Dimanche soir à Rabat, l’ouverture de la compétition avait tout d’un examen : le Maroc, pays hôte, devait réussir son entrée. Longtemps, la soirée est restée suspendue à un scénario tendu — un premier acte fermé, une nervosité palpable, puis le déclic en seconde période. Brahim Diaz a fini par ouvrir la voie avant qu’Ayoub El Kaabi ne scelle la soirée sur un geste spectaculaire, libérant le stade… et, dans le même mouvement, tout un pays branché sur le même match.
Des parapluies, des drapeaux et un seul amour
À Fès, l’image de la nuit s’écrit sous les parapluies. Dans la fan zone du Jardin botanique, on n’a pas négocié avec la météo : on a chanté quand même. Drapeaux levés, applaudissements au coup de sifflet final, enfants qui courent avec un ballon à la main, familles serrées dans la même euphorie. La pluie a continué de tomber, mais l’ambiance, elle, est montée d’un cran; comme une façon de dire que la CAN ne se vit pas assise, elle se traverse.
À Marrakech, la victoire a eu un goût immédiat de soulagement. À la fan zone de Bab Jdid, des milliers de supporters ont vibré action après action. Puis la fête a débordé : cafés et restaurants pleins, drapeaux en main, visages peints, chants qui repartent à chaque occasion. Une fois le match terminé, la liesse s’est déplacée vers la place du 16 Novembre à Guéliz, où les klaxons ont pris le relais comme bande-son de la nuit.
Plus au sud, Laâyoune a installé la CAN dans un format “immersion” : écran géant, animations, mini-tournois… et une ouverture pensée comme un show. Avant même le match, le ciel s’est allumé avec un spectacle de drones. Puis Fnaire a pris la scène, devant un public intergénérationnel. La place Al Mechouar s’est muée en point de ralliement, pendant que les terrasses se remplissaient à vitesse grand V.
L’art du vivre-ensemble
À Oujda, la fan zone proche du Stade d’honneur s’est transformée en fête bon enfant : organisation, foule qui arrive tôt, cafés préparés pour l’événement, et une euphorie qui explose au coup de sifflet final. Même mécanique à Guelmim et Tan-Tan, où les places publiques ont fait office de tribunes : écrans géants, chants, écharpes, familles au complet… et, à la fin, des rues qui célèbrent les trois premiers points comme un signal de départ.
À Casablanca, la soirée a aussi pris une autre forme : moins “klaxons”, plus “rencontre”. Autour de l’initiative “Saveurs & Couleurs d’Afrique”, l’ambiance a mêlé cérémonie d’ouverture, visionnage collectif et exposition-dégustation de produits africains, dans une logique assumée de diplomatie culturelle et sociale. Une CAN vécue comme un événement sportif, mais aussi comme un moment de brassage.
Au lendemain de ce match d’ouverture, le premier constat est simple : la CAN 2025 ne s’est pas seulement jouée à Rabat. Elle a eu ses tribunes partout — dans les fan zones, sur les places, dans les cafés; avec une même respiration collective, nourrie par une victoire qui enlève du poids et lance enfin la compétition sur le terrain… et dans les villes



