Pensez-vous que la promotion de l’artisanat passe inéluctablement par les plateformes en ligne ?
Devant cette pandémie, nous n’avons pas eu le choix que de nous adapter pour pouvoir continuer à exporter nos produits. Comme partout dans le monde, nous étions dans le flou total au cours des deux premiers mois. Nous ne savions pas trop comment nous allions nous en sortir. Nous nous sommes mis à fond sur notre e-shop pour sauver nos longues années de labeur et de sacrifice. Nous avons également profité de tous les outils Instagram comme les stories ou les highlights pour augmenter la visibilité de notre marque et renvoyer vers notre site marchand.
De manière générale, nous vendions déjà tant aux professionnels qu’aux particuliers via notre site internet, car nous estimons que c’est la meilleure vitrine pour nous faire connaître dans le monde entier.
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Quel effet la pandémie du Covid-19 a-t-elle eu sur votre activité ?
La pandémie nous a permis de nous remettre en question et d’opter pour les bons choix : l’humain, l’artisan et le e-commerce. Si pendant le premier mois, l’activité a considérablement baissé, laissant la planète dans une terreur et une incertitude absolues, nous avons constaté que nos ventes sur notre e-shop augmentaient considérablement dès le mois d’avril. Tout cela nous a incité à repenser notre stratégie commerciale.
Comment les médias sociaux ont-ils contribué à la promotion de votre entreprise ?
Nous avons la chance d’être très suivis sur les réseaux sociaux avec un taux d’engagement très fort. Nos followers nous soutiennent et partagent depuis toujours. Ils proviennent de tous les horizons et ils nous ont aidées à être visibles sur la scène internationale. Nous les avons habitués à aimer notre Maroc, à voyager avec nous, à apprécier ses valeurs, et ils nous ont suivies…Et bien sûr, le combo taux d’engagement/présence sur les réseaux sociaux se concrétise par des ventes e-commerce. Aujourd’hui, plus de 35% de nos ventes en ligne proviennent de la famille des applications de Facebook.
Quel bilan dressez-vous de vos actions digitales ?
Que du positif. Notre e-shop et nos pages Instagram et Facebook nous ont permis de continuer notre aventure malgré le confinement. Il faut aller de l’avant et regarder toujours vers le futur. Avec ce que nous sommes en train de vivre, il n’est pas difficile de comprendre que la prochaine révolution sera digitale…, et nous sommes prêtes !
Vous avez lancé au cours de cette période la campagne “Save the Medina”. Pourriez-vous nous expliquer les grandes lignes de cette initiative ?
C’était le moment de parler de nous, de nos peurs, de nos craintes pour le Maroc, pour l’artisanat. Nous avons repris en main notre compte Instagram, car nous n’avions plus les moyens de le déléguer à une agence… Tout s’est fait naturellement. Nos followers ont compris qu’il se passait aussi quelque chose, que nous partagions plus nos craintes et ont compris que nous étions bien déterminées à ne rien lâcher. Nous étions conscientes que nous devions partager cette mise en lumière avec toute la chaîne humaine qui travaille avec nous au quotidien depuis de nombreuses années. Tous ces artisans, abandonnés et dans le flou total… C’était inconcevable que nous ne leur tendions pas la main. Nous avons réfléchi, chacune de son côté à la meilleure façon de procéder… le projet #savethemedina est né. Nous avons trouvé des solutions logistiques, pour faire bénéficier les autres artisans de la visibilité de notre plateforme. Nous avons également partagé leurs créations sur Facebook & Instagram en utilisant le #SaveTheMedina.
L’entraide et la solidarité sont des valeurs que vous défendez. Pourriez-vous nous en dire plus ?
Absolument, cela fait partie de l’ADN et de l’éthique même de Chabi Chic. Nous venons récemment de conclure un partenariat avec l’association Amal, qui aide à la reconversion des femmes en reversant 2% de toutes nos ventes e-commerce. Nous ne pouvons pas concevoir d’utiliser les atouts du Maroc sans en partager les retours avec les personnes en relation directe avec notre ascension. Chabi Chic ne serait rien sans eux.
Comment parvenez-vous à réinventer l’art de la table ?
L’aventure a commencé avec la création d’une ligne de vaisselle aux motifs traditionnels zwak marocains ou rayés, faite à la main par des artisans locaux. Puis, au fil des années nous avons revisité cet art typique en ajoutant des palettes de couleurs plus actuelles. Des objets du quotidien aux formes plus modernes se sont ajoutés pour sublimer cette vaisselle traditionnelle. Depuis ses débuts, la marque cultive une mode authentique et chic.
Après la vaisselle revisitée tout en gardant son cachet marocain, vous vous êtes penchées sur les accessoires pour femmes, le linge et les cosmétiques. Comment abordez-vous chacune des gammes que vous présentez ? Ne craignez-vous pas de dénaturer le produit local ?
Bien au contraire, notre leitmotiv est et a toujours été de conserver l’âme et l’authenticité du Maroc. Cela implique de prendre en considération dans notre lifestyle toutes les facettes de la richesse marocaine : beauté avec ses secrets naturels (argan, ghassoul, fleur d’oranger…), mode avec ses caftans vintage que nous proposons, linge avec les broderies traditionnelles, gastronomie avec l’épicerie (ras el hanout, miel, safran, etc.) Il n’a vraiment pas été très compliqué pour nous de sublimer tous ces univers qui sont naturellement si riches.
Comment voyez-vous le développement de votre activité dans le futur ?
Nous allons continuer à mettre en valeur le Maroc à l’international, améliorer notre e-shop, et partager nos valeurs.