Pouvez-vous nous raconter comment est née votre passion pour l’équitation ?
Je suis née dans une famille de cavaliers et j’ai passé toute mon enfance au sein de notre club équestre, le C.E. Oued Ykem à Skhirat. J’ai grandi avec l’odeur du foin, le bruit des sabots, et j’ai eu la chance d’apprendre très tôt à décoder les silences et les émotions des chevaux. Pour moi, aimer ces êtres sensibles et charismatiques était une évidence, avant même de développer ma passion de cavalière. Je me considère très chanceuse d’avoir ce lien si fort avec eux, et depuis 5 ans maintenant, j’ai choisi de revenir vivre au club pour retrouver cette ambiance unique.
Quel a été le moment clé de votre carrière qui a changé votre vision du sport et de vous-même ?
Ce n’est pas un moment précis, mais plutôt un cheval qui a marqué ma vie : Reading de Sienne. On dit souvent que l’on rencontre un seul cheval capable de tout changer. Pour mon père, c’était Quickly de Kreisker, et pour moi, c’est Reading. C’était mon cheval de Grand Prix, mais c’est surtout celui qui m’a appris à me surpasser. C’est avec lui que j’ai réalisé que l’équitation, c’est 50 % de technique et 50 % de cœur et de mental. Nos succès ensemble, notamment aux Championnats du Maroc Senior et dans les Grands Prix nationaux et internationaux, ont été la preuve qu’on peut toujours aller plus loin à deux.
Quels défis avez-vous rencontrés en tant que femme dans le monde du saut d’obstacles, et comment les avez-vous surmontés ?
Franchement, sur la piste, aucun ! Le saut d’obstacles est un sport mixte où les performances sont jugées sur le binôme cheval-cavalier. Cependant, si je regarde la scène marocaine, nous sommes encore minoritaires dans les compétitions. Je vois cela non pas comme un obstacle, mais comme une responsabilité positive : celle de montrer aux jeunes cavalières qu’il est absolument possible de concilier carrière professionnelle et compétitions équestres. J’espère que nous serons de plus en plus nombreuses dans le futur !
À quoi ressemble une journée type dans votre vie de cavalière professionnelle ?
Je ne suis pas cavalière professionnelle puisque je travaille comme Responsable Communication à la Fédération Royale Marocaine des Sports Equestres (FRMSE), mais pour rester au meilleur de ma forme avec mes chevaux, l’entraînement reste essentiel. J’ai la chance de pouvoir commencer le travail relativement tard (10h00), ce qui me permet d’être à cheval tôt chaque matin, entre 7h et 7h30. C’est sans doute la meilleure façon de commencer ces journées et de rester performante au travail et en compétition.
Comment trouvez-vous l’équilibre entre entraînements intensifs, compétitions et vie personnelle ?
Tout est une question d’organisation ! J’ai la chance d’être entourée d’une équipe formidable. Hamid, mon groom, prend soin de mes chevaux comme s’ils étaient ses propres enfants. Farid, mon coach, est le pilier, il gère nos plannings de concours et d’entraînement. Ce soutien logistique est crucial ! Grâce à eux et à l’appui constant de ma famille et de mes amis, je parviens à trouver les moments pour m’entraîner, participer aux compétitions, mais aussi voyager, découvrir de nouvelles choses et profiter de la vie.
Comment définissez-vous votre style et votre féminité, même dans un univers sportif exigeant ?
Mon style est plutôt sobre et efficace, comme on peut le voir dans mes tenues de concours. Je porte souvent du bleu ou du noir, toujours assortie à mes chevaux : si Hamid décide de mettre au cheval un tapis bleu ou noir, je porte veste et bombe coordonnées. Pour moi, le style à cheval doit d’abord inspirer la confiance en soi et en notre duo. Côté maquillage, c’est minimal car on transpire beaucoup ! Mais jamais sans mon SPF 50 : c’est mon geste de beauté essentiel pour préserver ma peau sous le soleil constant.
Y a-t-il des modèles ou des mentors qui vous inspirent dans votre vie personnelle ou professionnelle ?
C’est peut-être un peu cliché, mais je dirais mon père. Pour moi, il incarne des valeurs essentielles : la générosité, l’humilité et surtout le travail. Il m’a toujours enseigné que travailler dur finit toujours par payer, que ce soit à cheval ou dans la vie quotidienne. C’est un modèle de persévérance silencieuse qui m’inspire tous les jours.
Avez-vous des astuces beauté, bien-être ou mode pour rester au top malgré un emploi du temps chargé ?
À chaque déplacement pour un concours, ma trousse de toilette est plus grande que ma valise ! Je suis accro aux masques pour le visage, aux huiles, sérums et crèmes de nuit. Comme je dors peu, ma priorité est d’éviter les cernes : je mise sur des soins le soir pour un moment de détente et pour nourrir ma peau en profondeur. Et, comme toujours, je ne me sépare jamais de mon SPF : il est dans mon sac, dans ma voiture et même dans ma malle de concours !
Quelle est votre vision pour le sport féminin au Maroc et dans le monde équestre ?
Ma vision est de voir davantage de femmes occuper une place centrale dans le sport équestre, en encourageant leur participation à tous les niveaux que ce soit à cheval, évidemment, mais surtout autour du cheval : vétérinaires, entraîneurs, juges, présidentes de clubs, ou même au sein des fédérations.
Comme on peut le voir, la femme a toujours eu sa place dans le monde équestre, à l’époque de mes parents, il y avait déjà de grandes championnes, dont ma mère, Noelle Ouaddar, qui a par la suite poursuivit sa passion en devenant chef de piste international et gérante de nos deux clubs, le C.E Oued Ykem et le C.E Lalla Fatima Zohra au Riad Le Quickly à Marrakech.
J’aimerais qu’au Maroc, la parité devienne la norme et que les jeunes filles ne se posent même plus la question de savoir si c’est un sport ou une carrière pour elles.
Quel message aimeriez-vous transmettre à toutes celles qui cherchent à se dépasser et à suivre leurs rêves ?
Je l’ai déjà évoqué, mais je crois profondément en la valeur du « work hard ». Croyez en votre potentiel, travaillez avec passion et persévérez, même face aux échecs : chaque effort finit toujours par porter ses fruits.

