La tentation du clic

Cyber sexualité, infidélité par écrans interposés, addictions... Le Maroc, qui compte plus de sept millions d'internautes, connaît une envolée des pathologies liées à l'utilisation de la Toile. Une étude marocaine sur "Internet et ses dérives" vient d'être menée par une équipe de psychologues, sous la houlette du Pr Nadia Kadiri. Elle établit un état des lieux chiffré du phénomène. Prêts à vous connecter ?.

C’est connu, les internautes marocains sont fans de sexe. Selon Google Trends, outil statistique du célèbre moteur de recherche, le Maroc figure au top 10 des pays où les internautes s’intéressent le plus aux requêtes érotiques. La requête “vidéo X” place par exemple le Maroc à la 3ème position mondiale, après l’Algérie et la France. Sur la requête “sexe”, le Maroc arrive en 5èmeposition mondiale. Edifiant, mais pas si surprenant finalement ! Internet a bel et bien fait sauter les verrous face au sexe, au Maroc comme partout ailleurs. Mais est-ce suffisant pour cataloguer les internautes marocains d’“accros” à la cyber sexualité? Si jusque-là les chiffres manquaient pour établir un diagnostic fiable, une première étude marocaine, menée par une équipe de psychologues confirmés, vient de sonder le phénomène. Accrochez-vous, car les résultats sont parfois surprenants…

Cyber sexualité en chiffres 

Actuellement, le Maroc compte plus de sept millions d’internautes. Ils seront plus de 13 millions en 2012. Devant cette explosion de l’utilisation d’Internet dans notre société et le vide statistique qui l’entoure, le professeur Nadia Kadiri et son équipe, composée du Dr Roquia Benjelloun, du Dr Imane Kendili et du Dr Adil Khoubila, ont trouvé judicieux de pallier ce manque à travers une étude de grande envergure. Les objectifs du volet concernant la sexualité étaient de faire un tri des pratiques sexuelles dans la réalité et sur le Web, de reconnaître les pratiques à risque ainsi que les troubles liés à la cyber sexualité. L’étude, qui a pour objectif d’établir un état des lieux des dérives liées à l’utilisation d’Internet au Maroc, a concerné un échantillon de 1.500 personnes. Selon les résultats préliminaires de cette étude, 31 %des personnes interrogées ont déjà visionné du matériel sexuel sur Internet,26 % allument leur webcam pendant le chat, 23 % des rencontres sur le Web aboutissent à une rencontre dans la réalité 12 % à une relation sexuelle ; 18 %ont le sentiment d’avoir été agressés sexuellement sur Internet et 36 % pensent qu’ils sont en insécurité sur la Toile. D’autres éléments sont encore plus inquiétants. L’étude révèle en effet que 50 %des garçons interviewés qui ont entre 15 et20 ans se sont déjà déshabillés devant une webcam, contre 37,5 % des filles. Elle dévoile par ailleurs que 42,9 % des garçons interrogés, âgés entre 12 et 14 ans, se sont déjà déshabillés devant une webcam, contre 30,8 % des filles. Face à la propagation de telles conduites, il devient évident qu’Internet est bel et bien porteur de nouvelles dérives. Avec toutes les possibilités de rencontres, cette sensation d’anonymat et de sécurité qu’il offre, il est clair qu’Internet est en phase de transformer les comportements sexuels des Marocains.

“SELON L’ÉTUDE, 7,6 % DES PERSONNESINTERROGÉES ONT EU DES RELATIONS SURINTERNET À L’INSU DE LEUR CONJOINT.”

Internet en toute infidélité

Ce qui n’est au départ vécu que comme une simple curiosité virtuelle, peut rapidement devenir une véritable obsession  et avoir des conséquences néfastes dans plusieurs sphères de la vie réelle.

La sphère du couple est parmi celles qui en souffrent le plus. L’avènement d’Internet a en effet été à l’origine de nouvelles formes de relations extra-conjugales, avec des conséquences parfois catastrophiques sur le couple. La cyber-infidélité peut en effet constituer un facteur de séparation ou de divorce dans certains cas. Selon l’étude, 7,6 % des personnes interrogées ont eu des relations sur Internet à l’insu de leur partenaire. Par ailleurs,6,7 % l’ont fait malgré le désaccord de leur partenaire et 9,2 % affirment que cela a constitué une source de conflits dans le couple. On continue malgré tout à entretenir ce genre de relations, car dans 6,7 %des cas, il s’agit d’une échappatoire aux problèmes de couple, sans parler du plaisir sexuel que procurent ces cyber-relations(dans 5,7 % des cas).Mais au-delà des relations extra-conjugales, Internet peut aussi engendrer d’autres problèmes de comportements sexuels, comme celui de passer des heures à surfer sur les sites pornographiques, par exemple. Il convient, certes, de ne pas généraliser et de ne pas être alarmiste. Chaque fois qu’un partenaire du couple souhaite utiliser de la pornographie sur la Toile, il ne s’agit pas nécessairement de dépendance ou d’un comportement pathologique. La consommation de cyber-pornographie peut ne pas être problématique. C’est surtout la consommation excessive qui comporte des risques de dépendance. Il est ainsi bon à savoir que l’addict utilise généralement les ressources d’Internet pour visionner du matériel porno graphique, échanger sexuellement avec d’autres personnes, avec ou sans passage à l’acte, ou s’inventer une identité sexuelle. C’est la sensation d’anonymat, de sécurité et d’impunité qui facilite l’excitation.

Le spectre de l’addiction

Le réseau mondial est décidément un terrain propice à toutes les dérives. Celle de l’addiction encore plus que les autres. Les internautes sont en effet susceptibles de développer un comportement addictif à Internet, d’autant plus que c’est un espace qui propose une offre riche et diversifiée, une facilité et une instantanéité d’accès, un anonymat et surtout, pour certains, un moyen d’acceptation sociale. Le spectre de l’addiction n’est donc jamais loin et à ce titre, l’étude du Pr Kadiri et de ses collaborateurs revêt une importance capitale puisqu’elle s’est particulièrement penchée sur le phénomène de l’usage excessif du Web. L’étude indique ainsi que 54,2 % des personnes sondées passent entre une et trois heures par jour sur Internet, 16,5 % ont une durée de connexion de 3 à 8 heures par jour, alors que 3,3 % passent plus de 8heures devant leur ordinateur quotidiennement. Pour les moins de 18 ans, l’étude révèle que 44 % des sujets interrogés passent entre 30 et 70 heures par semaine connectés à Internet ; alors que pour les plus de 18 ans, la proportion s’élève à 48 %.Pour ce qui est de la fréquence de la connexion, 75,6 % des personnes son déesse connectent le plus souvent le soir et64,9 % à des sites de discussion en ligne. L’étude révèle par ailleurs que 13,2 % des internautes interrogés passent 12 heures d’affilée connectés à Internet et seraient donc considérés comme dépendants. Une addiction à Internet qui, même si elle n’est pas considérée comme une maladie au sens commun du terme, provoque néanmoins un isolement et un repli social aux conséquences parfois dramatiques. Autre chiffre particulièrement révélateur: 57,8 % des personnes interrogées ne peuvent pas se passer d’Internet. Alors à quel moment confirmer l’addiction ?Les spécialistes sont loin d’être un animes. La frontière entre la dépendance au sens propre et la simple consommation abusive, relativement habituelle chez les adolescents et les jeunes en général, est en effet très mince. Quoiqu’il en soit, cette première étude est une excellente plateforme pour les spécialistes afin de situer le Maroc à l’échelle mondiale du phénomène. C’est aussi un excellent prétexte pour tirer la sonnette d’alarme quant aux dérives parfois insoupçonnées d’Internet. A bon entendeur… â– 

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