Il est plus jeune que moi, et alors ?

Sur sa carte d’identité, sa date de naissance plus récente vous rappelle que, bien que vous ayez l’allure d’une tourterelle peroxydée et liftée aux crèmes anti-rides, lui n’aura ses premiers cheveux gris que plus tardivement. Mais magnétisée par l’attirance indescriptible qu’il vous inspire, vous n’en avez pas vraiment cure. Avec au bras ce blé en herbe insolent de certitude, vous avez envie de revisiter tous les codes de la séduction. Flattée d’avoir suscité un tel émoi chez ce type de clientèle masculine peu ordinaire, votre cote d’estime personnelle est susceptible de remonter très haut sur l’échelle de Richter. “Je me suis sentie à la fois femme, belle et désirable. C’est comme si on m’avait injecté un élixir de jouvence. Sa fraîcheur et sa sincérité sont aux antipodes du cynisme amoureux de ses prédécesseurs”, témoigne Radia, 35 ans, en couple avec A., 31 ans.

Coquette incorrigible, elle met depuis un point d’honneur à rester à la page et au top. Et la liaison avec le fringant étalon s’avère un puissant stimulant ! Elle avoue aussi échapper à la routine du couple classique, trop plan-plan : “On sort, on voyage, on s’éclate au lit…”. Une relation énergisante mais pas forcément de tout repos… “Quoi qu’on en dise, jusqu’à trois ou quatre ans de différence, ça ne se voit pas franchement à l’œil nu et on est généralement sur la même longueur d’onde”, commente Anissa. Il faudrait un sacré décalage de références culturelles ou de génération pour que le bât blesse ! Même si Leïla, 36 ans, est forcée d’y mettre un peu du sien, rubrique adaptabilité : “Il a beau être plutôt mûr pour ses 29 printemps, je me retrouve à partager des loisirs avec lui dont je n’aurais pas eu idée avant, comme danser sur de la techno en boîte, aller faire du karting ou jouer aux jeux vidéo! Ça me fait un bien fou et mes copines m’envient. Pour le moment, je ne me pose pas trop de questions sur la viabilité de notre duo”.
 
Dans l’air du temps…

Les derniers tabous sociaux sont-ils en train de sauter ? En l’espace de quarante ans, on est passé du couple historique femme jeune/homme mûr, aux conjoints du même âge qui se rencontrent au cours de leurs études, puis à une nouvelle configuration récente, quoique pas encore suffisamment répandue : la femme plus âgée que son partenaire. La tendance, qui fait ses premiers pas timides au Maroc, dans une certaine frange évoluée de société urbaine, compte pourtant déjà nombre d’émules outre-atlantique. Ainsi, aux Etats-Unis, par exemple, 20 % des mariages se concluent entre un homme et une femme plus âgée; sans oublier les stars hollywoodiennes croquant des jeunots par dizaines ! Le célèbre psychologue américain Jan Sinnott, en étudiant de près le phénomène, en est même arrivé à des conclusions étonnantes : ce genre de couples tient statistiquement mieux la route, du fait d’une relation basée sur le respect, l’amitié, et surtout sur la valeur de tolérance réciproque. La question est plutôt de se demander entre soi et soi-même si on est cap’ de franchir le pas…
 
S’affranchir des préjugés…

Le “j’assume ou pas” est donc vraisemblablement le premier obstacle interne sur lequel bute l’apprentie cougar; parce qu’on doit déjà sortir des sentiers battus du conformisme ambiant et battre en brèche ses propres idées reçues. En effet, si dans votre schéma mental l’homme paternaliste, friqué et accompli vous fait des appels de phares, passez votre chemin… Cette prise de risque ne vous convient pas. Car, il faut être pas mal open-minded et sans vision stéréotypée du prince charmant pour tenter l’aventure. Etre en mesure également d’affronter le pessimisme de l’entourage et son jugement pas toujours tendre ; les mentalités continuant de peser de tout leur poids pour tuer dans l’œuf toute velléité de nager à contre-courant. “Sa mère n’acceptera jamais que tu l’épouses”; “Les femmes ont plus de plomb dans la tête que les hommes à âge égal, alors faire ta vie avec un gamin, n’y pense même pas !”, sont le genre de réflexions courantes auxquelles vous vous exposez. L’homme plus jeune est donc davantage perçu tel une lubie passagère que comme un futur candidat sérieux pour convoler en justes noces.

Ghislaine, elle, a eu droit à un perfide “Il te quittera ou te trompera avec une poulette”, auquel elle a rétorqué du tac au tac que la propension à l’infidélité chronique chez un zozo relevait du structurel, qu’il soit sujet aux boutons d’acné ou à la calvitie naissante. Polémique close.
 
Et le deal est…

Dans un premier temps, il vaut donc mieux déjà savoir où on met les pieds. Simple flirt ou relation durable ? La donne dépend des attentes de chacun dans le couple… Souvent, l’amour n’a pas d’âge et tous les duos fonctionnent (ou dysfonctionnent) sur les mêmes bases. Il n’empêche, chez certains messieurs catégorie poussins, on retrouve une fascination pour la partenaire plus âgée et expérimentée qui, dans leur vision fantasmée, n’exigera rien de plus que de vivre l’instant présent. Côté nana, il est du reste parfaitement permis de ne pas se projeter au-delà du stade A de l’histoire si on n’a pas envie de poursuivre, ou si on anticipe que la mention “The end” est incontournable au niveau du générique. Nadia s’explique : “J’ai quarante-deux ans et une fille. Il est beaucoup plus jeune que moi, et je suis consciente qu’un jour, il aura envie de faire des enfants et ira voir ailleurs”.

Dans tous les cas, l’équipe originale que vous formez ensemble doit être placée sous le signe de l’équilibre. Vous n’êtes pas plus sa maman de rechange que son banquier généreux ! Autre écueil de taille à éviter: se mettre trop la pression… Car à trop anticiper son propre délabrement physique programmé, on peut finir par ressembler à la “chieuse” de service qui a besoin d’être rassurée en permanence ! .