La rue, un enfer pour les femmes ?

L’espace public est conçu par les hommes pour les hommes. Cette vérité est largement attestée par les faits et par les chiffres officiels des agressions à perpétrées dans la rue l’encontre des femmes.

Dans la rue, les femmes ne sont pas libres. Sujettes aux regards importuns, aux commentaires déplacés, aux attouchements, voire même aux agressions physiques, elles vivent des moments de grande solitude et de vulnérabilité. Car, ne nous leurrons pas, les femmes sont à peine tolérées dans l’espace public, lieu d’expression par excellence de la virilité et de la domination masculines.

En fait, la rue a un genre, et celui-là ne joue pas en faveur des femmes. Celles-ci ne sont pas exclues de la rue, mais c’est leur liberté de s’y mouvoir qui est entravée. Obligée d’adapter un comportement de circonstances : tête baissée, pas rapides, attitudes pudiques…, la femme est incitée à entrer dans un moule stéréotypé.

Les solutions ségrégationnistes préconisant aux femmes de rester entre elles par mesure de sécurité envoient des messages assez graves, car suggérant que les hommes sont des êtres sauvages, incontrôlables qu’il vaudra mieux éviter

La mixité sociale apparente cache en vérité un profond malaise propre à une société qui a connu beaucoup de mutations sans pour autant accompagner ces changements d’une éducation à l’égalité des sexes dans les représentations féminines et masculines chez le citoyen. Dans ce contexte, la femme est diabolisée. C’est dire que l’espace public est accessible aux femmes, mais sous certaines conditions. 

L’idée de penser l’espace public de façon à ce que les femmes s’y sentent en sécurité est une priorité. Aussi, pour que nos villes ne soient plus misogynes (lire pages 50), il est essentiel d’appréhender l’espace urbain de façon différente, en associant à cette réflexion des architectes-urbanistes sensibles à l’approche genre.

La protection des femmes dans l’espace public est un projet de société de longue haleine, car si une loi protégeant les femmes contre les violences a enfin vu le jour, reste à la voir confrontée à notre réalité, et surtout à la prise de conscience des hommes. 

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interview de Soumaya Naâmane Guessous, sociologue

Les espaces publics, tels qu’ils sont conçus, respectent-ils la spécificité des femmes et leur permettent-ils de jouir pleinement de leurs droits ?

L’espace public est ouvert aux deux sexes, encore faut-il que les femmes puissent s’y mouvoir en toute sécurité, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Les femmes ne peuvent pas occuper l’espace public à la tombée de la nuit, car à partir de 21h, le “couvre-feu” s’instaure, et toute femme dans la rue se met, non seulement en danger, mais elle est regardée de façon suspicieuse.

Faut-il, à votre avis, passer par la non-mixité pour obtenir davantage de mixité ?

Je pense que c’est une solution rétrograde. À mon avis, il faudrait plutôt penser à éduquer davantage les hommes, à appliquer les lois, mettre en place des opérations de proximité pour arrêter le harcèlement et protéger les femmes harcelées, ce qui n’est toujours pas le cas à l’heure actuelle. Personnellement, j’ai vécu en plein jour une expérience pénible de harcèlement et d’agressions verbales devant un policier qui n’a pas bougé le petit doigt, me conseillant d’aller porter plainte au commissariat.

Tant que les agents de l’autorité, censés protéger les citoyens et les citoyennes ne sont pas sensibilisés et engagés dans ce projet, aucune femme ne peut être défendue dans la rue, car on estime toujours que s’il y a harcèlement, la faute en incombe à la femme…

L’espace public est fait par les hommes pour les hommes. Comment alors se réapproprier cet espace-là ?

Les femmes se sont réappropriées cet espace et l’occupent malgré tout. Mais ce qui dérange le plus, c’est l’insécurité, les vols à l’arrachée, les agressions à l’arme blanche.

Il faudra inculquer une éducation citoyenne aux hommes, mais aussi mettre en place une campagne de sensibilisation agressive, dans les écoles, les universités, et qui insiste sur les sanctions encourues en cas d’agression.

Récemment, une application “Finemchi” a été développée permettant de localiser les lieux “Safe” pour les femmes. Ce genre d’initiative peut-il protéger les femmes dans l’espace public ?

Le fait qu’une telle application existe montre qu’il y a un malaise. Cela va permettre de mettre à l’index certains espaces, et comme les réseaux sont aujourd’hui une véritable force, il est certain que celui dont le café a été désigné comme lieu de drague et de harcèlement incitera le propriétaire à tout mettre en œuvre pour sécuriser son espace. υ

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