FDM : Est-ce la première fois que vous visitez le Maroc ?
Renato Balestra : Absolument pas. J’ai déjà visité le Maroc à plusieurs reprises. Je viens d’ailleurs ici très régulièrement depuis des années. J’adore votre pays que j’ai parcouru de long en large. Toutes les
villes sont fascinantes mais Marrakech est de loin celle que je préfère. C’est une cité qui a une magie très particulière. Et puis les Marocains aussi sont des gens très fascinants. Ils sont faciles à vivre, sociables et tellement accueillants.
Vous connaissez donc certainement le caftan. Que vous inspire ce costume traditionnel ?
Je connais effectivement votre costume traditionnel que j’aime d’ailleurs beaucoup. Je trouve le caftan très féminin et très sexy. C’est une tenue très belle, qu’elle soit simple ou plus élaborée. Et puis les couleurs sont tellement magnifiques ! Les émotions sont souvent source d’inspiration. Toute chose qui me donne des émotions m’inspire automatiquement. Je suis très sensible à l’art, aux couleurs, à la musique, à la peinture et à la culture en général. Pour moi tout peut être source d’émoi. Et le Maroc a tellement de sensations à donner ! Vous avez une civilisation séculaire. Votre culture est très riche et votre architecture remarquable. Je pense que les Marocains sont des artistes talentueux. Et donc forcément, je suis inspiré par toute leur créativité.
Vous êtes l’invité d’honneur de Caftan. Qu’est-ce qui vous a poussé à faire partie de cette aventure ?
Laissez-moi d’abord vous confier une chose: les organisateurs m’ont sollicité d’une manière tellement agréable et tellement gentille que je n’aurais certainement pas pu refuser cette invitation. Et puis j’adore le
Maroc et plus spécifiquement Marrakech. Cela faisait également un bon bout de temps que je n’étais pas revenu dans votre pays. J’étais très pris par mes voyages entre Paris et les Etats-Unis. J’avais finalement
très envie de revenir à ce pays que j’aime tant et où je compte beaucoup d’amis. Certains ont même des maisons et des riads ici où ils viennent régulièrement. Et je suis apparemment le premier créateur italien à
participer à ce grand événement marocain de la mode puisqu’il s’agissait toujours de designers français. Alors pourquoi ne pas relever ce challenge (rires) ?
Le caftan peut-il vous inspirer pour vos créations ?
Pourquoi pas ? J’ai d’ailleurs déjà créé plusieurs robes inspirées du caftan marocain. Cela remonte à six ou sept ans. A cette époque, j’étais fortement imprégné de culture marocaine, d’architecture aussi. Je
venais ici très souvent. J’avais même été invité au mariage des filles de Feu S.M. le Roi Hassan II. Je me rappelle très bien de cette collection inspirée par votre pays. Peut-être y en aura-t-il d’autres encore. Qui sait ?
Quelles sont les autres sources d’inspiration qui marquent vos collections ?
Cela dépend des collections. Mais aussi de mes propres émotions. Si quelque chose me marque, j’essaie de le retranscrire dans mes créations. Je n’aime pas la mode extrême. Je préfère de loin l’élégance et la féminité. J’aime en fait rendre les femmes, et les hommes également, aussi beaux que possible. Je n’aime pas dessiner des modèles qui choquent. J’ai une préférence pour tout ce qui est glamour, et les stars que j’habille sont contentes de retrouver cette caractéristique dans mes créations. Il fut une époque où la mode était devenue tellement dépouillée, tellement terne. Mais pour moi, l’essentiel a toujours été de créer de belles tenues féminines dans de belles matières.
Quelles sont vos matières et vos couleurs fétiches ?
J’utilise toujours des tissus fluides parce que j’aime que mes robes suivent le mouvement du corps, qu’elles soient sexy et ultra-féminines. Les couleurs sont aussi très importantes dans mes créations. On
me surnomme d’ailleurs “le peintre de la mode” parce que j’adore combiner les nuances les plus inhabituelles. J’ai aussi créé une nuance de bleu qui m’est propre et qu’on surnomme le “bleu Balestra”.
C’est une couleur très riche et très lumineuse que j’utilise souvent. Je suis d’ailleurs moi-même souvent habillé en bleu, à tel point qu’on me surnomme en Italie “the man in blue”.
Verra-t-on une tenue bleue parmi celles qui défileront à Caftan ?
Probablement. Mais je dois vous avouer que c’est ma fille qui a veillé au choix des robes qui défileront samedi. J’étais très pris au Etats-Unis ces derniers temps. En fait je viens tout juste de rentrer de Los
Angeles où j’ai organisé deux événements grandioses. J’ai notamment monté une exposition intitulée “La mode est culture”. Ce spectacle est une rétrospective qui met en avant quelque deux cents de mes croquis, dont certains de mes modèles de haute couture les plus importants, ainsi que des costumes réalisés pour des spectacles de music-hall et d’opéra tels que Cendrillon, Le Chevalier à la Rose, la Cendrillon
pour l'Asie et l’Amérique latine. Une semaine plus tard, j’ai organisé un gala très attendu et plein de surprises. Tapis rouge et stars hollywoodiennes étaient au rendez-vous. C’était un show exceptionnel où mes modèles étaient à l’honneur et où j’ai projeté des images de l’Italie accompagnées d’une musique qui
était en fait une symbiose entre sons modernes et opéra. J’ai terminé par un hommage à l’Italie et aux Etats-Unis.
Quels sont les produits-phares de la maison Balestra ?
J’ai commencé par faire des collections de prêt-à-porter. Depuis, la maison Balestra s’est beaucoup diversifiée. Actuellement, il existe près d’une trentaine de lignes différentes: des lignes pour femmes, pour hommes, des parfums, de la lingerie, des chaussures, des lunettes, des articles de décoration… On m’a également demandé de faire des lignes plus abordables et plus diversifiées et ce fut un succès. C’est la
raison pour laquelle on continue de créer davantage de lignes.