On vous connaît davantage comme réalisateur, romancier et artiste. Qu’est-ce qui vous a poussé à changer de registre en diffusant votre premier podcast ?
Quand j’avais 18 ans, je publiais des articles critique sur le cinéma et j’ai trouvé intéressant de revenir à cette forme d’analyse, cette fois-ci, sur la société par le biais d’un regard sociologique. « Culture Batata » est une idée qui a germé il y a quasi 9 mois mais je n’avais pas trouvé le temps pour écrire et aussi, la bonne équipe, mes projets étant toujours des aventures humaines. J’y ai choisi le podcast, un genre nouveau au Maroc, qui est un outil formidable en matière de création avec ses codes et ses approches. Y est né un podcast perché et frénétique.
Mais à qui s’adresse « Culture Batata » ?
« Culture Batata » est une œuvre citoyenne et punk avec un verni à la Homer Simpson. Il y est question d’attaquer de front la connerie de la société, ses atavismes, sa sournoiserie, d’embêter un maximum d’individus et de gripper un maximum de rouages du pilotage automatique qui domine nos quotidiens. Pour autant, je n’y prêche pas pour ma paroisse mais je m’adresse aux jeunes urbains ainsi qu’à tous ceux qui ne sont pas d’accord avec moi. C’est une manière d’échanger. N’oublions pas que le dialogue fait la civilisation et non la voix à l’unisson.
« Culture Batata » ressemble à un gros coup de gueule notamment envers une partie de la classe féministe. Que leur reprochez-vous ?
Le thème que j’ai choisi pour ce premier épisode, à savoir, le féminisme, est un problème épineux qui va faire grincer beaucoup de dents. Dans ce podcast, je m’adresse aux féministes de pacotille. Je les distingue du vrai féminisme porté notamment par Fatima Mernissi que j’admirais beaucoup. Je suis un pur féministe élevé par ma mère et je suis dérangé par cette sphère qui se revendique en faveur de la cause des femmes, mais est absorbée par le système. Elle est là pour profiter. Les valeurs soi-disant défendues deviennent ainsi des valeurs marchandes pour une catégorie de femmes et d’hommes dont j’ai moi-même été confronté lors d’un projet qui a été au final annulé en raison d’une bataille effrénée entre eux pour accéder au trône. Aussi, je trouve cette sphère tout simplement malhonnête, d’autant plus lorsqu’on voit dans quel univers elle vit. Il était important de remettre les pendules à l’heure. Mais c’est mon point de vu, surlignant en gras une tendance d’une partie de la société à vouloir sauver la veuve et l’orphelin sans y avoir le temps et l’envie. Je n’adhère pas non plus au concept suivant : prendre un « kit » étranger qu’on va essayer de plaquer au Maroc. La greffe ne prend pas. Pourquoi s’étonner ? Je pense qu’il faut plutôt être dans la générosité de compréhension : Dans quelle société vivons-nous ? Qui nous sommes ? Comment transformer ces mécanismes de l’intérieur ? Il ne faut pas forcément chercher à tout abattre mais plutôt déboulonner quelques tracés qu’on n’arrive pas à se débarrasser.
Vous comptez diffuser chaque mois un épisode dans lequel des invités se joindront à vous pour parler de sujets « sans intérêts », comme vous le qualifiez. Que doit-on alors attendre dans le prochain épisode ?
Le prochain sera consacré à la mort. Nous vivons dans un pays où il faut mourir pour être célébré. Vous imaginez, il y a des gens qui crèvent et deviennent ainsi inoffensifs pour être applaudis. Un proverbe marocain y fait référence en disant que lorsqu’une personne meure, ses jambes deviennent plus grandes. Elle devient ainsi un monument. C’est toute l’hypocrisie du monde arabe. Bref, à « Culture Batata », on abordera tous les thèmes. Et je conclurai avec une citation de Léo Ferré que j’adore : « Le désespoir est une forme supérieure de la critique ».
Le premier épisode en avant-première :