Ce cliché pris à la maternité des orangers dans le service du Docteur Chafik Chraïbi n'est pas récente. Si elle date de 2012, l'eau n'a pas coulé sous les ponts depuis car sans changement de la loi qui régit l'avortement, le sort de ce nourrisson est le lot de beaucoup d'autres, chaque jour à travers le Maroc.
Dans le commentaire qui accompagnait la photo, Chafik Chraïbi racontait alors: "regardez la photos d'un bébé qui nous a été ramené par la protection civile qui l'a trouvé abandonné nu dans un champs de ruine, cordon non clampé, dévoré par des rats. Miraculeusement il vivait encore. Ceux qui disent que l'avortement c'est haram , qu'est-ce qu'ils disent de ça?"
Certains blâmeront la mère, ce monstre qui a pu abandonner de la sorte son enfant à une mort certaine. Effectivement, c'est un sort bien cruel que celui-ci… Mais, il est temps de prendre conscience que ce type de geste, tout aussi cruel soit-il, est un geste de désespoir!
Que cette femme ait fauté en croyant aux belles paroles d'un homme, qu'elle ait été violée ou qu'elle soit victime d'inceste… le résultat est le même. La société dans laquelle nous vivons ne fait pas le distinguo et traite ces victimes sur un pied d'égalité, les condamnant à fuir leur famille, à vivre comme des parias, à se terrer dans le mensonge et pour finir à accomplir un acte criminel.
Nous ne pouvons plus fermer les yeux ainsi sur ce phénomène de société, sous prétexte que c'est haram. Pour preuve d'autres pays musulmans nous ont précédé en légalisant l’avortement dans certains cas de figure. Qu'attendons nous?
Les orphelinats n'ont pas pour rôle de devoir pallier aux manquements de la justice et d'accueillir des enfants condamnés à mourir dès leur naissance.
Interdire les relations sexuelles avant mariage? Ne rêvons pas! Nous savons tous très bien que cela ne règlera rien, bien qu'un semblant d'éducation sexuelle et de sensibilisation aux moyens de contraception ne nous ferait pas de mal.