En collaboration avec quatre ONG partenaires*, l’association Mobilising for Rights Associates (MRA) a mené un rapport de recherche-action baptisé « Promouvoir la responsabilité de l’Etat en cas de violences sexuelles faites aux femmes au Maroc ». Cette étude a été réalisée auprès de 1021 femmes et acteurs publics des forces de l’ordre, de la justice et des services de santé, provenant de 41 sites à travers le pays. Le constat ? En raison du traumatisme subi, un bon nombre de femmes victimes de violences ne réagissent ou n’agissent que des jours ou des semaines plus tard, comme le souligne l’association MRA, dans un communiqué. Il y a souvent un décalage important entre le moment où la violence se produit et le moment où les femmes sollicitent l’aide des autorités publiques… voire jamais pour beaucoup d’entre elles… Les réponses des acteurs publics et forces de l’ordre, justice et santé ? Tout d’abord, les femmes victimes d’abus sexuels ont peur d’être elles-mêmes poursuivies pour des relations sexuelles hors mariage, ou de la non-criminalisation du viol conjugal. Aussi, elles ne signalent les abus dont elles sont victimes… Ensuite, la réponse des acteurs publics aux affaires de violence sexuelle tend à se limiter à déterminer s’il existe ou non une relation préexistante entre l’auteur et la victime, plutôt qu’à enquêter activement et à se concentrer sur les circonstances coercitives de l’incident spécifique en question, interpelle l’association, avant d’alerter : « La recherche-action n’a révélé aucun cas où les femmes bénéficiaient des mesures de protections disponibles dans le Code pénal et le Code de procédure pénale actuels »… Aussi, l’ensemble des associations ayant travaillé sur ce rapport recommande de remédier aux lacunes des lois sur la violence sexuelle, de se concentrer sur l’agresseur et son comportement et non sur la relation entre lui et sa victime, de veiller à ce que les femmes reçoivent une protection adéquate contre les violences, y compris la mise en œuvre des mesures de protections disponibles , tout en développant de nouvelles mesures, ou encore de veiller à ce que la réponse de l’Etat à la violence sexuelle reflète les priorités exprimées par les femmes, à savoir un bon accueil, des services publics adéquats, l’application des lois et procédures pénales et des remèdes appropriés.
* l’Association Amal pour la Femme et le Développement (El Hajeb), la Fédération des Ligues des Droits des Femmes (Ouarzazate), Anaouat pour femme et enfant (Chichaoua) et Tafiil Al Moubadarat (Taza).