Pleins feux sur l’œuvre de la plasticienne cubaine Martha Limia

Dans les œuvres de l’historienne de l’art et plasticienne cubaine Martha Limia, qui vit et travaille à Tanger, des tourbillons de couleurs vives et des formes indéfinies emplissent joyeusement ses sculptures. Zoom sur l’œuvre d’une artiste pétrie de talents.

Chez Martha Limia, la forme extérieure correspond parfaitement  au motif intérieur. Le rapport matière-forme est au centre de sa démarche artistique. Elle ne s’intéresse pas à l’expression ou à la sensibilité, mais  plutôt aux nécessités de la sculpture.  Sa démarche est axée sur le travail des gestes, des intentions, de la matière, des techniques picturales à part entière.

La frénésie technique de Martha s’explique par l’usage à profusion des matériaux qui ne font généralement pas partie des matériaux traditionnels de la sculpture comme les métaux, les pierres, voire les résines, les cartons ou les produits chimiques créés en laboratoire.  Elle préfère plutôt les matériaux qui proviennent de la nature et qui n’ont subi aucun processus industriel ou un processus industriel minimal, et qui peuvent être facilement malléables par mes mains, comme le rafia, le bambou, le ratan, le sisal, les cordes, les tissus, etc. « Parallèlement à ce type de matériaux, il y a les techniques pour les travailler qui ne relèvent pas du terme artistique, mais de celles que l’on qualifie aujourd’hui d’artisanales, celles qui sont utilisées dans le tissage, la vannerie, l’architecture ambiante….En bref, je parlais des expressions artistiques liées aux cultures anciennes qui sont encore utilisées aujourd’hui. Je dois dire que dans le monde de l’art, ce type d’art est aujourd’hui appelé tapisserie pour les éléments plats ou bidimensionnels qui ont une longue histoire en tant que catégorie d’art, et sculpture souple pour les éléments tridimensionnels qui ont été introduits plus récemment», nous explique Martha Limia à ce propos.

De par ses gestes picturaux minutieux et vifs, notre plasticienne développe une œuvre à la charge émotionnelle très forte.  Ses compositions sont de véritables réflexions sur la manière de dépasser la vision simpliste d’une surface plane délimitée par des bords.

Chacune de ses œuvres est une exploration dans l’abstraction, des pulsions créatrices, des défis esthétiques différents.  En somme, elles  permettent de laisser libre cours à ses émotions, s’éloigner de la réalité pour ouvrir tous les champs du possible de la création mélangeant la matière  sur fond énergétique. 

De l’anthropologie, à l’ethnologie en passant par les cultures anciennes, cette artiste et historienne de l’art puise ses sujets dans l’interaction de l’homme avec son environnement. «J’aime travailler avec les émotions, les peurs, les rêves, les amours, reflétés dans les histoires, les fables, la poésie, les chants, les proverbes, les rituels, etc. Toutes ces actions humaines qui montrent la fragilité, la force, l’incertitude, le pouvoir ou le contrôle de la nature, les victoires et les échecs de l’Homme dans ses aventures sur la terre, et principalement l’imagination que l’Homme a exprimée», nous confie-t-elle.

Il s’agit donc d’une artiste peintre contemporaine qui  invite les passionnés d’art à des univers indicibles où se mélangent à la contemplation et à la méditation, une atmosphère où les choses et les sentiments sont plus suggérés que montrés.

« Étant née à Cuba, ma première approche de ce type de thèmes a été les pratiques religieuses héritées de l’Afrique. Approfondissant cet intérêt, je me suis lancée dans l’étude de l’Afrique et de sa diaspora. Aujourd’hui, je suis au Maroc où la culture amazighe a survécu pendant des siècles et des siècles, ce qui m’offre la possibilité d’entrer en contact avec cette autre partie de l’Afrique et ses mystères vivants», conclut-elle.

 Le spectateur des sculptures de Martha découvre les motifs les plus divers comme des gouverneurs symboliques. Des effets prismatiques émanent de la matière rayonnante la plupart du temps, parfois romantique.  Les contrastes des motifs confrontés de manière grotesque s’assemblent dans le scintillement et l’éclat du tourbillon.

A. A.

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