Situé à Casablanca, l’atelier de Youssef Drissi fait aussi office de lieu de vie. Une fois la porte d’entrée franchie, nous voilà plongés dans l’univers très décousu de ce designer à la créativité exubérante. Au milieu de la pièce principale cohabitent pêle-mêle cuisine, salon et atelier de couture. C’est donc dans cette ambiance loufoque et pleine de fantaisie que Youssef nous fait découvrir le laboratoire de ses créations toutes plus hurluberlues les unes que les autres.
(Dé)Cousu main
S’il nous parle avec fierté de “Lateforwork”, c’est que ce jeune designer de 26 ans a de quoi s’enorgueillir puisqu’il est un pur produit de mode marocaine. “Avant de me lancer à mon compte, j’ai travaillé pour plusieurs marques dont Zyne et en tant que styliste sur des tournages”, précise-t-il. En véritable ovni de la mode, Youssef défie les structures classiques du prêt-à-porter, en proposant non seulement de nouvelles idées et façons de porter le vêtement mais aussi de le ressentir et de le penser. “Lateforwork est née suite à mon projet de fin d’études qui avait pour objectif de mettre en opposition les espaces formels de travail et les courants jeunes des années 90”, explique le designer qui dépoussière la mode. “Lateforwork” prend donc ses racines dans le vestiaire bureaucratique et se réinvente dans le temps et à l’infini. Depuis la marque a fait du chemin, des podiums marocains à ceux de la Fashion Week de Dubaï, la griffe commence à s’internationaliser. Sans grande surprise, cette nouvelle capsule intitulée Afterwork est “l’exploration des humains après les heures de travail”, indique Youssef. Il y en a pour tous les goûts : si vous êtes du genre à rentrer chez vous après le travail, la nuisette devient un incontournable, elle se porte sur le pantalon ou accrochée à une veste. Et si vous faites partie de la team qui sort après le travail, la chemise classique se transforme en une juxtaposition de col et se fend à l’arrière. Quant au blazer, il se porte décousu et déstructuré.
Véritable remède à l’austérité et à la morosité de notre quotidien “Lateforwork” joue aussi sur le registre de la mode responsable. “La première étape, consiste à aller chiner les pièces en fripes pour m’inspirer”, explique le designer. De là commence le travail d’expérimentation. Il y a chez Youssef tout un processus de déconstruction et de reconstruction d’un vêtement, c’est d’ailleurs ce qui fait la signature de ce designer.
Inclusive et écoresponsable
De la Popeline, mais aussi et surtout de la draperie masculine, c’est ce que vous trouverez dans le vestiaire de “Lateforwork”. Inclusive et non genrée, la marque s’adresse à toutes les morphologies. Sur les portants qui meublent son intérieur, une pièce encore plus déjantée que les autres, attire notre attention. Il s’agit de sa pièce iconique, un trench long avec un énorme drapé agrémenté d’un patchwork de tissus.
Urbaine, anticonformiste et ne cessant de réinventer les codes vestimentaires de notre quotidien, “Lateforwork” s’adresse à une clientèle branchée qui s’affranchit des diktats. Tsunami de matières, patchwork de tissus et superposition de pièces, c’est ce qui caractérise cette marque qui détonne dans une industrie du prêt-à-porter encore trop monotone.