Tout y est. Un jeu d’ombre et de lumière, du noir et blanc, ainsi que le cœur et les artères de Casablanca. Le photographe Lorenzo Salemi a capturé l’âme de cette mégalopole en pleine période de confinement. Dans les ruelles et avenues, une atmosphère sereine flotte, habituellement perturbée par les aléas du trafic routiers et les vas-et-vient des travailleurs journaliers. A travers ses clichés, Lorenzo Salemi nous invite à (re)découvrir la mal aimée du Maroc pour mieux apprécier chaque recoin de son corps. Une exposition est prévue fin juin (si le déconfinement le permet) au Sofitel Tour Blanche et l’intégralité des bénéfices tirés de ses œuvres reviendra aux associations et personnes dans le besoin.
Qu’est-ce qui vous a poussé à arpenter et immortaliser les rues de Casablanca durant le confinement ?
Le déclic est venu de deux de mes amis, un à Marseille et l’autre à Turin, qui étaient en train de réaliser un reportage sur le confinement. Cela m’a inspiré. Pourquoi ne pas en faire un ici, d’autant plus que Casablanca est une ville que j’affectionne particulièrement. C’est ma ville natale, ma ville de cœur qui a accueilli mon grand-père en 1904. J’ai ainsi remonté le temps et je suis parti dans le quartier où se trouvait le garage familial. De fil en aiguille, j’ai vagué dans les ruelles de Casablanca avec mon appareil photo dans les mains et immortalisé les lieux emblématiques, mais pas que.
Qu’avez-vous découvert ?
J’ai découvert une autre ambiance de Casablanca : un silence assourdissant, une architecture richissime et une vie fascinante. La ville m’a captivée jusqu’à m’embarquer dans d’autres quartiers périphériques comme Sidi Othmane et Sidi Moumen.
Quel cliché symbolise le mieux votre « Casablanca confinée » ?
Je dirai une ombre prise à 6h30 au rond-point de Mers Sultan ou encore les grands buildings des boulevards Zertouni et des Phares dont le reflet de leurs vitres s’écrase sur le trottoir, donnant l’impression que ce sont des projecteurs qui éclairent le noir du bitume. Ce sont des images fortes et graphiques.
Durant le confinement, avez-vous eu des difficultés à prendre des photos ?
J’avoue qu’au début du confinement, ce n’était pas évident pour moi car une certaine peur régnait. N’oubliez pas que mi-mars, on ne savait encore très peu de choses sur le Coronavirus. Puis, je me suis laissé emporter. A chacune de mes prises de vue, j’ai essayé d’éviter de prendre le visage des gens à leur insu. J’ai préféré les ombres ou les plans larges capturés à l’aube ou en fin de journée.
Pourquoi avez-vous eu envie de faire de votre reportage une action solidaire ?
A la base, il n’y avait pas de projet. Petit à petit, il a pris une autre ampleur et je l’ai baptisé Photo Action pour Casablanca. J’ai vu la population et les conditions dans lesquelles elle vit. Au vu du nombre de clichés pris, faire une exposition devenait une évidence tout comme reverser les bénéfices des ventes des tirages à venir aux associations et personnes dans le besoin. J’ai également souhaité que Photo Action pour Casablanca soit un appel et une bonne occasion pour donner et recevoir des images d’auteur. Il faut voir grand pour cette action solidaire qui je l’espère va sincèrement remporter un vif succès.