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Val’. Et bien, figurezvous que – grrrr grrrr et mille milliards de mille fniounates ! – l’année dernière, j’ai été larguée la veille de la fameuse date… et par SMS en plus ! Alors comme j’ai été privée de casser la tronche de mon bourreau, mon iPhone rutilant s’est transformé, de rage, en compote de “Pomme” ! Car au désespoir de l’abandon, est venue se greffer la frustration du cadeau envolé… Le zouave en question, bien malin et surtout bien radin, avait trouvé le bon moyen d’échapper à la dépense. Quant à moi, je n’avais plus que mes yeux pour pleurer… et un rasoir électrique, présent prévu pour lui ! Ce dernier, pour la petite histoire, a finalement atterri chez ma copine Hind, poilue à souhait, le jour de son anniversaire. Récalcitrante à toute forme douloureuse d’épilation, elle a fait semblant d’oublier de se vexer…
Donc, cette année, pour les offrandes, j’ai décidé de m’orienter davantage vers le virtuel : le kitsch bouquet de fleurs rouges, le poème de supermarché copié-collé… J’ai aussi annoncé à mon nouveau Jules que mon opérateur téléphonique m’avait coupé le service SMS (on ne sait jamais, autant lui couper l’herbe sous le pied !). Cela dit, je le sens bien ce nouveau chéri. On ne se connaît que depuis cent heures, sept minutes et quarante secondes, et il tremble déjà d’excitation à l’idée d’être présenté à Gibrilou, mon petit monstre de six ans. J’espère juste que ce premier test sera concluant et que le courant passera entre eux… Sinon, mon fiston, quand il n’aime pas quelqu’un, c’est tout de suite sabotage sur sabotage : pipi au lit cinq minutes avant une sortie à deux, régression au stade “bébé vagissant accroché aux jupes de sa mère”… Je me souviens très nettement d’un certain Chakir, très col blanc, qui esquissait des petits sourires contraints de pseudo futur beau-père avant l’estocade finale : une série de dégueulis sur un costume Hugo Boss qui a fini le soir même au pressing ! C’en a aussi été fini de moi, à l’instant même… Merci Gibrilou, tu m’as épargné une histoire “impasse” avec un coincé sans humour ! Néanmoins, dorénavant, avant de prétendre me rapprocher du mythe de la famille recomposée idéale, je préfère prendre quelques précautions pas superflues : quelques tête-à-tête passionnés avec le prétendant du moment, pour conforter mon avance de séductrice atale. Mais toujours au bon dosage : belle mais pas trop, sinon, trop impressionné, il perd tous ses moyens ; cultivée, mais sans ostentation (s’il ne comprend rien à la réforme de la caisse de compensation, inutile de se la ramener sur le sujet !) ; indépendante, mais avec des petits airs soumis ; et moderne, mais attachée aux valeurs familiales (on s’intéresse à sa future marâtre).
Bref, le Housni de mes rêves devenus réalité n’a pas cherché à monter prendre un dernier verre chez moi, après la première soirée ; ce que j’ai plutôt pris pour un bon signe… Il prend visiblement son temps, parce qu’on a tout l’avenir devant nous : exactement cinquante ans encore, si je calcule en fonction de notre espérance de vie. Mais je m’emballe là… Vite, il faut que je retrouve mes esprits : “Fniouna Flifla, tu as un devoir de mémoire. N’oublie pas les cinq coeurs enlacés gravés dans l’écorce des arbres de la forêt du Hilton à Rabat. Cinq coeurs symbolisant cinq hommes. Tous brisés. Bilan : deux “cocufiages”, un concubinage foireux et un psychopathe en point d’orgue.” Tout de suite, ça calme.
