Dans un pays où les tabous liés à la sexualité sont tenaces, Alyaa Gad, une gynécologue égyptienne établie en Suisse, a eu l’idée d’éduquer ses compatriotes via Youtube. En 2010, elle crée une chaîne en arabe dédiée aux questions de sexualité et de santé sexuelle aussi banales que l’infertilité, la masturbation, l’anatomie des organes sexuels ou la première relation sexuelle.
Créée en 2010, la plateforme est aujourd’hui disponible en arabe et en anglais et compte 150 000 abonnés de toute la région arabe. Elle a généré en décembre dernier plus de 30 millions de clics de l’Egypte au Maroc en passant par l’Arabie Saoudite. La vidéo sur le sexe la première nuit a même été visionnée 2,3 millions de fois. Mais tout le monde ne voit pas d’un bon œil le combat d’Alyaa Gad. La gynécologue est ainsi la cible d’attaques de conservateurs, y compris de la profession. Sur Twitter, un collègue égyptien proche des Frères Musulmans a accusé la gynécologue de « promouvoir la masturbation, de recevoir des fonds de l'étranger et le pire de tous, d'être une adepte de l'athéisme ». Alyaa Gad lui avait répondu par le hashtag #whywerejectimplementingsharia ("pourquoi nous rejetons l'application de la charia") accroissant encore un peu plus sa popularité.