Doit-on jurer fidélité à sa boite ?

Pour faire progresser sa carrière, est-il judicieux d'avoir la bougeotte et de sauter de boîte en boîte ? Ou une bonne évolution passe-t-elle au contraire par une mobilité interne rondement menée ? Dans la réalité, l'équation est plus complexe qu'il n'y paraît...

Si ,à l’époque de nos parents, les gens faisaient souventcarrière chez le même employeur avant de tirer leurrévérence pour partir à la retraite, aujourd’hui, notregénération en est déjà à totaliser au moins quatre entreprisesaprès dix ans sur le marché du travail ! Disparu, aussi, l’ancienmodèle d’évolution professionnelle qui consistait à obtenirgraduellement de l’avancement, avec une promotion linéaire etpar étage. Depuis, la sphère professionnelle a mué vers plus decomplexité et de diversité ; les pratiques RH ont évolué ; les règlesde gestion des collaborateurs ont changé de configuration et lanotion de mobilité interne et externe a vu le jour. À partir de là, leturnover des personnes et des métiers s’est imposé de lui-même.Sur le plan de la construction d’une carrière, plusieurs scénariossont alors susceptibles de se produire : balader sa tente dans unmême campement, au gré des postes et des promotions, ou plierbagages pour aller voir si l’herbe est plus verte chez le voisin.

Changer de boîte comme dechemise ?

Portails de recrutement, réseaux sociaux professionnels, chasseursde têtes… Aujourd’hui, le boom des nouvelles technologies favoriseles occasions de se recaser ailleurs. Après un premier job qu’onperçoit comme un tremplin pour intégrer le marché de l’emploi, lavalse des postes est souvent au rendez-vous. Asma, 28 ans, donnele ton : “Pour mon premier travail, je n’ai pas fait la difficile, et mêmesi l’entreprise traînait une image un peu vieillotte, j’ai sauté sur la placeproposée car il fallait que je puisse justifier d’une expérience minimumde deux ans sur mon curriculum vitae. Ensuite, j’ai opté pour une autresociété, avec plus d’opportunités d’évolution et des collègues sur la mêmelongueur d’onde !” Ghislaine, quant à elle, est partie pour un salaireplus avantageux chez la concurrence car souvent, la perspectived’une promotion et/ou d’une meilleure rémunération motive levirage du changement chez les jeunes cadres. En début de carrière,la volonté d’accroître ses compétences et de se retrouver dans uncadre de travail stimulant est une priorité. “C’est aussi la donne desnouvelles générations de ne pas se suffire uniquement de la sécurité del’emploi, souligne Alexandra Montant, directrice de Rekrute.com.Elles ont besoin d’être challengées et d’évoluer. Quand l’environnementde travail et/ou les rapports avec la hiérarchie ne correspondent pas àleurs attentes, les jeunes diplômés n’hésitent pas à sauter le pas pourrejoindre une autre structure”. La routine qui s’installe, un manquede visibilité sur les objectifs, un patron qui vous fait des misères…et hop, il n’y a plus personne ! Mais s’il est avantageux d’utiliserses cinq premières années d’emploi à faire des escales pour gagner en compétences et en expertise,la pratique d’une trop grande mobilitéexterne devient rapidement suspecte.Car à changer de boîte fréquemment, à larecherche de l’emploi idéal, les sauts depuce sur le C.V. témoignent d’une instabilitéprofessionnelle. Alexandra Montantappelle cela “l’effet papillon”, qui risquede laisser votre profil sur le carreau faceà un recruteur. Pour elle, le juste dosageconsiste à passer deux à trois ans dans lamême entreprise, lorsqu’on est en débutde carrière, et au moins quatre à cinq ansune fois qu’on commence à justifier d’unecertaine expérience. D’un autre côté,certes, le changement peut être synonymed’une hausse du niveau de responsabilités,mais les conséquences peuvent être àdouble tranchant. “Souvent, les compétencesannoncées ne sont pas vraiment maîtrisées,du fait des passages trop rapides dans uneentreprise ; et le salaire demandé n’est pas àla hauteur du profil. Résultat : ces personnesne sont ni confirmées ni retenues, et elles seretrouvent grillées sur le marché de l’emploi”,indique notre spécialiste en recrutement.

La fidélité, ça peut payer aussi !

Souvent, les cadres“monosociété” renvoientà tort une image destagnation : pantouflards,pas assez curieux ni polyvalents.Comme si, après avoir trouvé la bonneplanque, ils n’avaient pas vocation àembrasser une grande carrière du faitd’une absence de prise de risques…“Or, rétorque Alexandra Montant, cequi pose problème, c’est davantage d’avoirpassé dix ans dans la même boîte sansaucune promotion en vue, que la durée dela collaboration en elle-même”. En effet,on peut parfaitement maintenir sonemployabilité si on progresse, évolue eninterne, voire diversifie les expériencesau sein de la même organisation. Houda leconfirme : “J’ai eu de la chance. Je n’ai changéqu’une fois d’employeur et encore, c’étaitpour rejoindre mon fiancé dans une autreville. Au sein de l’entreprise dans laquelle jesuis depuis sept ans, ma progression n’a pastoujours été fluide. J’ai connu trois chefs dedépartement et c’est grâce à ma constanceque j’ai enfin pu prétendre à un poste àresponsabilités dans la maintenance”.Par ailleurs, le cadre fidèle est aussiperçu comme celui qui a développéune certaine loyauté vis-à-vis de sonemployeur et qui, connaissant bienles règles de la maison, est capablede s’adapter aux mutations del’entreprise et de son marché…Aziza a intégré une société de services en informatique en tant quejeune ingénieur, avant de profiter dulancement d’une nouvelle activité, pourdevenir chef de projet junior.Le vrai moteur n’est donc pas dansla rémunération ou le titre. L’essentielest avant tout de devenir acteur de sapropre carrière, c’est-à-dire de saisir lesopportunités de diversification et depromotion interne en s’appuyant sur sahiérarchie, voire en sollicitant sa DRH.Votre entreprise s’internationalise ? Àvous de réclamer de vous faire expatrier,avec à la clé, un coup de pouce pourvotre carrière… Et sans aller jusque-là,le champ des prérogatives peut êtreélargi, tout en restant au même poste ;c’est ce qu’on appelle l’empowerment,une série de mesures managérialesvisant à autonomiser et responsabiliserdavantage un salarié.Alexandra Montant introduit quant àelle un bémol intéressant : “Encore faut-iltravailler dans une assez grosse structure ouune multinationale, pour bénéficier de cetteflexibilité et progression de carrière. Car ducôté des PME, les opportunités de mobilitéintra-organisationnelles sont plus faibles”.Fidèle à un groupe, une marque ou uneculture d’entreprise, on peut aussi, quandl’horizon de la promotion est bouché,changer carrément de métier, en entamantune formation. C’est ce qui est arrivé àKhadija, ex-directrice d’agencebancaire qui a suivi un masteren management, pour endosser lacasquette de formatrice interne…

Alors, nomade oufidèle ?

Évidemment, il n’y a pas de réponseprécise à cette problématique. Tout estfinalement une question d’opportunités,mais aussi de tempérament. Carquelles que soient les bonnes raisonsde vouloir quitter le navire, il faut aussiréussir à assumer le côté anxiogène ettraumatisant à devoir changer de job,de collègues, de milieu ou de cultured’entreprise, pour affronter l’inconnu.C’est ce qui explique peut-être que lesfemmes, après l’arrivée du premierenfant, s’y risquent moins. Et sion sait s’en donner les moyens,capitaliser sur une seuleboîte pour faire fructifierses compétences et aller del’avant peut s’avérer un dealwin-win… et pas tout à fait unlong fleuve tranquille ! â—†

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