C’est mon histoire : D’une vie rêvée à une vie choisie

Maria, issue de la diaspora marocaine, a longtemps suivi le chemin tracé par ses études et sa carrière dans le luxe. Mais après une rencontre imprévue à Marrakech et un retour aux racines, sa vie prend un tournant inattendu. L’été 2024 a été pour elle celui de tous les changements. Voici son histoire.

À une certaine époque, on aurait dit de moi que j’avais “réussi”. Diplômée d’une grande école de commerce en France, j’avais intégré très jeune une multinationale dans le secteur du luxe. Je voyageais beaucoup, je parlais chiffres et stratégie, je participais à des cocktails mondains. Tout était ordonné, ambitieux, rassurant. Mais à l’intérieur… c’était creux. J’avançais sur un chemin que je n’avais jamais vraiment choisi. Un chemin qu’on m’avait appris à admirer, mais dans lequel je me perdais. Je suis née d’un père français et d’une mère marocaine, que j’ai perdue très jeune. Le Maroc, pour moi, c’était un souvenir flou. Une langue que je ne comprenais pas, des origines dont on parlait peu. J’ai grandi coupée de cette part de moi-même, comme si elle n’avait jamais eu la place d’exister. Et puis un jour, lors d’un déplacement professionnel à Marrakech, j’ai rencontré Othman. Le coup de foudre, le vrai. Brutal, beau, inattendu. Il y avait dans ses yeux une évidence que je ne pouvais pas ignorer. Je l’ai suivi. Littéralement. Je suis rentrée en France, j’ai négocié un contrat à distance, et quelques semaines plus tard, je posais mes valises au Maroc. Ce pays que je croyais étranger m’a accueillie comme une terre retrouvée. Mais l’adaptation n’a pas été facile. Il a fallu apprendre l’arabe dialectal, découvrir des gestes du quotidien qui m’étaient inconnus. Marchander au marché. Rentrer en cuisine et apprendre les silences en cuisine avec ma belle-mère, les gestes lents et précis pour préparer les plats marocains qui faisaient tant saliver.

Me retrouver
Au début, je me sentais maladroite, étrangère même. Et puis, petit à petit, j’ai senti quelque chose s’ouvrir en moi. J’avais 30 ans et je découvrais une part de moi que j’avais oublié d’aimer. Ce retour aux sources m’a bouleversée. Il m’a reconnectée à ma lignée, à des racines profondes. J’étais émue par des choses simples : le pain chaud qui sort du four, le henné dans les mains des femmes, les appels à la prière qui rythmaient mes journées. Ce n’était pas un simple changement de vie. C’était une reconnexion. Mais derrière ce retour aux origines, une autre fatigue grandissait. Mon travail, que j’avais repris sous une autre forme, me rattrapait. Toujours trop de pression, trop d’exigence. Et moi, toujours à côté de moi-même. Jusqu’au jour où, en pleine réunion visio, je me suis effondrée en larmes. Sans raison. Ou plutôt… avec toutes les raisons du monde. Ce jour-là, j’ai compris que je ne pouvais plus faire semblant. Mon corps me demandait de m’arrêter. Il voulait que je m’écoute. Alors j’ai tout quitté. Encore une fois. J’ai commencé à me former à la thérapie, à la méditation, à la respiration consciente. Je me suis lancée. J’ai ouvert un petit cabinet à Rabat, et les femmes ont commencé à venir. Lentement. Puis de plus en plus nombreuses. J’écoutais, j’accompagnais, je guidais. Et je me transformais, moi aussi. Je n’étais plus dans la performance. J’étais dans la présence. Et pour la première fois, j’avais le sentiment d’être à ma juste place. Avec Othmane, nous nous sommes aimés. Vraiment. Mais il ne comprenait pas la femme que j’étais en train de devenir, je n’étais plus celle qu’il avait connue. Un jour alors que nous étions chez nous, il m’a servi un café et m’a sorti le fameux “Il faut qu’on parle”. Nous avons longuement discuté. Nous étions aux antipodes, nos envies n’étaient plus les mêmes. Othman voulait des enfants, une vie de famille et moi j’avais besoin d’une introspection. Alors, nous nous sommes séparés. Dans la paix, sans cris. Nous avons su nous dire au revoir avec tendresse.

Envie d’un ailleurs
Quelques années plus tard, lors d’une retraite spirituelle, j’ai rencontré Samy, un chef franco-libanais. Lui aussi était en quête de sens, de beauté, de simplicité. Très vite, nous nous sommes mariés. En juillet 2024, tout a changé. Moi qui pensais avoir pris un tournant radical dans ma vie lorsque je me suis installée au Maroc, c’était sans compter sur cette décision qui allait bouleverser mes certitudes. Pour notre voyage de noces, nous avons choisi la Thaïlande. Et là, quelque chose d’inattendu est arrivé. À Chiang Mai, au milieu des bougainvilliers et du calme, j’ai ressenti une paix que je n’avais jamais connue. Un matin, sur la terrasse de notre guesthouse, on s’est regardés, et on s’est dit : “Et si on restait ? Pas pour fuir, mais pour recommencer.” Alors on est restés. Nous avons ouvert un petit restaurant marocain, niché dans une ruelle calme : Dar Noure-Nicha, en référence à maman, cette lumière qui veille sur moi en permanence. Ce lieu n’était pas uniquement un restaurant, mais un lieu de passage, un pont entre mes vies. Une maison parfumée d’huile d’argan, de cannelle, de souvenirs et de guérison. Je cuisine parfois. Je reçois beaucoup. J’écoute tout le temps. Ici, les clients deviennent des amis, parfois des âmes à réparer. Il y a des rires, des confidences, des silences doux. Ce lieu, c’est mon histoire qui s’est posée. Qui s’est offerte. Je n’ai pas renié mon passé. Je l’ai transfiguré. J’ai gardé chaque fragment, chaque faille, pour bâtir une vie habitée. Une vie à moi.

 
Après des mois d’incertitude, la situation administrative en France de la chanteuse marocaine Meryem Aboulouafa a enfin été régularisée. Elle
Pour leur entrée en lice au Championnat du monde de taekwondo U21 à Nairobi, les Marocaines Nezha Elaasal et Imane
Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) a lancé son nouvel assistant virtuel intelligent "Goul-IA" (« Dis-moi »).
À quelques mois du Mondial 2026, les délais d’attente pour un rendez-vous de visa américain au Maroc passent de dix
31AA4644-E4CE-417B-B52E-B3424D3D8DF4