Père au foyer : une expérience “hors normes”

Longtemps cantonné à un rôle secondaire dans l’éducation des enfants, le père commence à s’imposer dans la sphère familiale. Au Maroc, cette évolution reste encore marginale et parfois mal perçue, tant elle bouscule les normes patriarcales et les stéréotypes de genre. Éclairage avec le psychothérapeute Bernard Corbel.

Dans de nombreuses sociétés traditionalistes, l’idée d’un homme restant à la maison pour s’occuper des enfants est perçue comme une rupture avec les valeurs ancestrales. Le psychothérapeute Bernard Corbel explique que la culture patriarcale place l’homme hors de la sphère domestique, dans un rôle d’acteur économique et de conquérant. “La place de l’homme est considérée comme devant être à l’extérieur, au travail, ou en train de conquérir des biens pour faire vivre sa maisonnée”, explique-t-il. Cette représentation du rôle masculin fait du père au foyer une figure marginale, voire incompréhensible pour une partie de la population. “La figure du père au foyer apparaît pour beaucoup comme un non-sens, une inversion des valeurs”, explique-t-il. Le père au foyer semble également défier les stéréotypes de genre profondément ancrés dans les sociétés traditionnelles. Corbel note que dans un contexte où l’homme est censé incarner la virilité et la force, un père qui s’occupe des enfants à la maison peut être perçu comme “un homme féminin”, un archétype qui s’oppose directement à celui du mâle traditionnel. Cependant, il nuance son propos en soulignant que cette perception pourrait évoluer à mesure que les sociétés se modernisent. “Ce n’est qu’au travers d’une mutation progressive et profonde de la société traditionnelle vers une société plus moderne, que l’on pourrait avoir une meilleure acceptation du rôle du père au foyer”, explique -t-il. Le psychothérapeute précise aussi qu’il existe déjà des exemples dans des sociétés plus modernes, y compris au Maroc, où certains pères, prennent le relais des tâches ménagères et parentales. 

Défis et pressions sociales 

Au Maroc, la situation varie grandement selon les régions. Bernard Corbel évoque la différence entre les grandes villes comme Casablanca et les régions plus rurales. “Il est difficile de faire une généralisation car au Maroc, il y a des régions, des campagnes et des villes qui n’ont pas le même rapport à la modernité et aux stéréotypes du père et de la mère”, précise-t-il. Alors que Casablanca et d’autres grandes villes peuvent être vues comme des fers de lance du changement, les régions conservatrices restent encore très attachées à une répartition traditionnelle des rôles. Malgré les résistances culturelles, la place du père au foyer peut avoir des bénéfices considérables pour les enfants, notamment sur le plan affectif. Bernard Corbel souligne que dans les foyers où le père prend des responsabilités équivalentes à celles de la mère, les enfants peuvent y trouver un équilibre émotionnel précieux. “Le père peut apporter affection, tendresse et un cadre solide aux enfants”, note-t-il. Il fait cependant remarquer qu’il s’agit généralement d’une démarche temporaire et partagée, dans laquelle le père et la mère alternent en fonction des besoins de la famille. Ce modèle flexible permet une répartition plus égalitaire des responsabilités parentales, tout en offrant une sécurité affective aux enfants. Malgré ces avantages, le père au foyer fait face à des pressions importantes, tant dans son couple qu’auprès de son entourage. “Parfois, la femme peut mal prendre les choses, se sentir en rivalité autour de qui éduque le mieux les enfants”, explique Corbel. Les tensions peuvent surgir lorsque les rôles sont redistribués, menaçant la stabilité du couple. Dans des sociétés conservatrices, ce changement de rôle peut également être mal perçu par la famille élargie ou le voisinage. “Dans des cultures conservatrices, ce changement de rôle peut être mal perçu par l’entourage proche, que ce soit la grande famille ou le voisinage”, confirme le spécialiste.

Un nouveau sens à la masculinité 

Il est important de distinguer un simple renversement des rôles d’un véritable partage équitable des responsabilités parentales. Bernard Corbel insiste sur l’importance d’une nouvelle approche de la masculinité. “La mutation devrait se faire dans l’élaboration d’une nouvelle forme de masculinité, de virilité et de paternité”, précise-t-il. Pour lui, il ne s’agit pas de renverser définitivement les rôles, mais de permettre une alternance des responsabilités familiales en fonction des circonstances de chaque couple. Si être père au foyer reste une situation rare et parfois mal perçue, il peut néanmoins offrir une opportunité de redéfinir ce que signifie être un homme dans une société moderne. Bernard Corbel note qu’expérimenter ce rôle peut renforcer la confiance en soi de l’homme et lui permettre de développer des qualités comme la flexibilité et l’intelligence relationnelle. “Le père n’y a rien perdu, au contraire”, souligne-t-il. Ce type d’expérience pourrait bien contribuer à une évolution des normes de genre, dans la mesure où il permet aux hommes de redéfinir leur place dans la famille et la société. Le rôle du père au foyer, bien qu’encore marginal dans certaines sociétés comme celle du Maroc, commence à être envisagé sous un jour nouveau. 

Les défis restent nombreux, mais ils sont contrebalancés par les bénéfices affectifs pour les enfants et le couple. Selon le spécialiste, la transformation des rôles traditionnels nécessite une évolution progressive des mentalités, marquée par une redéfinition des normes de masculinité. Si cette transition est lente, elle est déjà en marche, soutenue par des familles qui expérimentent de nouveaux modes de partage des responsabilités parentales, et plus largement, une nouvelle forme de virilité et de paternité.

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