Ce que le cinéma fait de la femme arabe

Quatre films marocains ont été projetés à l’occasion de la 14ème édition du Festival International du Film de Marrakech.

Elles sont nombreuses, les études qui dénoncent l’image de la femme dans les médias et l’art au Maroc. Nombreux sont, aussi, les acteurs culturels, médiatiques et universitaires qui pointent du doigt la redondance de clichés et de stéréotypes désavantageux pour la gent féminine. Misérabilisme, victimisation, ignorance, croyances magiques, débauche…, tant de tares lui sont attribuées sur les petits et grands écrans, si bien que si l’on écarte toute malveillance dans le processus créatif, l’on ne peut que déplorer le peu de cas qu’il fait de l’émancipation toujours croissante de la femme.

Bien que la création doive par essence échapper à toute forme de tutelle morale, il est essentiel de signaler que certaines représentations contribuent à normaliser la violence de la société et ses codes patriarcaux et misogynes.
À l’occasion du Festival du Film de Marrakech, nous avons veillé à décortiquer l’image de la femme dans les quatre films marocains projetés.

La militante, la greluche et la catin

“La moitié du ciel”, film hors compétition d’Abdelkader Lagtaâ, est l’adaptation du livre “La liqueur d’aloès”, de Jocelyne Laâbi. La narration, de ce fait, lui revient tout au long du film qui met en lumière la lutte des femmes et mères des détenus politiques, ainsi que leur participation au militantisme à cette sombre époque de l’histoire du Maroc. Et c’est un combat de tous les jours pour arracher des droits de visite, un meilleur traitement ou simplement l’accès aux livres. Même court, un bel hommage est rendu à la mémoire de Saïda Menebhi, figure du militantisme politique décédée à l’âge de 25 ans dans les geôles des années de plomb.

 “Un pari pimenté”, de Mohamed Karrat, est une mièvrerie romantique dont le casting oppose diamétralement la dulcinée, gentille et féminine, à l’androgyne surprotectrice aux gestes brusques et à la violence prononcée. Le film commence pourtant par une belle scène d’arts martiaux opposant Asmaa Khamlichi à deux brigands. On aurait aimé découvrir une Nikita made in Morocco, plutôt que de basculer dans la niaiserie. Une comédie légère, dira-t-on. Mais faut-il pour autant céder à la facilité ?
Dans “L’orchestre des aveugles”, mise à part la pâle présence de la mère (Mouna Fettou), c’est la chikha qui donne le ton au film. Plus ou moins respectée, plus ou moins légère, elle n’a que peu à dire. Mais c’est là une histoire inspirée du vécu de Mohamed Mouftakir, et l’on peut comprendre qu’il se soit limité à transmettre ses souvenirs.

Dans “Karyan Bollywood”, premier long-métrage de Yassine Fennane, les personnages féminins ne révèlent rien de bien nouveau. Les protagonistes femmes sont soit riches et dépressives, soit pauvres et putains. S’agit-il d’une formule qui marche ? ou d’une classification des femmes dans la tête du réalisateur ? Dans un cas comme dans l’autre, on n’est pas sorties de l’auberge…

De quelle évolution parle-t-on ?

Il serait difficile de tracer une courbe de changement de l’image de la femme dans le cinéma marocain. D’abord en raison de l’absence d’une grille de critères spécifiques d’évaluation académique, autant sur le plan sociologique que psychologique, mais également du fait de la concomitance de films à forte connotation féministe et leurs parfaits contraires. On aura vu en même temps des films tels que “Femmes et femmes”, où des amies de conditions différentes sont confrontées à des problématiques contemporaines, et “À la recherche du mari de ma femme” qui lui, normalise avec la polygamie et en fait une situation non seulement soutenable, mais presque agréable.

Dans ce même genre de longs-métrages qui retranscrivent sans esprit critique les schémas sociétaux, on retrouve “Bougouffa”, sur un violeur ex-taulard qui épouse sa victime enceinte, contente et même amoureuse, sous la bénédiction du père et les youyous de l’entourage. Une histoire qui rappelle celle, tristement fameuse, de la défunte Amina Filali. Et les exemples sont légion.

Plus timides sont les films qui mettent en vedette des personnages féminins. Parmi ceux qui mériteraient d’être connus, “Kharboucha”, chanteuse d’Aïta qui a bravé la tyrannie du caïd Aïssa Ben Omar et qui a fini par être emmurée vive, chantant la liberté et la dignité jusqu’au dernier souffle. Hamid Zoughi fait là un travail de mémoire en même temps qu’un grand film, détruisant l’image de la femme soumise. Hélas, il n’a pas rencontré le succès escompté.

À quoi tient le changement ?

Il est faux de croire que l’image de la femme souffre de stéréotypes dans le cinéma marocain uniquement. D’autres acteurs intéressés par l’approche genre de par le monde se sont déjà posé la question. De nombreux articles discutent de la misogynie du cinéma européen ou américain et de la manière d’en finir. Parmi les pistes étudiées, celle de l’encouragement de la création féminine revient souvent. Mais est-ce vraiment suffisant pour changer d’image de la femme dans le cinéma ?

De par l’histoire du grand écran, les films ayant exprimé le plus d’empathie pour la gent féminine étaient signés par des hommes. Et les femmes derrière la caméra ou dans le script n’en finissent pas forcément avec les stéréotypes, probablement pour éviter l’étiquetage féministe.  
Cela dit, le peu de présence féminine dans le métier laisse à penser que le changement n’est pas impossible. Notons que dans le cinéma marocain, les rares réalisatrices ont déjà abattu un travail important et ont contribué considérablement à la diversification de la représentation de la femme dans le cinéma marocain. Citons, à titre d’exemple, les figures rebelles de Narjiss Nejjar, dans “Les yeux secs” et “L’amante du Rif” ; de Leila Marrakchi, dans “Marock” ; ou encore de Leila Kilani qui donne à voir des éclats de vie réelle de femmes réelles, loin de la plastique parfaite exigée dans le métier…

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