Une Gambienne aux commandes de la CPI

Elle est la première femme africaine à diriger la Cour Pénale Internationale, l'organisme judiciaire principal de l'ONU chargé de juger les criminels de guerre à travers le monde. Pour sa première année de mandat, elle doit s'attaquer à une série de dossiers sensibles tels que le procès de Laurent Gbagbo, les violences au Mali... Des responsabilités qui lui valent de figurer dans le classement des 100 personnalités les plus influentes du "Times". Portrait.

Le 15 juin, Fatou Bensouda prête serment devant la Cour Pénale Internationale de La Haye dont elle devient le nouveau procureur. “Moi, Fatou Bensouda, je déclare solennellement que je remplirai les devoirs et exercerai les attributions de procureur de la  CPI en tout honneur, dévouement, toute impartialité et toute confiance”. Ce jour-là, vêtue de sa robe noire de magistrat, elle succède officiellement à Luis Moreno Campo, l’Argentin arrivé au terme de son mandat de neuf ans qu’elle secondait comme procureur adjoint depuis 2004. L’aboutissement d’une longue carrière au service de la justice. Née en 1961, à Banjul en Gambie, Fatou Bensouda grandit au sein d’une famille  musulmane dont le père, un fonctionnaire polygame, réunit sous le même toit ses deux épouses et leurs nombreux enfants. Une cohabitation harmonieuse qu’elle dépeint avec humour dans la presse, en disant de sa mère : “Je n’ai vraiment compris qui elle était qu’en grandissant.”Jusqu’au baccalauréat, elle poursuit une scolarité normale et s’illustre en parallèle dans le volley-ball en devenant capitaine de l’équipe nationale… En  1979, elle décroche une bourse pour étudier à l’étranger. La Gambie n’ayant pas d’université, elle part au Nigéria où elle entreprend des études de droit, à l’université de Lagos. Après l’obtention de son diplôme d’avocate, elle ira à Malte compléter son cursus par une maîtrise en droit maritime. Success story De retour en Gambie dans les années 80, elle entame alors une brillante carrière dans la magistrature où elle gravit tous les échelons : avocate générale, procureur général adjoint, procureur général de la république gambienne… Entre-temps, elle se marie à un homme d’affaires marocogambien dont elle aura deux garçons. En 1998, elle devient ministre de la Justice sous la présidence de Yahya Jammeh, un colonel putschiste arrivé au pouvoir en 1994 et dont elle est aussi l’une des principales conseillères. Mais l’ambiance des tribunaux semble lui manquer et en 2000, elle quitte le ministère de la Justice pour créer son propre cabinet d’avocats. En 2002, elle change de registre et dirige pendant quelques mois l’International Bank for Commerce de Gambie. La même année, sa carrière est sur le point de prendre un tournant décisif : elle devient le substitut du procureur au Tribunal Pénal International pour le Rwanda, à Arusha en Tanzanie. A Kigali, elle découvre toute l’horreur des crimes de masse…  ette expérience déterminante va la pousser à intégrer la CPI, à La Haye, en 2004. Procureur adjoint auprès du très controversé Moreno Campo, elle dirige la division des poursuites internationales, une institution qui n’était encore qu’à ses débuts et dont la compétence se limitait alors à juger les coupables les plus graves, comme les auteurs de génocides ou les criminels de guerre…

Femme de terrain
Moins médiatique que son prédécesseur, Fatou Bensouda est avant tout une femme de terrain. Discrète, travailleuse, déterminée, elle traite chaque dossier avec la même rigueur et n’hésite pas à se rendre directement dans les pays concernés pour piloter ses recherches, “ouvrir des portes et voir comment enquêter”, dit-elle. Que ce soit avant et pendant chaque procès, elle assure l’encadrement de ses équipes. Du Soudan à la Côte d’Ivoire, en passant par la République démocratique du Congo ou la Guinée, elle va à la rencontre des victimes pour recueillir leurs témoignages… Des moments difficiles qui ont probablement marqué son existence. En 2010, elle n’hésite pas à se rendre en Guinée pour faire le point sur les massacres de Konakry qui ont fait plus de 150 morts, en exigeant que tous les moyens soient mobilisés pour que leurs auteurs soient jugés rapidement. Au Darfour, en 2008, elle soutient les victimes de crimes sexuels. A ceux qui mettent en doute son impartialité pour juger les criminels de guerre, en particulier africains, elle leur répond : “Je ne pense pas aux dirigeants que nous poursuivons… je travaille pour les victimes d’Afrique, elles sont africaines comme moi,voilà d’où je tire ma fierté et mon inspiration”. Un début de mandat qui s’annonce difficile pour le nouveau procureur qui doit aussi faire face aux pressions politiques  qui pèsent sur l’organisation. En effet, elle hérite de dossiers “sensibles” comme le procès de Laurent Gbagbo, qui marque ses débuts en tant que procureur général sur la scène internationale. Une tâche difficile car elle doit convaincre les juges de La Haye d’ouvrir un procès à l’encontre de l’ancien président ivoirien, poursuivi comme “coauteur de crimes contre l’humanité”. Après plusieurs reports d’audience, la CPI n’a à ce jour pas encore tranché sur ce cas. Concernant les exactions auxquelles se livrent les milices islamistes du Nord-Mali et les destructions de tombeaux de saints musulmans, Fatou Bensouda est sans équivoque. Elle a d’ailleurs récemment déclaré que “ces crimes de guerre visés par le statut de Rome donnent  compétence à la Cour Pénale Internationale de poursuivre et de punir les responsables de ces crimes”. Longtemps restée dans l’ombre de Moreno Campo, Fatou Bensouda doit à présent imprimer son propre style tout en renforçant l’indépendance et l’efficacité de la CPI. Autant dire que le nouveau procureur est très attendu au tournant. Certains observateurs redoutent que cette image de femme “africaine” ne lui porte préjudice en étant plus vulnérable aux pressions exercées par les Etats membres. D’autres, au contraire, considèrent que ses racines auront un impact positif pour encourager les pays à faire preuve de bonne volonté et coopérer avec la CPI. De nombreux défis l’attendent, notamment dans la prise en compte  des violences sexuelles faites aux femmes en période de conflit. Là encore, le combat est loin d’être gagné…

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