Biennale de Rabat Honneur aux femmes !

La première Biennale internationale de Rabat s’est ouverte le 24 septembre dernier dans 11 lieux de la capitale. La manifestation intitulée “Un instant dans le monde” met en avant la créativité féminine et l’art dans tous ses états.

“As long as following our rules is more important than following our hearts, I will be a feminist.” Écrite en arabe et en anglais et ornant la façade du Musée Mohammed VI d’art contemporain, la phrase tissée en tulle rose par Katharine Cibulka annoncer d’emblée le ton de cette biennale qui se veut résolument féministe, féminine, mais aussi et surtout une ode aux artistes de différentes sensibilités. Une soixantaine d’artistes femmes sont ainsi réunies autour de la thématique Un instant avant le monde. “Par ce geste radical, la Biennale se veut l’endroit, à l’échelle mondiale, où s’écrit une nouvelle histoire de l’art à partir des revendications, des imaginaires, des rêves et des récits des artistes femmes. C’est aussi l’espace pour faire avancer les droits des femmes à l’égalité”, explique l’historien d’art et philosophe Abdelkader Damani, et qui est le commissaire général de la Biennale.

Pour donner la pleine mesure de la créativité féminine et de leur rôle déterminant dans le changement du monde ou plutôt comme le souligne avec force le commissaire de l’exposition, “proposer une alternative : non plus changer le monde, le transformer ou le pervertir mais prendre la décision d’en écrire un nouveau.”

Ce nouveau paradigme est interprété par 63 artistes et collectifs d’artistes, issues de 27 nationalités différentes et de nombreuses disciplines. Parmi celles-ci, des plasticiennes et peintres (Mona Hatoum, Etel Adnan, Marcia Kure, Ghada Amer, Zoulikha Bouabdellah, Amina Benbouchta, Candice Breitz), de sculptrices (Sara Favriau, Ikram Kabbaj), des cinéastes et vidéastes (Tala Hadid, Habiba Djahnine…), des chorégraphes, metteuses en scène et performeuses (Bouchra Ouizguen, Séverine Chavrier…), des photographes (Deborah Benzaquen, Mouna Jemal Siala ) et des artistes digitales (Naziha Mestaoui), mais aussi des architectes (Black Square, Manthey Kula, Zaha Hadid, Maria Mallo…).

En ce 23 septembre, le moment est solennel. Le Musée Mohammed VI d’art contemporain ouvre ses portes en avant-première à la presse, et nous fait découvrir sa première salle. Et c’est une remontée dans le temps vers l’année 1968, et une projection vidéo du concert exceptionnel de la cantatrice Oum Kelthoum donné devant le public rbati, envoûté et enflammé. Ce même soir, dans ces lieux touchés par la grâce de la musique, l’artiste franco-tunisienne Mouna Jemal Siala a partagé une performance artistique célébrant les corps aimants.

Notre déambulation dans ce haut lieu de l’art se poursuit, et nos pas nous conduisent vers les toiles colorées d’Etel Adnan et des œuvres noir et blanc de l’architecte Zaha Hadid. Plus loin, ce sont les œuvres de l’artiste nigériane Marcia Kure qui nous interpellent. Trois femmes puissantes, mère de guerrier ou combattante que l’artiste a suturé à grands coups d’aiguille. Nos yeux accrochent une autre œuvre de l’Égyptienne Ghada Amer, une toile brodée met en avant des silhouettes féminines aux postures suggestives. Ensuite, ce sont des scènes de la vie quotidienne qui habitent les toiles de l’algérienne Fella Tamzali Tahari. L’oppression masculine y est palpable, comme c’est le cas dans les œuvres de Amina Rezki. Le trait fin de l’artiste restitue fidèlement des émotions humaines. Là, ce sont des petits soldats esquissés qui encerclent un corps féminin peinant à s’épanouir. L’artiste Khadija Tanana a choisi pour sa part un espace quasi sépulcral pour présenter une éblouissante fresque…

Et que ce soit l’installation performance de Majida Khettrai intitulée “Almahd”, dont la signification ésotérique évoque l’esprit divin ou encore l’installation aérienne de Safae Erruas, faite de dizaines de cocons de vers à soie suspendus, toutes les œuvres exposées invitent à marquer un temps d’arrêt et à retenir son souffle pour mieux admirer cet “Instant dans le monde”.

Rabat, artiste de la Biennale

La Biennale internationale de Rabat a aussi poussé les murs du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) pour investir 11 autres lieux, comme la Galerie de la Banque populaire où les céramiques de la designer et architecte irakienne Rand Abdul Jabbar revisitent une mémoire patrimoniale, le musée des Oudayas où une autre expression artistique se dévoile, avec la pièce “Éléphant” de la chorégraphe  Bouchra Ouizguen, brillante d’une féminité parfaitement assumée. 

Pendant trois mois, la Biennale se posera donc non seulement  au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain son adresse de prédilection, mais également à la Villa des arts, à l’Espace Expressions CDG et l’espace d’exposition du Crédit Agricole. Rabat est pour sa part célébrée comme une artiste de la Biennale, avec la création d’un parcours conçu en fonction de la “colorimétrie” de la ville et de ses sites historiques emblématiques comme :  Borj Lakbir (fort Rottembourg) surplombant l’océan ou encore le musée et le site des Oudayas.

Plusieurs des œuvres de ce festival international des arts vivants sont des productions réalisées spécialement pour la Biennale, quand d’autres sont prêtées par des institutions internationales de renom. 

Le Parlement des écrivaines

Trois cartes blanches enrichissent le propos de la Biennale, en prolongeant le questionnement des paradigmes de l’art, à ceux du commissariat d’exposition. Le commissaire général a donc confié ces cartes blanches à des artistes, dans trois disciplines : Mohamed Elbaz pour les arts plastiques, Narjiss Neijjar dans le domaine du cinéma, Faouzia Zouari et Sanae Ghouati pour une carte blanche littéraire. Celle-ci sera déclinée à travers un “Parlement des Ecrivaines”, prévu le 18 décembre 2019 pour clôturer en beauté la Biennale.

Par ailleurs, de nombreuses romancières, poétesses se sont prises au jeu de réécrire le monde “un instant avant”. Les poèmes et romans courts ainsi crées seront lus par les auteures elles- mêmes au sein d’une exposition sonore et présentés au Musée de l’Histoire et des Civilisations de Rabat.

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