“Je m’appelle Nour. Chez moi, on est prostituée de mère en fille”. La narratrice du dernier roman de Rachid Benzine, « Dans les yeux du ciel » est une fille de joie, obligée d’exercer le plus vieux des métiers du monde pour vivre. Se déroulant au temps des révolutions arabes, le roman donne la parole à Nour, une femme marginale et marginalisée, qui est le témoin des soubassements de la société, de ses tragédies et de ses combats. Sa voix devient l’écho de ce soulèvement et son corps, comme l’explique l’auteur, le réceptacle de ce soulèvement. La narratrice incarne ainsi tous les mensonges, les drames et les complexités de cette société qui se soulève, et elle parle, de ses clients, de son ami homosexuel et blogueur, de sa mère prostituée avant elle, de sa fille, de ce destin qu’elle veut faire dérailler, elle parle à Dieu aussi. Car Nour croit en Dieu et prie.
C’est une “plongée lumineuse dans l’univers d’une prostituée qui se raconte, récit d’une femme emportée par les tourments de la grande Histoire, Dans les yeux du ciel pose une question fondamentale : toute révolution mène-t-elle à la liberté ? Et qu’est-ce finalement qu’une révolution réussie ? Un roman puissant, politique, nécessaire”, peut-on lire sur la quatrième de couverture de ce roman qui dénonce les travers de la société et ses préjugés envers l’homosexualité.
« Dans les yeux du ciel » de Rachid Benzine, Ed. Le Seuil, 176 pages.