Dans son malheur, Jinan a eu la chance de parvenir à s’enfuir et de pouvoir témoigner pour toutes celles qui sont encore esclaves du pseudo Etat islamique. Dans un livre écrit avec le journaliste Thierry Oberlé, à paraître demain en France (Esclave de Daesh, éditions Fayard), la jeune Yazidie de 18 ans raconte l’horreur de cette traite du XXIe siècle. Enlevée fin 2014, Jinan a passé 3 mois aux mains de Daesh en Irak. Elle est d’abord achetée par deux hommes, dont l’un est imam, qui l’enferment avec d’autres dans une maison. "Nous étions frappées, enchaînées dehors en plein soleil, forcées à boire de l'eau dans laquelle baignaient des souris mortes. Parfois, ils nous menaçaient de nous torturer à l'électricité. Ces hommes, ce ne sont pas des humains. Ils ne pensent qu'à la mort, à tuer. Ils prennent sans arrêt des drogues. Ils veulent se venger de tout le monde. Ils affirment qu'un jour leur État islamique régnera sur le monde entier ", raconte-t-elle.
À Mossoul, elle se retrouve dans un marché aux esclaves : un immense salon à colonnades où des dizaines de femmes attendent devant des combattants qui commentent la marchandise. « Elle a de gros nichons, celle-là. Mais je veux une yazidie aux yeux bleus. Avec un teint pâle. Ce sont les meilleures, à ce qu'il paraît. Je suis prêt à mettre le prix qu'il faudra. » Jinan se souvient y avoir aussi vu des occidentaux.
Témoin des conversations entre ses « maîtres » qui ne savent pas qu’elle comprend l’arabe, la jeune femme rapporte des informations sur le business lucratif de la traite des femmes. L’un des geôliers, Abou Omar, regrette que seuls les hommes de Syrie, de Turquie et du Golfe puissent acquérir plus de trois femmes, ceci pour « favoriser le business » et leur permettre de rentabiliser le déplacement et les frais.
Jinan vit aujourd'hui dans un camp de réfugiés yazidis au Kurdistan irakien. Elle souhaiterait que son peuple puisse obtenir une région où vivre sous protection internationale.