Un mari infidèle

Après une belle histoire d’amour couronnée par un mariage, onze mois de félicité, émaillés par des hauts et des bas, Ghita décide de quitter le nid conjugal, ne pouvant plus supporter les beuveries de son mari ni ses nombreuses infidélités.

La première fois que nos yeux se sont rencontrés, je l’ai aimé. Inconditionnellement. Totalement. C’était le prince de mes rêves, mon valeureux chevalier, l’homme de ma vie. Un beau brun autour de qui toutes les filles papillonnaient. Mais il semblait s’intéresser à moi, la fille naïve, jeune et réservée. Notre histoire a cependant démarré  sous le signe de l’amitié. Et j’ai particulièrement apprécié le respect dont il m’entourait. Et à défaut qu’il m’aime, j’acceptais comme un don du ciel son amitié, ses confidences… Il était devenu mon refuge, mon protecteur, ma forteresse… Cette complicité a fini par nous rapprocher, et notre amour a éclaté au grand jour.

Voyant mon engouement pour lui, mes amies avaient essayé de m’en détourner, m’expliquant que c’était un coureur de jupon invétéré, qu’il était volage et que j’allais avoir le cœur brisé. Je n’en avais cure. Je ne voyais que son côté solaire, sa façon de m’aborder, son assurance, ses belles paroles. Je savais que nous étions faits l’un pour l’autre. Il était à moi, et je suis partie en guerre contre ses ex, contre toutes celles qui étaient obsédées par lui, toutes celles qui lui courraient après. C’était mon combat. J’ai été trahie, bafouée, blessée, anéantie… J’avoue qu’à maintes reprises, j’ai pleuré et crié, j’ai supplié et je me suis battue. Nous avons rompu des milliers de fois, nous nous sommes réconciliés autant de fois. Toutes ces épreuves m’ont redues plus forte, plus déterminée.

Aurais-je dû à ce moment-là prendre mes jambes à mon cou  ? Aurais-je dû mettre un terme à notre histoire avant de me brûler les ailes ? Aujourd’hui, quand je me pose cette question, j’ai des doutes sur l’attitude que j’aurais prise. Sans doute, je n’aurais rien changé à cela, sans doute, j’aurais tout accepté par amour…

Je n’existais que pour lui, et il avait réussi à prendre le contrôle de ma vie. Je n’avais plus d’amies, car elles m’avaient toutes trahie, et plus d’amis car il était jaloux et possessif. J’étais seule, et il me semblait ne pouvoir compter que sur le soutien de sa mère, une femme qui m’a accueillie à bras ouverts dès notre première rencontre, et qui voyait en moi celle qui pourrait amener son fils sur le droit chemin. Une fille gentille et manipulable à souhait.

Trois années après notre première rencontre, il m’a demandé en mariage. Je récoltais enfin le fruit de tous ma patience infinie. C’était la preuve irréfutable qu’il m’aimait, moi, que les autres filles n’étaient qu’une simple passade, ou représentaient plutôt l’envie narcissique d’un beau gars d’exercer sa force de séduction sur la gent féminine. Mais il m’avait choisie, et là c’est une vraie victoire pour moi, pour nous. Pour notre amour.

Il ne cessait de me répéter que j’étais parfaite, belle, brillante, intelligente, combative, courageuse…  Je croyais en lui comme personne ne l’avait fait auparavant. Il m’avait déjà trompé avec deux amies très proches. Par amour, j’ai fermé les yeux sur ses trahisons, je ne me rendais pas compte de ses autres défauts qui devaient s’avérer encore plus nocifs pour l’avenir de notre mariage que ces quelques aventures sans lendemain. J’avoue que mon amour pour lui m’avait aveuglé. Je ne voyais pas ses défauts, je refusais de voir son côté sombre et destructeur.

Tout au long de nos fiançailles qui ont duré six mois, il s’est montré sous son meilleur jour. Nous étions devenus inséparables, et il me semblait pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert. J’étais douce et attentionnée, l’entourant de ma bienveillance et de ma compréhension… Je n’étais que pardon, patience et amour.

Unis pour le meilleur et le pire. Cette phrase revenait sans cesse me hanter pendant toute la durée de notre union. Et le pire a fini par prendre le dessus. Il m’avait toujours caché son addiction pour les drogues. Je découvrais aussi qu’il aimait boire, beaucoup boire. Si la félicité a été au rendez-vous au cours des premières semaines de notre mariage, son mauvais côté a rapidement pris le dessus. Il a commencé à rentrer tard, parfois même au petit matin. Il n’acceptait pas mes remarques, et se montrait d’une humeur coléreuse à chaque fois. Les insultes et même les coups pleuvaient. Après chacune de nos disputes, mon cher et tendre époux allait bouder chez sa mère !

J’avais aménagé notre nid d’amour, y investissant toutes mes économies, sans jamais compter. Après mon mariage, j’ai continué à subvenir aux besoins du foyer. Tout mon salaire y passait, et parfois cela ne suffisait pas. Et je n’avais pas le droit de me plaindre, sinon je risquais le pire… Pourtant, il avait un bon poste, gagnait un bon salaire en plus de juteuses commissions. Maintes fois, en faisant le ménage, je découvrais des enveloppes remplies de billets de banques… qui finissaient par disparaître. Son argent était pour son seul et unique plaisir.

Mes merveilleux souvenirs avec lui m’aidaient à tenir le coup. Je préservais jalousement dans un coin de ma mémoire chacun de nos moments à deux, refusant de reconnaître que j’avais idéalisé cet amour. Mais au fil des jours, je voyais que mon univers n’était qu’un mirage. Sa mère de son côté m’a clairement montré que son fils était au-dessus de tout soupçon, qu’il était infaillible, et que j’étais la cause de tous les problèmes. Elle ne cessait de s’immiscer dans notre vie privée. À chaque dispute, je devais lui rendre des comptes. À chaque réunion de famille, je devais écouter sagement ses conseils pour la gestion de mon couple.

Ma patience s’épuisait, et mon amour pour lui s’érodait. Je ne pouvais plus continuer cette relation toxique ni à vivre avec ce mari pervers et narcissique. Et s’il a été l’homme que j’aimais, il n’a pas été l’époux dont je rêvais. Il ne pourra jamais être le père de mes enfants. Immature et irresponsable, il avait encore besoin de grandir, de sortir des jupons de sa mère. J’ai tourné la question en rond dans ma tête pendant des jours et des jours, cloîtrée chez moi. La conclusion s’est imposée d’elle-même : il fallait le quitter.

Mon passage chez le juge a été une autre offense à ma dignité longtemps bafouée. Mais j’ai tenu bon, et j’ai fini par obtenir le divorce, en dépit des supplications de ce mari qui promettait de changer, qui jurait qu’il ne pourrait pas vivre sans moi. Je n’ai pas cédé, et j’ai tourné définitivement la page du mariage.

Aujourd’hui, six ans après cet épisode douloureux de ma vie, je vis toujours seule, refusant de me remarier, car ne pouvant plus faire confiance à un homme. Et je porte fièrement mon statut de femme divorcée, libre et indépendante. 

Par Shéhérazade tamime

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