”, martèle Khadija Rebbah .Pour elle, le programme du gouvernement Benkirane constitue, sur plusieurs volets, une continuité des programmes du gouvernement précédent, sauf en ce qui concerne l’Agenda pour l’égalité 2011-2015, initié par l’ancienne ministre de la Famille, Nouzha Skalli. “Cet oubli ne peut-être justifié que par le manque de volonté et le désaccord du PJD avec cette feuille de route», insiste la coordinatrice du Mouvement pour la démocratie paritaire.

L’ultime recours

Une chose est sûre, nos féministes promettent de ne pas baisser les bras pour autant. Des voix se sont même élevées pour réclamer le remaniement de ce gouvernement fraîchement nommé en faveur d’une meilleure représentativité féminine. Certes, les chances pour que ce souhait se réalise sont infimes, mais les militantes poursuivent leur combat. Elles comptent présenter un mémorandum aux chefs des huit groupes parlementaires, «qui sont d’ailleurs tous des hommes», ironise Mme Rebbah. Le Mouvement pour la démocratie paritaire y clarifie sa demande par rapport au programme du gouvernement, qui devrait prendre en considération l’Agenda pour l’égalité. Selon Khadija Rebbah, “nous enregistrons aujourd’hui un grand retour en arrière qui met en jeu toutes les avancées réalisées jusque-là en matière de droits des femmes. Les seules mesures volontaristes ne suffisent pas pour garantir la parité. Le seul moyen d’y parvenir est de mettre en place des lois, sans lesquelles nous continuerons à avoir une présence réduite à tous les niveaux”. â– 

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