Sans fard et sans détour, mais toujours avec nuance, Nora Toutain récuse ici la dictature de la pensée et les fausses postures spirituelles qui viennent cloisonner et diviser les gens. Nass propose plutôt un retour à l’essentiel : l’humanité en chacun de nous. L’artiste suggère en filigrane le paradoxe de l’ultra-individualisme et de la quête absolue de liberté qui nous enferment et nous restreignent plus qu’ils ne nous libèrent, en contredisant finalement la nature même des êtres humains qui est de faire communauté.
Si dans Grounding Place Vol. 1 et 2 Nora explore les polarités, l’ombre et la lumière, l’introspection et l’ouverture, elle approfondit cette quête dans Better Days en poussant la dualité à son paroxysme pour trouver l’issue dans l’unité. C’est ainsi que le clip de Nass se conclut sur une scène de fête pour rappeler le caractère fédérateur essentiel de la musique. Réalisé par l’artiste elle-même entre Paris et Marrakech, le clip est un prolongement de son identité et un manifeste de ses valeurs. Les deux protagonistes principaux et stéréotypés incarnés par Nora et le danseur marocain Scorpio servent un discours qui finit par dépasser la dichotomie entre la romantisatation de la chaleur humaine marocaine d’une part, et la diabolisation de l’hyper individualisme occidental de l’autre.
Avec un refrain en darija, des arrangements afro-pop et la trompette de Hichem Khalfa, Nora Toutain qui a fait sensation au Jazz Fest Montréal en juillet dernier, affirme son identité musicale plurielle et métissée, profondément ancrée dans les rythmes traditionnels. À travers sa pop consciente et colorée où les mélodies sont au service de messages forts et engagés, la franco-marocaine livre un morceau solaire et plein d’espoir, qui invite à la compassion et à la réconciliation.
