C’est une série de chiffres qui ne peuvent qu’interpeller. D’après les nouvelles données de l’Enquête Nationale sur l’Emploi dévoilé par le Haut-commissariat au plan (HCP), 247 000 enfants âgés entre 7 et 17 ans ont exercé un travail en 2017 au Maroc. Pire encore, pour 162 000 d’entre eux, leur travail revêt un caractère dangereux. Parmi eux, 31 000 filles. Autres chiffres déconcertants : 10,6% des mineurs exerçant un travail dangereux sont en cours de scolarisation, 81,4% ont quitté l’école et 8% ne l’ont jamais fréquentée… Mais dans quel domaine travaillent-ils ? Dans le BTP, l’industrie y compris l’artisanat, les services mais aussi dans l’agriculture et la pêche. Et dans quelles parties du Maroc ? 70% d’entre eux se trouvent dans la région de Casablanca-Settat (25,3%), suivies de Marrakech-Safi (20,3%), Rabat-Salé-Kénitra (12,7%) et Fès-Meknès (11,7%). En milieu rural, 73,3% des enfants qui exercent un travail dangereux ont le statut d’ « aides familiales » et 19,6% « salariés ». En milieu urbain, 43% sont « salariés », 34,6% « apprentis » et 18,8% « aides familiales ».
Pour rappel, le Maroc a ratifié différentes conventions de l’OIT (Organisation internationale du travail) notamment la n°138 « sur l’âge minimum d’admission à l’emploi », et la n°182 concernant « l’interdiction des pires formes de travail des enfants et l’action immédiate en vue de leur élimination ». La Constitution de 2011 stipule également que l’Etat « assure une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale » et la loi n° 19.12 sur les travailleurs domestiques interdit d’employer des mineurs de moins de 16 ans et fixe une période transitoire de 5 ans, à partir de la date d’entrée en vigueur de la loi, avant que les domestiques âgés entre 16 et 18 ans ne soient plus du tout employables… D’ici là, une simple autorisation écrite suffit même si ces enfants ne doivent légalement pas faire certains travaux…