Ça valait le coup d’être souligné. En octobre dernier, une conférence TED a réuni deux protagonistes qu’on n’aurait jamais pu imaginer ensemble si l’on avait eu connaissance de leurs parcours respectifs. Sur scène, une jeune femme, Thordis, raconte le viol qu’elle a subi à l’âge de 16 ans. A ses côtés, un homme, son agresseur, Tom, écoute puis raconte l’histoire telle qu’il l’a vécue. À l’époque, ils étaient adolescents et amoureux. Durant un échange universitaire en Islande, ils se sont rencontrés et ont passé une soirée alcoolisée. Ivre, la jeune femme se laisse raccompagner à son domicile par Tom. Et tout dérape. Thordis n’est pas en mesure de le repousser. Elle a mal mais ne dit rien. Le lendemain et les jours d’après, Tom ne réalise pas la gravité de son acte. “Le mot “viol” ne trouvait pas écho en moi et je ne me culpabilisais pas avec les souvenirs de la nuit d’avant. ” Ce n’est que bien plus tard qu’il prend conscience qu’il nie la réalité des faits et occulte l’acte en se convaincant que ce n’était pas un viol. “C’était comme une impossibilité de regarder la réalité en face. Je refusais toute reconnaissance du traumatisme imposé à Thordis. J’ai désavoué la vérité en me convainquant que c’était du sexe et pas un viol.” De son côté, Thordis est traumatisée mais elle culpabilise. Victime de cette “culture du viol”, il lui faudra du temps pour accepter qu’elle n’est pas responsable de ce qui lui est arrivé. La jeune femme décide d’écrire à son petit ami et agresseur. Ils échangent des lettres puis décident de se revoir pour entamer un processus “de vérité et de réconciliation”. Ils décident d’en faire un livre de sensibilisation. L’objectif : verbaliser l’acte, partager la souffrance et humaniser l’agresseur en l’écoutant. “Comment pouvons-nous comprendre celui qui produit de la violence dans nos sociétés si nous refusons de reconnaître son humanité ?”
https://www.youtube.com/watch?v=KvQBiOEW7cU