Le Maroc sans nucléaire ?

A l'heure où l'Allemagne et la Suisse annoncent leur désengagement du nucléaire, les assises de l'énergie se sont tenues à Oujda sans que ce sujet, pourtant d'actualité, ne soit abordé. Discussion à bâtons rompus avec Mehdi Alaoui Mdaghri, président de Planète Citoyenne et organisateur du premier débat national sur la question du nucléaire au Maroc...

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DM : L’économie marocaine peut-elle se développer sans passer par le nucléaire ?

Mehdi Alaoui Mdaghri : Tout d’abord, il faut savoir qu’aujourd’hui on ne peut pas fonctionner qu’avec du nucléaire. Tous les pays utilisent d’ailleurs ce qu’on appelle le mix énergétique. L’Allemagne, qui se désengage d’ici 2022 du nucléaire, va donc être obligée de faire appel à des importations d’énergies qui proviendront parfois du nucléaire. Elle sera également contrainte d’intensifier les efforts d’extraction de charbon et de houille pour pouvoir répondre à la demande énergétique intérieure. Inutile de dire que cela s’avèrera très polluant car le nucléaire présente tout de même de nombreux avantages… C’est une énergie propre, qui ne produit pas d’émissions de CO2 et qui ne contribue

pas au réchauffement climatique. Alors quels sont les dangers présentés par le nucléaire ? Le problème qui se pose dans le cas du nucléaire est un problème environnemental car, à l’heure actuelle, on ne sait pas du tout quoi faire des déchets nucléaires. Il y a quelque temps, on pensait encore que l’enterrement de ces déchets à plus de 400 mètres de profondeur dans le sol était une panacée, mais il a été prouvé depuis qu’en raison du mouvement des plaques tectoniques, ces déchets hautement toxiques pouvaient être amenés à ressurgir. Y a-t-il un développement économique à attendre de l’option nucléaire ? Peut-être. Mais il y a aussi des inconvénients économiques à prévoir car nous

n’avons ni industrie nucléaire, ni recherche dans ce domaine-là et nous serons obligés d’acheter et d’importer du matériel et de l’expertise. Cela ne fera que creuser davantage la balance commerciale marocaine. Il est question d’énormes investissements, de marchés qui seront donnés à des sociétés étrangères et qui ne créeront pas particulièrement d’emplois au Maroc.

“NOS INFRASTRUCTURES NE SONT PAS AU POINT

POUR FAIRE FACE À UNE CRISE NUCLÉAIRE.”

Quelle est la position adoptée par l’Etat marocain face au nucléaire ?

Sa position est claire et nous saluons les efforts de l’Etat dans ce domaine. Les investisseurs se bousculent au portillon pour  pouvoir produire de l’énergie au Maroc à partir du solaire, du  hermodynamique et du photovoltaïque. L’Etat investit massivement dans les énergies renouvelables,

mais affiche aussi clairement son projet de les combiner avec l’énergie nucléaire. Quels sont les besoins de la population couverts par le nucléaire ? Ce qui a été annoncé par Amina Benkhadra est que le nucléaire couvrira 7 à 8 % de nos besoins d’ici 2020. Le reste est assuré par un mix énergétique composé de pétrole, énergie renouvelable, charbon, etc… N’est-ce pas dangereux de se lancer dans le nucléaire quand on sait que le Maroc est une zone à risque sujette aux tsunamis et aux tremblements de terre ? Oui, et c’est un risque d’autant plus réel que nous en avons fait l’expérience dans les années 60 avec le tremblement de terre d’Agadir. Le Maroc compte 3500 km de côtes et se situe près d’une faille sismique importante. Le risque est donc là, bien présent… Nous avons été complètement dépassés lors des fortes pluies de cet hiver qui ont provoqué d’importantes inondations à Casablanca. Nous le savons désormais, nos infrastructures ne sont pas au point et nous ne sommes pas capables de faire face à une crise de ce type-là. Le Japon, qui est l’un des pays les plus développés au monde, a eu d’énormes difficultés à contenir le problème nucléaire et à gérer cette crise. Le ministère de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement n’a pas assisté à

votre débat. Pourquoi ? Le ministère a décidé d’annuler sa participation à ce débat et a évoqué, en guise d’explication, la position trop tranchée à son goût du collectif “Maroc Solaire, Maroc Sans Nucléaire” et sa crainte que le débat ne soit trop orienté. Nous trouvons cela très dommage et nous y voyons la volonté d’en dire le moins possible sur ce sujet pour le moment.

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