De moins en moins de Marocaines ont recours à l’allaitement maternel. C’est un fait. Selon le ministère de la Santé, son taux est passé de 51 % en 1992, à 27,8 % en 2011, soit une diminution de plus de 20 %. Notre intention n’est pas de remettre en question les bienfaits de cette pratique.
On ne le répétera jamais assez, elle reste le mode d’alimentation le plus approprié pour le nourrisson. En effet, donner le sein réduit les risques de morbidité et de mortalité infantile, renforce l’immunité du bébé, protège contre les infections hypoallergéniques et prévient certains troubles alimentaires. Pour la maman, il diminuerait également les risques de cancer du sein. L’Organisation Mondiale de la Santé recommande (et n’impose pas !) quant à elle “une alimentation exclusive au sein pendant six mois, suivie par une association de l’allaitement maternel continu et de
l’introduction d’autres aliments dans le cadre d’une alimentation adaptée, appropriée et de qualité”.
Face à de telles prérogatives, se sentir maman à part entière lorsqu’on décide sciemment de ne pas allaiter son enfant s’avère difficile. Un sentiment de culpabilité devient prédominant. Remarques désobligeantes, jugements négatifs… celles qui n’assument pas leur choix finissent même parfois par donner le sein à leur bébé à contrecœur !
Oui, c’est formidable d’allaiter, formidable de ne pas le faire; mais surtout, formidable d’avoir le choix ! Telle chose est à éviter, telle autre à bannir totalement… mais ne perdez jamais de vue qu’une seule est indispensable à votre petit bout : l’amour inconditionnel de ses parents. On parle trop souvent des joies de l’allaitement, mais pas assez des galères. Voici donc 5 bonnes raisons de ne pas allaiter sans se sentir coupable…
1 – L’allaitement ne vous ressemble pas et vous angoisse
“Serai-je capable d’allaiter mon enfant ? Comment saurai-je s’il est rassasié ? Aurai-je assez de lait ? Est-ce douloureux ?” Bébé est encore au chaud dans son “bain privé” que les interrogations fusent déjà dans votre tête… et pas seulement au sujet de l’allaitement ! La meilleure façon de tenir bébé, de lui donner le bain, de l’endormir, de l’éveiller… sont autant de doutes qui planent sur la santé psychique déjà sensible de la future mère. De plus, cette image du bébé pendu à vos mamelons, les seins qui tirent, le lait qui dégouline, les auréoles sur les vêtements, le manque de pudeur dans les moments où bébé est affamé et que vous êtes dans un lieu public… ça vous met franchement mal à l’aise ! Vous en êtes persuadée, tout cela n’est pas pour vous. Or, il est évident que si un allaitement maternel pratiqué dans la sérénité contribue au bien-être de l’enfant, le faire à contrecœur peut provoquer en lui un sentiment de “rejet”. Si cet état persiste tout le long de votre grossesse et au-delà, laissez tomber l’idée au lieu d’avoir recours à ce mode d’alimentation sous la contrainte. Bébé n’est pas dupe, il ressentira forcément votre malaise ce qui, au final, n’est pas bon pour lui !
2 – Vous tenez à votre indépendance
L’avantage avec l’allaitement au biberon, c’est que vous n’êtes pas l’unique personne apte à nourrir votre bébé. Du coup, plus question d’être la seule à passer des nuits blanches, il y en aura pour tout le monde! Certes, être maman est un job à plein temps, mais derrière chaque bonne mère doit se cacher une femme aussi épanouie que possible. Et puis, ce poupon, vous ne l’avez pas conçu en solo ! Vous avez besoin de votre mari et de votre entourage pour prendre soin de lui et il n’y a pas de honte à cela. Nourrir son bébé au sein est une lourde responsabilité et tout votre emploi du temps en dépend. Femme active et émancipée, vous avez du mal à envisager les mois à venir avec de telles contraintes. Vous ne voulez pas sacrifier la carrière que vous avez bâtie à coups d’heures supp’. Finalement, c’est aussi votre salaire qui permet à bébé de vivre dans ce cocon douillet que vous vous êtes battue à construire pour votre petite famille. Et puis, il n’y a pas de mal à se faire du bien ! Sorties entre copines, petit hammam dominical, mise en beauté chez le coiffeur, dîner en amoureux au restaurant (où vous pouvez manger épicé et boire un verre ou deux sans conséquences)… vous serons alors permis. Vous le valez bien !
3 – Vos seins sont ultra-sensibles
Bébé n’a pas encore posé ses douces lèvres et ses gencives édentées sur votre mamelon que vous hurlez déjà de douleur. La tension que vous avez subie tout au long de votre grossesse vous a indéniablement laissé des séquelles. Crevasses, engorgement, mastite (infection du tissu mammaire) et cloque de lait sont des termes barbares qui vous donnent la chair de poule ! Allaiter ne signifie évidemment pas être victime de tous ces maux, mais face à un bébé vorace et un épiderme fragile, le plaisir de donner le sein peut rapidement s’émousser.
4 – Vous désirez (enfin) vous réapproprier votre corps
Non sans plaisir et pendant neuf mois, vous avez partagé votre corps avec votre petit bout. Cet enfant, vous l’avez désiré et l’annonce de votre grossesse a été sans conteste l’une des meilleures de votre vie. L’allaitement est en quelque sorte le prolongement du cordon coupé à la naissance et la santé de votre enfant, à travers son alimentation, dépend exclusivement de vous. Autrement dit, vous avez le sentiment de faire office de garde-manger et de devoir être à disposition de l’estomac glouton de votre rejeton. Sans compter que vos seins peuvent aussi être les victimes d’un amalgame fatal, lorsque bébé confond votre téton avec une tétine et qu’il passe alors des heures à suçoter en dormant à moitié sur vos seins où plus une goutte de lait ne filtre. Vous devenez prisonnière de votre enfant qui se met systématiquement à hurler lorsque vous avez le malheur de vous éloigner quelques secondes… Vous vous sentez dépossédée de votre corps pour une durée indéterminée et cette perspective vous rend malade.
5 – Votre poitrine a pour vous un caractère sexuel
C’est bien connu, l’arrivée de bébé nécessite quelques ajustements dans le couple, notamment au niveau sexuel. Ceux qui pratiquent le “co-sleeping”, plus simple pour la maman qui n’a plus besoin de se lever toutes les heures pour nourrir bébé, n’ont pour ainsi dire pratiquement plus d’intimité. Faire des galipettes sous le nez d’un nourrisson a quelque chose de… bizarre ! On s’abstient, donc, parfois des semaines durant. Quant aux grands soirs où une partie de jambes en l’air est au programme, le côté tue-l’amour des soutiens-gorge d’allaitement et
les jets de lait au visage de papa peuvent en rebuter plus d’un ! Ce sein, qui a toujours été une zone érogène, devient tout à coup nourricier et prend une nouvelle dimension; ce qui peut bien souvent semer la confusion dans la tête de la maman.