Soufiane Hennani : Le Code de la famille expliqué aux hommes pour un Maroc égalitaire

Dans cette tribune, Soufiane Hennani, fondateur de Machi Rojola, une initiative qui promeut la masculinité positive au Maroc, s’adresse directement aux hommes pour construire ensemble un Maroc juste, égalitaire et inclusif. Un appel important en ce mois de novembre, consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes (25 novembre) et à la sensibilisation à la santé mentale des hommes (28 novembre).

Chers hommes,

Il est essentiel que vous compreniez que les réformes proposées dans le code de la famille ne sont pas une attaque contre vous, ni une tentative de diminuer votre force. Au contraire, un cadre juridique équitable est bénéfique pour tous, hommes et femmes. Cette réforme représente une justice plus équilibrée pour tous les Marocains et apporte des avantages concrets à chaque individu.

Pour vous, les hommes, cela implique de déconstruire les stéréotypes de masculinité toxique. Cela vous permet une plus grande liberté d’expression émotionnelle et un partage des responsabilités familiales sans crainte de jugement. Pour les femmes, cela se traduit par une reconnaissance accrue et une meilleure protection de leurs droits, conduisant à une société plus harmonieuse et équilibrée.

Dans cette tribune, je vise à clarifier les malentendus et à vous présenter des arguments solides et des exemples concrets qui démontrent les avantages d’un code familial égalitaire pour notre société marocaine. En abordant et en réfutant les craintes et objections courantes, j’espère contribuer à un dialogue ouvert et constructif qui bénéficiera à tous les Marocains.

Imaginez une société marocaine où l’égalité entre hommes et femmes est la norme, reflétant la diversité culturelle et régionale de notre pays. Une société où vous, en tant que pères, êtes à la fois des symboles d’autorité, d’amour et de bienveillance. Un monde où les garçons ne craignent pas leurs pères mais les respectent, et où les filles peuvent partager librement leurs sentiments avec leur père. Un cadre où le mariage n’est pas une prison légale privilégiant les hommes, mais un engagement mutuel basé sur le respect et le bien-être des enfants, et où le divorce n’est pas synonyme de violence mais une chance de rebâtir sur des bases respectueuses.

En changeant la Moudawana, nous pouvons faire en sorte que le mariage et la famille restent des espaces sûrs pour tous les Marocains, sans devenir toxiques pour les femmes, les enfants ou même pour vous, les hommes. Modifier ce code familial signifie aussi protéger les enfants des conflits de divorce, en garantissant une justice équitable.

La Moudawana peut être une étape supplémentaire dans le chemin que nous, Marocains, avons emprunté ces dernières années pour hisser haut notre drapeau à l’international, que ce soit dans le sport, les arts, ou d’autres domaines. C’est aussi rendre justice aux femmes qui ont souffert sous certaines lois marocaines.

Changeons la Moudawana pour que les jeunes filles ne soient pas forcées de choisir entre l’éducation et le mariage, pour que l’éducation soit leur unique destinée. Pour que les femmes ne soient pas contraintes d’accepter le mariage polygame et pour que l’amour soit le seul critère de mariage, indépendamment des convictions religieuses.

Il est temps d’ouvrir la tutelle aux personnes capables et désireuses de s’occuper de leurs enfants, et de cesser de priver les femmes de la garde de leurs enfants si elles choisissent de refaire leur vie. Mobilisons-nous pour éliminer les termes péjoratifs du vocabulaire juridique, et pour moderniser les lois sur l’héritage et le Taasib.

En modifiant le code de la famille, nous honorons le Maroc pluriel, notre Maroc bien-aimé, pour continuer à y vivre tous ensemble dans l’égalité et le respect mutuel.

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