Agatha Christie, la reine du crime

Agatha Christie a révolutionné le genre du roman policier en portant le crime à un haut degré d’intelligence et de sophistication. Elle est l’auteur anglais le plus lu après Shakespeare et le plus traduit dans le monde. Ses deux détectives sont devenus des héros : Hercule Poirot et Miss Jane Marple.

Qui ne connaît d’elle “Les dix petits nègres”, “Le crime de l’Orient Express”, “Mort sur le Nil”, “Le meurtre de Roger Ackroyd” et tant d’autres œuvres magistrales qui ont marqué toutes les mémoires ?

Avec 66 romans, 154 nouvelles et 20 pièces de théâtre, la plupart adaptés au cinéma, Agatha Christie s’est imposée comme la spécialiste des histoires policières sophistiquées. Des meurtres à l’architecture savante, un labyrinthe d’hypothèses et de fausses pistes, des intrigues complexes dans des ambiances élégantes et feutrées de la bourgeoisie anglaise constituent la griffe d’Agatha Christie. Face aux criminels, elle créé deux personnages exceptionnels d’intelligence et de perspicacité : Hercule Poirot et Miss Marple. Rien n’échappe à leur observation, à leur logique, à leurs déductions.

À l’origine, rien ne prédisposait Agatha Christie, issue de la bonne bourgeoisie anglaise à entrer dans la légende comme la “Reine du crime” ou “la Duchesse de la mort”. Agatha Mary Clarissa Miller naît le 15 septembre 1890 à Torquay, dans le comté de Devon en Angleterre, d’un père américain courtier et d’une mère britannique. Ses parents lui offrent une éducation soignée à domicile, notamment avec sa mère et une gouvernante française. Douée, la petite Agatha écrit très tôt des poèmes, des contes et des nouvelles. Enfant enjouée mais timide et solitaire, elle se passionne pour la lecture.

Un jour qu’elle est clouée au lit par une fièvre, sa mère lui met de force un carnet dans les mains et lui ordonne d’écrire une histoire. C’est ainsi qu’Agatha rédigera sa première nouvelle “The house of Beauty” qui a pour thème la folie et le rêve. S’ensuivent d’autres, toujours inspirées par le paranormal et le spiritisme que cultive sa mère. Ses manuscrits sont tous refusés. Sa sœur lui fait découvrir les histoires de Sherlock Holmes et la met au défi d’écrire un roman policier. Agatha en écrit un mais aucun éditeur ne l’accepte.

Un Christie pour Noël

En 1912, au cours d’un bal, elle rencontre le sous-officier Archibald Christie, séduisant aviateur de la Royal Flying Corps. Ils tombent amoureux et se marient le jour de Noël 1914, juste avant le départ d’Archibald au front, la 1ère Guerre ayant éclaté. Agatha s’engage comme infirmière puis assistante chimiste et devient pharmacienne. Sa connaissance des substances chimiques et des poisons va lui servir plus tard dans ses romans policiers.

Pendant son temps libre, elle écrit “La Mystérieuse Affaire de Styles” où apparaît Hercule Poirot pour la première fois. Publié, le livre lui vaut une certaine notoriété. Mais c’est en 1926, avec son septième roman “Le meurtre de Roger Ackroyd” qu’Agatha Christie connaît enfin un succès fulgurant et assuré. Dans ce livre, elle est la première à avoir fait de l’assassin le narrateur de son propre crime. Ses ouvrages vont alors se succéder au rythme de 3 à 4 par an dont toujours un pour chaque Noël, selon la célèbre formule : “A Christie for Christmas” (Un Christie pour Noël). Elle devient, à trente six-ans, la figure majeure du roman policier.

Sa force est d’avoir créé deux héros aux personnalités différentes mais tous deux détectives surdoués qui ont la faculté de dénouer les intrigues les plus ingénieuses par la psychologie et une rigueur quasi-mathématique : Hercule Poirot et Miss Marple. Célèbre pour sa moustache bien cirée, Poirot est un enquêteur de génie, maniéré et maniaque, au crâne ovoïde, aux cheveux teints, toujours impeccablement vêtu. Impassible et impénétrable, il est orgueilleux et très fier de “ses petites cellules grises”. Sa particularité est de mettre en scène de façon théâtrale la conclusion de chaque enquête : il réunit dans un salon tous les protagonistes de l’histoire et leur fait un exposé de tous les indices et les rouages de l’intrigue avant de mettre fin au suspense en désignant le coupable. Comme Sherlock Holmes et son fidèle Dr. Watson, Poirot est accompagné du Capitaine Hastings. Miss Marple quant à elle vit à la campagne. C’est une petite vieille, célibataire, douce et modeste. Elle passe son temps à jardiner tout en observant ses semblables. Dotée d’une grande intuition et d’une intelligence rare, elle arrive à démasquer, d’un air innocent et calme, les criminels les plus machiavéliques. En 1926, la vie privée d’Agatha bascule dans le chagrin quand sa mère meurt et que son couple se délite. Son mari a une liaison et lui annonce son intention de divorcer. Très affectée, elle disparaît. De gigantesques battues avec des policiers et 15.000 bénévoles sont organisées pour sa recherche. Retrouvée douze jours plus tard, elle prétend ne se souvenir de rien. Le mystère de cette disparition ne sera jamais éclairci.

Une passion pour l’archéologie

Après son divorce, elle part pour une croisière au Moyen-Orient. Sur le site de fouilles d’Ur, elle rencontre l’archéologue Sir Max Mallowan. De retour en Angleterre, il la demande en mariage. Elle hésite : elle a 15 ans de plus que lui, il est catholique alors qu’elle est anglicane divorcée. Ils se marient discrètement en septembre 1930. Elle va accompagner son mari dans toutes les campagnes de fouilles en Egypte, Irak, Syrie et devient passionnée d’archéologie et du Moyen-Orient. Ses connaissances vont lui servir en écriture, notamment dans le roman “Mort sur le Nil” et la pièce de théâtre “Akénathon”. Même en voyage, elle écrit beaucoup : des romans “Le mystérieux Mister Quin”, “Meurtre au soleil”, “Dix petits nègres”, “Le train de 16h40”, des pièces de théâtre “La souricière”, “Témoin à charge” (dont l’adaptation au cinéma sera nommée six fois aux Oscars), etc.

Certains critiques notent que l’œuvre d’Agatha Christie est imprégnée de xénophobie et de racisme et que des personnages étrangers y sont traités avec mépris. Même si elle s’en est défendue, la romancière ne fait que refléter la mentalité de son milieu culturel bourgeois et l’esprit colonialiste de l’époque.

Deux ans avant son mari, Agatha Christie décède le 12 janvier 1976, à l’âge de 85 ans, dans leur résidence près d’Oxford. Elle suit de peu la mort de ses héros : Hercule Poirot s’éteint en 1975 dans “Hercule Poirot quitte la scène” et Miss Marple meurt dans “La dernière énigme”. Par précaution ou orgueil, Agatha Christie n’a pas voulu que ses héros lui survivent et qu’ils soient exploités après elle.

Couverte de prix et d’honneurs, elle est notamment anoblie en 1976 par la reine Elisabeth II et devient Lady Agatha Christie.   

Selon le Guinness Book, elle détient tous les records : romancière la plus lue car la plus traduite dans le monde (plus de 50 langues), la plus vendue (près de 4 milliards d’exemplaires), à la cote la plus constante  (4 millions vendus par an encore à ce jour), la plus adaptée au cinéma et à la télévision (30 films et plus de 100 téléfilms), la pièce de théâtre jouée le plus longtemps sans interruption (La souricière).

Grâce à son œuvre, Agatha Christie a amassé une immense fortune, ce qui a fait dire à un historien : “Elle est la femme à qui le crime a le plus rapporté depuis Lucrèce Borgia.”

Mais l’héritage d’Agatha Christie se situe ailleurs : elle a donné ses lettres de noblesse au roman policier et stimulé chez nous avec plaisir “nos petites cellules grises”.

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