Notre société de plus en plus connectée a accouché d’un groupe d’ « indigènes » qui se veut anticonformiste. Mais pourquoi les labelliser ainsi ? Ne sont-ils pas de simples amoureux de la vie et des êtres qui combattent simplement pour les choses qu’ils aiment ? Ce sentiment de désobéissance te fait croire que tu es diffèrent et même anormal. C’est justement cet environnement dans lequel tu baignes qui t’impose sans vraiment t’imposer les conventions morales à laquelle ta société est attachée. Bref, tu n’es pas au diapason. C’est ou tu suis le flot et tu « vis » ta vie paisiblement, ou tu nages à contre-courant, mais là, tu t’en prends plein la figure. Si toi aussi tu es en train de boire la tasse, welcome to the club !
Mais c’est quoi un anticonformiste ?
Google tente de donner une ébauche de définition : « Qu’il soit vestimentaire, comportemental, culturel, politique, artistique, économique ou encore religieux, l’anticonformisme se résume à une forme de revendication affichée plus ou moins ouvertement, visant à contester l’ordre établi. Il s’appuie sur une volonté forte de liberté individuelle. Ne pas entrer dans les cases préétablies d’un système idéologique, contourner les conventions sociales, normes et formules prémâchées imposées par la société, voilà le cheval de bataille de l’anticonformiste.». En gros, refuser d’être moutonnier !
Anticonformiste, créatif, excentrique : oui. Malade : non !
La créativité et l’anticonformisme vont de pair. Les idées jaillissent de la transgression de la pensée unique et normée. Pour résumer, la clef du succès pour ce type de profil est de ne surtout pas suivre la norme. Bourrage de crâne et lavage de cerveau ne menacent pas l’anticonformiste, sous peine de le voir échouer et même déprimer. Alors à quoi bon se mettre dans un état pareil ? Si tu as des envies, une vocation, une passion, suis-la !
Conformisme : passage obligatoire ?
En fait, être « conforme », ça n’insinuerait pas une forme de lâcheté, un refus d’accepter sa différence pour avoir la reconnaissance de l’autre ? La peur d’être différent et d’être jugé, ne seraient-ils pas le frein principal à la « libéralisation » de notre société ? Être un cadre haut placé, se marier jeune (attention toutefois à ne pas dépasser les 25 ans sinon tu subiras la pression de tout un peuple), vivre dans une belle villa sur les collines d’Anfa Sup, on en rêve tous ! Mais à quel prix ? Ce coup de gong qui signale la fin prématurée d’une « jeunesse » et qui t’arrache aux turpitudes de la vingtaine te fait croire que tu as loupé ton train, comme dirait la fameuse expression arabe. Le train d’une vie paisible et surtout « normale ». Est-ce vraiment la vie dont nous rêvons ? Peut-être que tu te plies à ces conformités sociales pour échapper aux médisances de l’entourage, je dis bien peut-être. La reconnaissance de l’autre fait-elle réellement ton bonheur ?
Le Maroc a besoin de créativité
Cite-moi des noms de chanteurs marocains que t’écoute sur ton iPod, des bouquins d’écrivains marocains que tu lis, les marques de stylistes marocains que tu portes, des humoristes marocains qui te font marrer ou encore le noms des start-up marocaines qui ont percé à l’international. Le constat est alarmant : les « créatifs » marocains se comptent sur le bout des doigts, c’est un fait. La société standardisée a fait de nous des individus obéissants qui se posent le moins de questions possibles. On se conforme et on suit le courant pour être « tranquilles ». En fait, on a tout simplement oublié que la libre pensée était une option. Mais quels sont les dégâts occasionnés par un tel formatage ? L’identité du Marocain est en crise car il ne sait plus très bien qui il est, ni ce qu’il veut vraiment être, une simple poupée dans ce théâtre de marionnettes qu’est l’humanité.
Certains d’entre nous ont déjà sauté le pas mais à quand ton tour ? Oppression sociale, manque d’encouragement, crainte du rejet, peur d’être cet ovni prolifique, c’est ça ce qui te fait réellement peur ?