Hommes-femmes : même pas égaux devant la maladie !

Nombre de docteurs et de chercheurs tirent la sonnette d’alarme concernant la standardisation qui domine la recherche et la pratique médicale.

Ils préconisent une médecine distinguée selon le sexe, en lieu et place de toute cette science uniforme qui gomme les particularismes biologiques liés au genre.

Oui, hommes et femmes ne tombent pas malades de la même manière et ne devraient pas être soignés via des protocoles équivalents ! Déjà, génétiquement, nous avons des divergences fondamentales, et lorsque ces dernières se cumulent avec l’influence des hormones, de l’environnement ou du rôle et comportement dévolu à chaque sexe, cela débouche sur une expression différenciée de la pathologie… On peut citer le diabète, qui est davantage un terrain favorable pour l’hypertension artérielle chez la gent féminine ; ou encore les maladies cardio-vasculaires, se caractérisant par des symptômes d’oppression dans la poitrine, et qui se manifestent parfois chez la femme par des signes moins connus comme des douleurs dans l’abdomen supérieur. En outre, le cancer du côlon se manifeste à un âge plus avancé côté féminin, ce qui devrait inciter à étendre la fenêtre de dépistage au-delà de soixante-dix ans. Des inégalités sexuelles se constatent à travers des troubles osseux comme l’ostéoporose, où cette fois-ci, ce sont nos pairs masculins, moins bien dépistés et traités, qui sont laissés sur le carreau !

Nos réactions à notre environnement varient également : le stress touche de plein fouet les femmes, et leur risque d’obésité est plus important dans un contexte violent. Pourtant, en dépit de cette donne critique, les politiques de santé publique restent majoritairement unisexes, que ce soit en termes de prévention, d’outils de diagnostic ou d’approche thérapeutique.

L’explication est simple : depuis plusieurs décennies, les femmes sont peu intégrées dans les essais cliniques, et seules 20 % des expérimentations animales ont lieu sur des cobayes femelles ! Un chiffre hallucinant qui trouve son origine dans le fait que la recherche médicale s’intéresse plutôt aux rats mâles, dont les hormones n’iraient pas perturber les résultats… Pire, cette déficience d’études féminines a pour résultat délétère de “négliger” certaines maladies auto- immunes, beaucoup plus fréquentes chez les femmes, telles la sclérose en plaques, le lupus, l’arthrite rhumatoïde ou encore la cirrhose biliaire primitive ; tandis que ce qu’on appelle ironiquement “la médecine bikini” spécialisée dans la grossesse et ménopause continue à exploser !

Depuis peu, la pertinence d’une médecine mieux axée sur le genre fait débat. Et un grand pas sera accompli lorsque les résultats publiés dans les revues scientifiques seront systématiquement rapportés en tenant compte du sexe. On pourra ainsi mieux penser les procédures diagnostiques et les besoins thérapeutiques pour des hommes et des femmes qui ne sont pas “faits” pareil !

Le sexe d’un médicament…

Aujourd’hui, la prescription médicamenteuse se soucie uniquement de l’âge, du poids et de l’histoire de la maladie chez un patient. En revanche, l’appartenance au sexe féminin ou masculin est passée sous silence. Grave manquement, nous indiquent plusieurs études scientifiques très sérieuses, qui soulignent les différences de métabolisme entre hommes et femmes. Ainsi, ces dernières jouiraient d’un système immunitaire plus réactif et auraient besoin d’un dosage moins important pour des vaccins ou des somnifères, par exemple. Autre cas : celui de la prise régulière d’aspirine, censée prévenir l’infarctus du myocarde à partir d’un certain âge. Si chez ces Messieurs, le procédé semble fonctionner, chez les femmes, la molécule agit sur un tout autre plan : celui de la prévention des accidents vasculaires cérébraux. Par ailleurs, certaines tumeurs cancéreuses n’ont pas la même réaction aux thérapies administrées selon qu’on soit homme ou femme. La dernière polémique en date porte sur les statines, des médicaments anti-cholestérol à usage banalisé, accusés d’augmenter le risque de diabète chez les femmes ménopausées.

Et pour cause, leur efficacité préalable aurait été testée sur un panel exclusivement masculin !

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