L’art n’est pas un luxe mais une priorité pour le devenir de toute société. Quatre prestigieux intervenants invités à la première table ronde du programme Off du Festival Timitar ont démontré, pendant plus trois heures au Sofitel Bay Resort, la nécessité d’investir dans l’art. Autour de la table, Rachid Benzine, islamologue et écrivain, Abderrazak Zitouny, metteur en scène, Hassan Ouahbi, universitaire et Hassan Fnini, spécialiste de l’éducation qui a également animé ce vif et intéressant débat. Car la culture, c’est quoi ? C’est l’art d’élever l’homme qui ne se repose pas sur ses certitudes mais s’interroge pour mieux avancer. Le problème aujourd’hui, « c’est qu’on ne travaille pas assez autour des élèves, explique Hassan Fnini qui lance la réflexion. Aujourd’hui, notre seul objectif dans l’enseignement, c’est de faire en sorte que nos élèves aient des bonnes notes au baccalauréat, alors qu’avoir de bonnes résultats ne signifie en rien avoir un esprit civique, citoyen, etc. » Et d’insister : « L’école de demain a besoin de former nos enfants à acquérir une autre intelligence ». Une intelligence qui crée des liens et la culture a ce pouvoir de rassembler. En effet, Abderrazak Zitouny qui a mis en scène la pièce de théâtre « Lettres à Nour »* qui sera interprétée ce 4 juillet pour la première fois en amazigh, a pris l’exemple du Cirque du Soleil qui attire des foules et réunit sur scène des artistes venant de 45 pays.
L’art a la faculté de promouvoir ce vivre-ensemble ainsi que des valeurs, mais encore faut-il mettre au point un projet culturel dans le pays, comme le pointe du doigt le metteur en scène, avant de laisser la parole à Hassan Ouahbi et à Rachid Benzine qui alerte sur le danger d’une déshumanisation de la société. Or « la culture nous rend vulnérable, et par conséquent, plus proche les uns des autres, lâche-t-il, avant d’alerter qu’ « en Occident et dans quelques pays d’Afrique, nous sommes en train de payer aujourd’hui le manque de culture. »
* Lettres à Nour d’après le roman de Rachid Benzine