Handicap mental : une affaire d’état ?

Aujourd’hui plus que jamais, un véritable bras de fer oppose les associations œuvrant dans le domaine du handicap mental au ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.

Difficultés financières, de gestion, retards de paiement des subventions relatives aux bourses d’appui à la scolarisation et la formation des personnes en situation de handicap, non-respect des droits universels de celles-ci, marginalisation…, sont les principaux problèmes rencontrés aujourd’hui par les associations œuvrant dans le domaine du handicap mental. Pourtant, du côté du ministère de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social, on ne parle que de réalisations, de stratégies, de bonne gouvernance, de projets de lois élaborés en concertation avec la société civile selon une approche participative, de la place octroyée aux personnes en situation de handicap dans la nouvelle Constitution… Mais force est de constater que sur le terrain, la réalité est tout autre !

“Les actions des responsables gouvernementaux sur le terrain sont à l’opposé des discours tenus. Nos revendications ne sont jamais prises en compte. Au lieu de capitaliser sur l’existant et l’expertise des associations, ils nous accusent d’incompétence, d’être incapables de trouver d’autres sources de financement, de non-respect des cahiers des charges réglementaires, de manque de technicité… On nous fait endosser toutes les responsabilités dans les problèmes que pose la prise en charge de ces personnes dans notre pays, alors que le premier à mettre en cause, c’est l’état !”, précise Sabah Zemmama Tyal, présidente de l’UNAHM, une union nationale créée en décembre 2012 regroupant les associations œuvrant dans le domaine du handicap mental.

Le principal point de discorde aujourd’hui concerne les bourses d’appui à la scolarisation et la formation des personnes en situation de handicap. En effet, les subventions accordées le 12 novembre dernier pour l’année 2014, lors de la cérémonie de remise des conventions, ont été estimées en deçà des attentes et besoins des associations. “Il faut préciser qu’à aucun moment, il ne nous a été donné la possibilité de lire la totalité de la convention. Nous avons tous été contraints de signer, vu les dettes contractées cette année pour assurer le bon fonctionnement de nos structures. Nous n’avions pas le choix”, affirme Ali Redouane, président de l’Association des Parents, Amis et Enfants Inadaptés à Casablanca et vice-président de l’UNAHM.

Ainsi, les montants alloués et le nombre de bénéficiaires ont été revus à la baisse tandis que les salaires subventionnés des encadrants et des spécialistes (psychiatres, orthophonistes, psychomotriciens…) ont été évalués pour certains à 1.600 DH, alors que le SMIG est à 2.300 DH. À titre d’exemple, l’association “Hadaf” des parents et amis des personnes handicapées mentales de plus de 18 ans à Rabat, prenant en charge 80 jeunes pour une intégration socioprofessionnelle en milieu ordinaire, a vu sa subvention réduite à 200.000 DH, contre 370.000 DH en 2013. “Al Hanane”, pour le développement et l’intégration des enfants en situation de handicap mental à Ouazzane, en charge de 36 enfants dont 90% sont issus de familles démunies, s’est vue octroyer 87.000 DH, contre 99.000DH en 2013. De même pour l’APAEI, s’occupant de 500 enfants à Casablanca ; “Al Mourouj”, dans la région d’Aïn Aouda ; ou encore “Al Manar”, à Rabat.

“Le ministère a débloqué 16.000.000 DH à partager entre 68 associations, ce qui couvrira finalement seulement la prise en charge de 2.000 personnes en situation de handicap (tous handicaps confondus). Pour rappel, selon l’enquête nationale de 2004, le Maroc compte environ 1.530.000 personnes en situation de handicap. Par ailleurs, la prise en charge n’est octroyée qu’en cas de précarité. Ainsi, une personne touchant 2.500 DH par mois et affiliée à la CNSS n’a pas le droit au certificat d’indigence et ne peut donc bénéficier d’une aide pour son enfant handicapé. C’est comme si aujourd’hui, il y avait une loi interdisant aux Marocains riches ou moyennement riches l’accès aux hôpitaux ou aux écoles publics! Ce serait inconcevable. La question du handicap n’a jamais été une priorité pour le PJD. Depuis son arrivée au pouvoir, nous avons fait 40 pas en arrière ! Les audits sont importants, mais encore faut-il que l’on ait un retour pour corriger les défaillances, s’il y en a. Et puis, avant de nous juger, qu’il nous donne d’abord l’argent !”, dénonce Sabah Zemmama Tyal.

Aujourd’hui, les associations sont lasses d’attendre et ont décidé de monter au créneau en revendiquant une reconnaissance officielle du statut de “pupille de la nation” pour toute personne en situation de handicap mental et faire de la cause une priorité nationale ; la mise en place d’urgence d’un budget d’état pour couvrir les coûts de la prise en charge et améliorer la qualité des services pour assurer l’accès universel à tous les Marocains en situation de handicap mental ; l’élaboration, la mise en place et le financement d’un projet de normalisation du protocole de prise en charge dans les projets existants, et d’une stratégie de responsabilisation des différentes institutions étatiques; et enfin, la création d’un organe gouvernemental spécifique et d’un guichet unique.

Un sit-in sera par ailleurs organisé ce mois-ci devant le ministère de tutelle, et des grèves d’une heure, de deux jours et d’un mois seront organisées dans les centres, structures et classes intégrées. Les associations menacent également de fermer les institutions existantes si aucune mesure n’est prise par les instances gouvernementales. “Personne ne souhaite en arriver là, même si depuis un an et demi plusieurs centres ont déjà fermé à Settat, Midlet et Fès, et que la majorité des associations ne sont plus en mesure d’accueillir de nouveaux inscrits. D’où la nécessité d’établir au plus vite un vrai dialogue avec l’ensemble des instances gouvernementales en vue de garantir les droits des personnes en situation de handicap mental. Nous avons besoin de représentants au Parlement pour défendre nos droits, mais si notre ministère de tutelle ne s’en sent pas capable, nous le ferons !”, conclut Redouane Ali, président de l’APAEI. Affaire à suivre ! .

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