Comme à son habitude, Tariq Ramadan nous a fait vivre un grand débat. Face à Arlette Chabot, Michèle Cotta et Olivier Duhamel, bien décidés à en découdre, l'islamologue a dû encore une fois, comme c'est devenu une coutume sur les plateaux en France, justifier à plusieurs reprises sa pensée.
Condamnant fermement les attentats de Charlie Hebdo, défendant en même temps le droit à la liberté d'expression, et appelant à la responsabilité que l'on a de la manière dont on en fait usage , celui ci a dans ce sens critiqué l'humour de Charlie Hebdo qu'il a jugé de "lâche" et de "raciste", en ce qu'il stigmatise systématiquement la même communauté.
Toutefois, Tariq Ramadan insiste sur le fait que ceux qui disent que les victimes de l'attentat de Charlie Hebdo l'ont bien cherché font preuve de malhonnêteté. Car pour lui, rien ne justifiera de pouvoir être assassiné pour une production artistique ou de quelque autre nature qu'elle soit.
Critiqué pour sa prise de position jugée "pas claire" par rapport à la liberté d'expression dans le sens où il lui pose des limites, celui-ci a rappelé qu'il est interdit de se rendre dans six pays arabes en ce qu'il défend précisément les libertés.
Tariq Ramadan a ensuite enjoint les journalistes, qui ont souligné sa manière de commencer ses phrases par "je condamne, mais…", à ne pas mettre les intellectuels devant une alternative entre le "et" et le "ou". Réclamant le droit en tant qu'intellectuel d'avoir un jugement critique sur une production artistique, Tariq Ramadan a insisté sur le fait que l'on peut condamner le meurtre et critiquer la production, appelant les journalistes à ne pas verser dans une émotion simpliste.
"C'est précisément ce que fit Bush en soumettant les États-Unis a "une horreur": vous êtes avec moi ou contre moi". Et de poursuivre que le résultat de cela aujourd’hui est le Patriot Act."Faites en sortes que cela n'arrive pas en France" a-t-il commenté.
Revenant sur son altercation à la télévision avec Nicolas Sarkozy il y a quelques années, celui-ci en a profité pour dénoncer l'hypocrisie du gouvernement français qui a fait silence lorsque Nicolas Sarkozy en se rendant en Arabie Saoudite, avait jugé l'islam qui y est pratiqué de modéré.
Enfin, le débat s'est conclu sur une réflexion autour de l'islam de France. Par qui sont représentés les musulmans de France? Le sont-ils de la bonne manière?
Tariq Ramadan a évoqué la crise actuelle que traverse le monde musulman et à appelé à ne pas idéaliser le passé car il y a toujours eu des divisions entre chiites et sunnites à la différence près qu'auparavant la diversité était mieux gérée alors qu'aujourd'hui.
Sa préconisation, institutionnaliser le débat, former les imams dans leur pays de résidence et du côté des autorités, faire confiance à leurs citoyens de confession musulmane.