Une journée avec… la commissaire principale Soumia Talhaoui

Elle fait partie des toutes premières commissaires de la police au Maroc. Soumia Talhaoui nous reçoit au 6e arrondissement de Temara, où elle gère quotidiennement des dizaines de cas de litige. Focus sur le parcours d’une femme pas comme les autres.

Il était une fois, une petite fille timide…”. Il est très difficile de commencer ainsi le récit de vie d’une femme qui dégage autant de présence.

Et pourtant, la petite Soumia, du fin fond de Zaër, n’avait que peu d’audace et aucunement l’habitude de jouer au voleur et au policier. Trop timide et surtout “un peu trop sérieuse. J’aurais dû faire un peu de bêtises”, s’esclaffe-t-elle joyeusement. C’étaient là les propos de l’une des premières femmes commissaires de police et des rares commissaires principales chefs d’arrondissement au Maroc.

Tout un chemin

Soumia Talhaoui est née en 1976 dans la région de Benslimane, au sein d’une famille nombreuse, de père agriculteur et de mère femme au foyer. Son sérieux à l’école et son caractère peu enclin aux distractions lui permettent de tracer son chemin jusqu’aux bancs de la faculté de droit à Rabat.

Sa licence en poche, Soumia prend le temps de se chercher une voie, une vocation, comme tous les jeunes diplômés de son âge. Entre-temps, elle complète sa formation par des études en informatique.

C’est un camarade de faculté qui vient la chercher pour lui annoncer le lancement du premier concours de femmes commissaires. “Mais je suis une fille !”, rétorque-t-elle. En effet, en 2002, très peu de femmes officient à la DGSN et jamais à des postes aussi importants. La famille ne faisant aucune objection, Soumia rejoint l’académie en septembre 2002, avec néanmoins quelques appréhensions.

Très vite, lors des différents stages formateurs, elle se rend à l’évidence : il est très difficile de se faire entendre des collègues hommes, surtout expérimentés et âgés. Très difficile également d’exercer son autorité sur des citoyens qui n’ont pas l’habitude de voir des femmes avec autant de pouvoir, mais… elle y arrive sans trop de peine !

À son retour à l’académie, Soumia sait ce qu’elle veut faire : se spécialiser dans la sûreté publique. En septembre 2004, elle prête serment et rejoint son poste à Temara. Un coup de bol pour la première promotion de femmes commissaires, qui ont toutes obtenu le premier poste choisi. Elle n’a que 28 ans.

Au 5e arrondissement de Temara, Soumia exerce ses fonctions de commissaire pendant cinq années, durant lesquelles elle forge sa personnalité  au contact des citoyens, mais les habitue également à sa présence féminine et ses méthodes de travail. “Plus d’une fois, on m’a demandé d’appeler le commissaire pour une urgence, refusant la “blague” selon laquelle c’était moi”, se rappelle-t-elle en riant.

Lorsque, en 2009, on lui annonce qu’elle doit rejoindre le 6e arrondissement en tant que chef, la nouvelle ne surprend personne. Elle ravit même la population ; ses compétences, sa serviabilité et son sérieux lui valant l’approbation des habitants de Temara qui l’appellent souvent par son prénom.

Police au féminin

Pour Soumia, être une femme lui a été assurément d’un grand secours pendant toutes ces années. Persuadée que l’éviction des conflits étant le propre de la gent féminine, elle assure avoir empêché des centaines de situations de s’envenimer, en les traitant intelligemment et dans le calme. “C’est d’ailleurs l’une des raisons qui motive le recrutement des femmes au sein de la DGSN”, affirme-t-elle.

Selon Soumia, la femme est dotée d’un sens de l’écoute providentiel, doublé d’une empathie qui l’amènent à mieux analyser certaines situations dans leur contexte socio-économique. Et d’ajouter : “La relève est assurée. Beaucoup de jeunes femmes viennent me demander des détails sur les dates du concours. Cela dénote du changement de l’image de la police chez la nouvelle génération,  et les femmes en particulier”.

Mais le quotidien d’une commissaire principale est tellement rempli ! Quid de la vie perso ?  Soumia Talhaoui s’est mariée il y a deux ans. Faut-il en accuser la carrière? “Non. C’est une question de timing et de rencontres”, pense notre commissaire. Avec son mari, de nationalité turque, elle a vécu les joies de la maternité en donnant naissance à un petit garçon il y a 14 mois. “J’en ferai autant que me le permet ma santé”, affirme-t-elle avec un rire contagieux.

Aidée par sa mère, dont elle est très proche, Soumia tente de concilier vie de famille et travail ; tâche qui peut s’avérer compliquée et parfois stressante, surtout avec un mari aimant qui s’inquiète des retards, qui peut être irrité par les nombreuses sollicitations des collègues, des citoyens… “Mais ce sont là des choses réglées d’entrée de jeu. Il arrive que l’on baisse les bras les journées de grand stress et de grosse fatigue. Qui ne le serait pas, qu’il soit homme ou femme ? Puis, il y a des jours plus heureux où la satisfaction et le sentiment du devoir accompli l’emporte sur tout le reste”, conclut-elle, toujours en souriant.

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