Avishay Benazra La fureur de jouer

Comédien, humoriste, musicien, auteur-compositeur, à seulement 30 ans, Avishay Benazra tient le rôle principal de L’orchestre de minuit, le dernier film de Jérôme Cohen Olivar. L’étoile montante du cinéma s’est livrée à Femmes du Maroc.

Le regard vert d’eau se pose, lumineux, au milieu d’un visage mat aux traits harmonieux alors que je le rejoins à la terrasse du café où il attend sagement mon arrivée. Beau : c’est le qualificatif qui revient dans la bouche de ses proches pour décrire Avishay Benazra. Et c’est en effet devant un jeune homme aussi beau que James Dean que je prends place. Une réputation qui a cependant le don de l’agacer. “Je n’aime pas trop cette étiquette de beau gosse que l’on m’a collée, même si c’est un atout. Je pense que la beauté est subjective. ça va faire cliché mais je crois que l’âme est plus importante que le physique. Ce que dégage une personne, sa profondeur… La beauté est la chose la plus éphémère du monde. Cela me dérangerait qu’on me limite à ça.”

Un look de prince charmant qui ne souhaite pas qu’on le cantonne à des rôles de prince charmant. Le comédien, qui a débuté sur les planches du théâtre de la F.O.L à Casablanca à seulement 13 ans, a plus d’une corde à son arc. En tant qu’humoriste, il a déjà joué dans les cafés théâtres parisiens. Mais il est aussi guitariste et percussioniste dans un groupe, auteur-compositeur  et diplômé du cours Florent à Paris.

“J’ai su tout petit que je voulais faire de la scène. Quand je regardais un film, je voulais jouer tous les personnages à la fois. Je suis prêt à devenir n’importe qui pour composer un rôle, même une journaliste en train de réaliser une interview (rires). Mais je refuse de faire de la figuration. Je veux faire du cinéma, pas seulement en vivoter.”

Un rôle et une rencontre

C’est en 2013 que le rêve se concrétise. Jérôme Cohen Olivar, réalisateur de Kandisha, le contacte pour le casting du premier rôle de L’orchestre de minuit. “Jérôme m’a observé sous toutes les coutures durant près d’une semaine, dit-il dans un sourire. Il est bien plus qu’un réalisateur pour moi. Il m’a beaucoup appris tout en me faisant confiance. Un réalisateur est comme un musicien et je suis son violon. Il a su me faire jouer et résonner de la manière la plus juste pour ce rôle”, raconte Avishay.

Porté par ce premier succès, tout s’enchaîne pour le jeune comédien. Il a tourné dans une comédie romantique qui sortira en 2016 et a passé avec succès le casting d’un opéra rock futuriste, Khantora, qui se produira au Zénith de Paris en 2016. Avishay, future star française ? France ou Maroc, son cœur et son art ne balancent pas, ils s’ouvrent sur le monde.

Un mosaïque identitaire

“En tant qu’artiste, je cherche à percer là où les portes s’ouvrent. Je dois tout au Maroc mais j’ai aussi reçu une éducation française, canadienne, juive marocaine et une partie de ma famille vit en Espagne où j’ai des attaches. Je suis un artiste-mosaïque, un citoyen du monde. Le cœur au Maroc, le corps en France où je vis, l’âme à Montréal, à Tel Aviv, à Malaga… Tous ces endroits me construisent un peu plus chaque jour. J’interprète de façon positive ce qu’on pourrait appeler un trouble identitaire en cultivant ces différentes facettes”, explique le jeune homme.

Une drôle de coïncidence ? Michaël, son personnage dans L’orchestre de minuit, est le fils d’un célèbre musicien juif marocain qui a quitté le Maroc avant d’y revenir en quête de son identité. “Ce fut très troublant de constater cette ressemblance entre mon personnage et moi. Musicien, il a aussi étudié la finance, il a une allure forte, solide mais il est fragile à l’intérieur. Je me suis beaucoup servi de ces ressemblances pour construire mon personnage. C’est ce qui a rendu ce travail encore plus passionnant.”

“Cherche un vrai travail !”

C’est ce que lui ont dit de nombreux amis alors qu’il s’entêtait à passer des castings et à courir entre les petits boulots pour s’en sortir.

“Après avoir terminé mes études, j’ai dû batailler auprès de mes amis et de ma famille pour imposer ce désir d’être artiste. J’ai tout sacrifié pour vivre ce rêve. Aujourd’hui, après avoir vu les résultats de mon travail, mes proches commencent à croire en moi.” C’est de cette confiance qu’Avishay se nourrit pour maintenir le cap. La rage de réussir et de réaliser son rêve a été la plus forte. Un James Dean marocain ? Le cinéma nous le dira.

L’Orchestre de minuit de Jérôme Cohen Olivar

Michael Abitbol a quitté très tôt le Maroc. Il a enfoui ses souvenirs au plus profond de lui comme des milliers de juifs qui ont quitté leur pays sans se retourner. De ces traditions, de cet humour judéo-arabe, de ce sourire méditerranéen, il n’a rien voulu garder. Mais quand il cherchera à revoir son père, il sera trop tard : Marcel s’est endormi à jamais, ne laissant derrière lui qu’un sombre mystère. À travers une course effrénée contre le temps, la vie, la mort, Michael va rencontrer les membres déchus de l’orchestre de son père et déchiffrer le mystère caché derrière l’héritage silencieux qu’il lui a légué.
Le film a déjà obtenu le Prix du Jury Œcuménique au Festival des Films du Monde à Montréal.
Sortie le 13 octobre au Maroc. Avec Amal Ayouch, Hassan El Fad, Avishay Benazra et la participation de Gad El Maleh.

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