Jacqueline Lee Bouvier naît le 28 juillet 1929 à Southampton, Long Island, dans l’Etat de New York. D’origine française par son père, irlandaise et anglaise par sa mère, elle passe une enfance dorée et une scolarité accomplie. Ses parents divorcent à cause de l’alcoolisme du père et de ses nombreuses infidélités. Sa mère se remarie avec le richissime homme d’affaires Hugh Auchincloss. Jacqueline fréquente les institutions les plus huppées de New York et de Washington et va parfaire sa culture française à Paris, à la Sorbonne. À son retour, elle devient “photographe enquêteur” pour le journal Washington Times-Herald, ce qui lui permet de rencontrer de nombreuses personnalités politiques.
C’est au cours d’un dîner, en 1952, qu’elle rencontre une étoile montante du Parti Démocrate, John Fitzgerald Kennedy, de douze ans son aîné. Leur mariage, célébré le 12 septembre 1953, est considéré comme l’événement mondain de la saison avec plus de 1.000 invités à la cérémonie religieuse puis à la réception offerte par le beau-père de Jacqueline.
Avec ce mariage, elle rentre, non dans une famille, mais dans un véritable clan régi de main de fer par le père, Joseph Kennedy, politicien, ancien diplomate, richissime homme d’affaires aux alliances obscures et dont le passé est entaché de sympathie nazie. La mère, Rose, est le centre de la famille, autour de laquelle gravite toute la tribu dans leur grande résidence de Hyannis Port, en bord de mer. Jackie, charmante et douce, bien qu’en retrait, compose avec tous. Après une fausse couche qui va les séparer, le couple a une première petite fille, Caroline. Jackie souffre déjà des nombreuses infidélités de son mari. Elle découvre que, bien qu’endurant des douleurs atroces du dos, Jack est un séducteur invétéré et que l’infidélité est une caractéristique des Kennedy mâles. Jackie va devoir supporter les absences répétées de son mari, les rumeurs qui courent et les provocations de ses maîtresses.
DÉLAISSÉE, TROMPÉE ET INCOMPRISE
Le 8 novembre 1960, Kennedy gagne les élections présidentielles face au candidat Nixon. Le 20 janvier 1961, le 35ème Président des Etats Unis, John Fitzgerald Kennedy prête serment et entre à la Maison Blanche, aux côtés de son épouse, la First Lady Jacqueline Kennedy. Il a 43 ans, elle en a 32. On les appelle Jack et Jackie. C’est le couple présidentiel le plus jeune et le plus séduisant que la Maison Blanche ait jamais accueilli. Ils ont tout : la jeunesse, la beauté, le pouvoir, la richesse, le charisme. Un couple digne de Hollywood et qui va incarner l’espoir d’une Amérique nouvelle. Belle, élégante, cultivée et pleine de charme, la First Lady est l’atout majeur du couple. Lors d’un voyage officiel à Paris, Le Président se présentera ainsi avec humour au Général de Gaulle: “Je suis celui qui accompagne La First Lady Jackie Kennedy.”
Jackie Kennedy refait toute la décoration de la Maison Blanche, y donne des soirées brillantes où se côtoient des noms prestigieux de la politique, de la haute finance et de grands artistes américains et étrangers. Elle réussit même l’exploit de réunir à La Maison Blanche 49 Prix Nobel qu’elle reçoit en grand le 29 avril 1962. Elle obtient de son ami André Malraux, Ministre de la Culture français, le prêt de la Joconde pour l’exposer à Washington en 1963. En politique, Jackie sera, pour son mari, une carte maîtresse de la diplomatie et des négociations comme ce fut le cas avec le dirigeant russe Nikita Khrouchtchev lors de la crise de Cuba. Toujours discrète, fine, souriante, mais cette façade cache ses souffrances de femme délaissée, trompée, incomprise.
À la perte de leur enfant Patrick, Jackie est seule en clinique, son mari étant en Floride avec une de ses conquêtes, la fameuse Judith Campbell, proche de la mafia. Le couple perdra encore un autre garçon et ne gardera que le petit John Jr. L’humiliation extrême viendra le 29 mai 1962 au 45ème anniversaire du Président, quand, devant l’Amérique tout entière, Marylin Monroe, presque nue sous une robe transparente, chante pour lui son mythique “Happy Birthday Mister President” d’une voix lascive qui en dit long sur leur relation intime. Prévenue, Jackie a refusé d’être présente. Début 1963, elle part en Grèce, invitée avec sa sœur et quelques amis par le célèbre armateur grec Aristote Onassis, à bord de son luxueux yacht “Le Cristina”. Elle ne réapparaît en public que le 21 novembre de cette année, pour accompagner son mari dans une tournée dans les villes du Texas, dont Dallas.
UNE FIRST LADY EXCEPTIONNELLE
22 novembre 1963, à 12h30 : trois coups de feu éclatent sous le ciel bleu de Dallas. Le Président des Etats-Unis, John Fitzgerald Kennedy s’effondre, touché mortellement à la tête. Un assassinat filmé en direct. Et cette scène mythique : la First Lady, Jackie Kennedy, en tailleur Chanel rose maculé du sang de son mari, qui grimpe sur le coffre de la Lincoln Continental, hébétée, fuyant l’horreur.
Par cette mort tragique, le couple Kennedy, symbole d’une nouvelle Amérique jeune et moderne, va entrer dans la légende. Aux funérailles, la veuve de l’Amérique se montre digne, serrant contre elle ses deux enfants Caroline et John Kennedy Jr. Âgé de trois ans, le petit garçon fera le salut militaire au passage du cortège funèbre de son père, geste qui va émouvoir le monde entier. Après l’assassinat de son mari, Jackie ne se montre presque plus en public. Elle s’installe avec ses enfants dans un appartement sur la 5ème Avenue de New York. Quand, en 1968, son beau-frère, Robert Kennedy est à son tour assassiné, Jackie craint pour ses enfants et accepte de se marier avec Aristote Onassis. Il vient de rompre avec la diva Maria Callas. Avec ce mariage, il gagne la gloire d’avoir pour épouse Madame Jackie Kennedy, et elle, la fortune d’Onassis pour assure l’avenir matériel de ses enfants. L’Amérique ne lui pardonnera jamais cet acte jugé comme une trahison. Le couple ne sera pas heureux, leurs personnalités et centres d’intérêt étant divergents. À la mort d’Onassis, Jackie hérite de 26 millions de dollars et revient s’installer à New York où elle va travailler pour une maison d’édition. Elle rencontre le diamantaire et industriel Maurice Tempelsman. Il restera à ses côtés jusqu’à la fin.
Atteinte d’un cancer du système lymphatique, Jackie Kennedy Onassis décède le 19 mai 1994, à l’âge de 64 ans. Ses funérailles sont menées par le Président Bill Clinton qui fait d’elle cet éloge : “Dieu lui a donné de grands dons mais lui a aussi imposé beaucoup de souffrances. Elle les a toutes supportées avec dignité.” Heureusement pour elle, Dieu lui a épargné de vivre la perte de son fils John Jr. tué avec son épouse et sa belle-sœur dans un accident d’avion le 16 juillet 1999. Cette série noire confirme la thèse d’une malédiction qui pèse sur le clan Kennedy.
Jackie Kennedy entre dans l’Histoire comme une First Lady exceptionnelle. Elle a immortalisé les tailleurs Chanel, le collier de perles et les grosses lunettes de star. Nombre de films et de livres rendent hommage à cette figure glamour de l’Amérique des années 60 qui demeure une icône dans la mémoire universelle.