D’entrée de jeu, on nous souffle que la DGSN est un exemple en matière d’employabilité des femmes.
Actuellement, de toutes les administrations publiques, la police est celle qui recrute le plus de femmes, tous grades confondus. De quoi nous calmer, nous autres féministes à l’affût du moindre relent de sexisme. Et l’on n’est pas au bout de nos surprises…
Si la femme a toujours travaillé dans la police, ce n’est qu’au début des années 2000 que des perspectives d’évolution sérieuses s’ouvrent à elles. Des fonctions de secrétaires et d’auxiliaires, elles accèdent aux grades de gardienne de la paix, d’inspectrice, d’officier et même de commissaire.
Femme préfet de police ? directrice de la DGSN ? Une probabilité d’évolution qui n’étonne plus personne… à part nous.
De la difficulté du métier
Il serait naïf, par contre, de croire que le changement a été évident pour nos sœurs. La femme policière a dû déployer bien plus d’énergie que son confrère, d’abord pour casser l’image de la fonctionnaire adepte du moindre effort, puis pour prouver sa compétence à niveau égal de responsabilité.
“La femme policière a dû mettre les bouchées doubles pour arracher sa reconnaissance, que ce soit de la part de ses collègues ou des citoyens”, nous dira une chef de brigade questionnée. Et d’ajouter : “Comme dans tous les métiers, en fait”.
Il nous faudra faire preuve de subtilité et de beaucoup de tact pour amener ces dames à avouer quelques soucis d’ordre sexiste et autres mésaventures liées au genre, des avances des citoyens hommes jusqu’au dénigrement de certaines femmes qui manifestent plus de respect pour les subordonnés masculins.
“Ce sont là des travers de la société patriarcale dans laquelle nous vivons”, conclut une jeune (et jolie) policière des postes-frontières.
Nous apprendrons, à travers les témoignages recueillis et des recherches dans les déclarations des cadres féminins de la police en France, en Belgique, au Canada ou aux États-Unis, que la condition de la femme policière au Maroc est loin d’être la pire.
“L’arrivée des femmes dans les organisations policières est venue ébranler les traditions typiquement masculines des forces de l’ordre. Elle a été perçue comme une menace compromettant le travail, les façons de faire, le statut social et l’image des hommes de l’intérieur, et comme une humanisation de la police de l’extérieur”, nous apprendra le cours du professeur Stéphane Leman-Langlois, de l’école de criminologie de l’université de Montréal.
Un constat assez différent est fait au sein de la DGSN. Si “la vieille génération de policiers avait du mal à intégrer la présence féminine au sein de la DGSN, la nouvelle vague relègue le genre aux oubliettes. Il n’y pas non plus de favoritisme à l’égard de nos collègues femmes.
Celui qui vous dira le contraire fera preuve de mauvaise foi”, nous dira un commissaire rencontré dans l’une des directions visitées.
Pourquoi les femmes dans la police ?
Si l’on se demande encore pour quelle raison la police recrute des femmes aux postes à responsabilité, c’est qu’on ignore tous les aspects du métier de policier. En effet, cette fonction est souvent liée au maintien de l’ordre par la force et malheureusement, à une image répressive en totale inadéquation avec les objectifs de l’organisation policière.
Nous ne disposons pas de statistiques ou d’études émanant de la DGSN, mais d’autres organisations policières de par le monde ne nous laissent aucun doute. L’introduction des femmes a bel et bien modifié le traitement quotidien des problèmes des citoyens, en particulier grâce à leur sens de l’écoute, leur empathie et leur nature peu encline à la violence.
Sans parler de l’incontestable efficacité dans la gestion des affaires liée à la violence faite aux femmes… ou par les femmes.
De plus, la “féminisation” de la DGSN contribue fortement au changement de l’image de la police, mettant en confiance des citoyens en détresse. Il s’agit donc d’une adaptation cruciale qui ne se limite pas à une simple action ponctuelle pour se payer une image progressiste.
Aujourd’hui, non seulement la femme est admise, mais on lui reconnaît des vertus et des compétences à même d’améliorer le fonctionnement d’une administration aussi importante que la DGSN.