De l’audace à fleur de peau

Depuis son apparition audacieuse et très remarquée l'année dernière sur le podium de Caftan, Romeo continue de faire parler de lui sur la planète Beldi. Cette année encore, il surprend avec une collection inédite : caftans près du corps, broderies uniques et ceintures en bois.

AJ-2 du défilé, nous avons rencontré Romeo dans les salles d’essayage de Caftan. Il apportait
les dernières retouches à des accessoires tout à fait inédits : des ceintures en bois peint cadenassées ! Avec ça, nous avons un avantgoût d’une collection qu’on soupçonne déjà débordante d’audace et de créativité, tout à fait à l’image de ce styliste atypique. Car Mohamed Larbi Azzouz, alias Romeo, détonne. Cet élève du célèbre Elie Saab peaufine un style moderniste à souhait : fantaisie, légèreté, féminité et élégance sont les credo de ce jeune créateur. Il puise certes dans l’artisanat marocain, mais à sa manière bien particulière. Pour lui, il s’agit de chercher l’inspiration dans tous ces objets traditionnels qui nous entourent : un tapis berbère, une porte ornée de zouak, de la poterie peinte à la main… Tout ou presque peut déclencher sa fibre créative. Il s’inspire ainsi volontiers de nos traditions ancestrales pour produire des créations uniques, signées Romeo. Rencontre avec un styliste avant-gardiste.

FDM : Que vous inspire le thème “Vogue Zaman” ?
Romeo : Ce thème m’a amené à me pencher sur notre passé, sur notre histoire ainsi que sur les civilisations anciennes. Il m’a aussi donné l’occasion d’effectuer un travail de recherche sur d’autres époques. Ce thème m’a beaucoup plu en réalité. D’autant que j’avais moi-même envie de puiser dans nos anciennes traditions et donner à la femme marocaine moderne l’opportunité de mettre des tenues opulentes inspirées d’autres époques.

Comment avez-vous effectué vos recherches ?
En réalité, mes travaux de recherche ont été facilités grâce à Internet. J’ai aussi puisé dans l’artisanat marocain, toutes filières confondues. Je suis originaire de Tétouan, une ville célèbre pour son artisanat, notamment le zouak dit “ghannam” qu’on retrouve sur le bois, que ce soit des portes, des fenêtres, des plafonds, des fauteuils ou encore des miroirs. C’était le point de départ de mes recherches que j’ai affinées en m’inspirant également de la poterie peinte à la main ou encore des tapis berbères. J’ai aussi été soutenu par les artisans qui m’ont beaucoup aidé dans la réalisation de mes créations.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées et comment les avez-vous surmontées ?
Honnêtement, je n’ai pas croisé de difficultés majeures. Je pense que tout styliste confirmé arrive facilement à dépasser tous les obstacles qu’il peut rencontrer. D’autant que le Maroc est riche en culture
et en traditions qui peuvent nous servir de sources d’inspiration. Ma seule appréhension était d’assurer et de réussir à surprendre le public à nouveau en proposant une collection encore plus novatrice que la précédente. Une appréhension qui est à mon avis le secret de la réussite de tout styliste qui se respecte. J’ai confiance en moi certes, mais ce trac me pousse à donner le meilleur de moi-même.

Quelle est la particularité de votre collection ?
Je continue à travailler mes caftans de la même manière, toujours sur des tissus unis que j’agrémente de mes propres broderies. Ma collection est d’ailleurs totalement différente des créations des autres stylistes. Ce thème de “Vogue Zaman” m’a en fait donné envie de revisiter le passé. C’est dans cet esprit que j’ai
créé les ceintures en bois que je considère comme la pièce maîtresse de ma collection. Ces ceintures sont agrémentées de cadenas qui ajoutent une touche originale à mes caftans. J’ai par ailleurs allié Vogue et Zaman dans toutes mes créations. Mes caftans se caractérisent ainsi par des coupes modernes qui épousent les courbes du corps afin de mettre la femme en valeur. Les épaules et les manches sont inspirées de la mode des années 80. Le côté Zaman est quand à lui accompli à travers des broderies
uniques inspirées de l’artisanat marocain auquel j’ai rajouté ma touche personnelle. Je n’ai utilisé ni aâkad ni sfifa. Ce qui différencie davantage mon style de celui des autres créateurs.

Combien coûte la préparation d’une collection pour Caftan ?
Préparer une collection destinée au défilé Caftan coûte cher. On a beau être économe, on ne le sera plus dès lors qu’il s’agira de réaliser les tenues présentées à cette occasion. Et puis quand on crée, on ne compte pas. On veille à choisir les étoffes les plus nobles qu’on agrémentera de skalli et de perles de Swarovski. C’est donc tout à fait impensable de se dire qu’on peut préparer un tel événement avec un budget limité. Sachez qu’il faut compter au minimum entre 45 et 50 000 dirhams par tenue pour un tel événement.

Qu’avez-vous éprouvé face à votre seconde participation ?
Je ne peux vous décrire ma joie de voir mes créations défiler sur le podium de Caftan pour la deuxième année consécutive. Je ne vais pas vous mentir, je n’étais pas sûr que mon dossier soit choisi. Il y
avait énormément de candidatures. Cela me rend d’autant plus fier de figurer à cette grand-messe du caftan. C’est un moment magique.

Quel est votre sentiment à la veille de Caftan ?
J’appréhende vivement le moment où le public découvrira mes tenues. Je suis aussi très content car la collection a beaucoup plu aux organisateurs de l’événement. Ce qui me rassure. Ainsi je reste très optimiste.

Pensez-vous qu’il y a un avant et un après Caftan ?
Une chose est sûre, Caftan vous élève au rang des stylistes de la haute couture, car c’est bel et bien le plus grand événement de mode au Maroc. Il y a donc eu effectivement un avant et un après Caftan
pour Romeo. Mes tenues ont été très appréciées. Certains modèles ont connu trois ou quatre commandes. Les Marocains résidents à l’étranger ont également beaucoup aimé mon travail et nous avons reçu de très vives félicitations et de nombreuses marques d’encouragement. Je vous avoue que ma vie a changé depuis ma participation à Caftan l’an dernier.

Quels sont vos projets aprèsCaftan ?
Pour l’instant je ne pense qu’à une chose : me reposer (rires) ! Je m’attellerai ensuite à préparer
la collection spéciale djellaba pour le mois de ramadan. En parallèle, je serai aussi en pleine préparation de ma collection Automne-Hiver de prêt-à-porter. Celle-ci sera présentée dans mon nouveau showroom qui a été inauguré récemment à Tétouan et qui porte le nom de la marque éponyme Romeo Home.

Comment imaginez-vous le caftan dans20 ans ?
Je pense qu’il y aura toujours de l’innovation. La culture marocaine est particulièrement propice à la créativité. Dans vingt ans, je pense que les stylistes seront toujours aussi créatifs et aussi inventifs. Le
caftan gardera certes son authenticité, mais il sera constamment remis au goût du jour avec beaucoup d’élégance grâce au doigté des stylistes marocains.

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