FDM : Quelques mots pour vous présenter…
Sonia Mezzour : J’ai 41 ans, deux enfants et je suis la secrétaire générale de l’ADEREE, l’Agence nationale pour le Développement des énergies Renouvelables et de l’Efficacité énergétique depuis trois ans environ ; un domaine qui requiert beaucoup de travail et autant de détermination.
Pourquoi avoir choisi cette voie ?
C’est un poste auquel je tiens pour plusieurs raisons. La première, c’est que j’ai l’impression d’apporter une réelle contribution dans un secteur qui est extrêmement important pour notre pays. Sa Majesté le roi tient d’ailleurs à allouer une priorité nationale aux énergies renouvelables, dans le but de favoriser une consommation énergétique adaptée aux standards internationaux respectueux de l’environnement. La deuxième raison, c’est que je considère qu’il est de mon devoir de citoyenne marocaine et de secrétaire générale de l’ADEREE de faire partie de la dynamique socioéconomique qui tend à participer au développement durable dans mon pays.
Qu’en est-il de votre cursus universitaire ?
à 18 ans, je suis partie pour l’Europe. J’y ai intégré un étalissement d’ingénierie de renommée internationale : l’école polytechnique fédérale de Zurich. à l’époque, j’étais la seule fille, au milieu de 350 collègues masculins. C’était un grand challenge parce que l’allemand était une nouvelle langue pour moi. En 1999, j’ai obtenu ma thèse de master à Harvard, à Boston.
Parlez-nous des années phares de votre vie professionnelle ainsi que des actions entreprises dans le domaine des énergies renouvelables.
J’ai travaillé dans la banque d’affaires suisse. J’y ai occupé plusieurs postes et ce, de 2000 à 2004. J’y ai surtout exercé la profession de trader de gré à gré de produits “structurés sur actions” pour les clients institutionnels, notamment les importants fonds de pension à l’international.
En 2010, j’ai été conseillère au cabinet du ministre de l’énergie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement. J’ai contribué, entre autres, à la création de l’Institut de Recherche en Energies Renouvelables et Efficacité énergétique (IRESEN), ainsi qu’à la mise en place de la Clean Tech d’Oujda. Je me suis également occupée du pilotage du contenu scientifique des Assises de l’énergie en 2011. Par la suite, j’ai été nommée à la tête de l’ADEREE et j’y suis encore.
Bon nombre de personnes vous comparent indirectement à l’ex-ministre de l’énergie et des Mines, Amina Benkhadra. Est-ce parce que vous militez pour la même cause ?
J’ai eu l’honneur de travailler avec cette grande dame en 2010. C’est une femme extraordinaire et exceptionnelle qui est prête à beaucoup de sacrifices pour ce pays. Elle sait pertinemment que le domaine des énergies renouvelables n’est pas sans difficultés, mais elle ne recule devant rien. Que l’on me compare à elle est donc un véritable honneur pour moi…
Travailler dans ce domaine réservé aux hommes ne vous fait pas peur ?
Le fait d’être une femme et de travailler dans un domaine censé être l’apanage des hommes est un défi haut de gamme. En rentrant dans mon pays, j’ai eu la certitude que j’avais la possibilité, en tant que femme, d’être sur la même longueur d’onde qu’un homme. C’est le cas de le dire lorsque la compétence et la détermination sont au rendez-vous ! Quoi de mieux pour assister mes concitoyennes et leur donner envie de croire en elles et de profiter pleinement de l’égalité des chances ?
Que fait l’ADEREE pour la coopération Sud-Sud ?
Nous sommes tous des soldats et ambassadeurs du Royaume. L’ADEREE a aujourd’hui 50 partenaires dynamiques à l’échelle panafricaine, dont certaines figures emblématiques des gouvernements africains. Avec eux, nous collaborons de manière mensuelle, hebdomadaire ou journalière. à leurs yeux, nous représentons une source de conseils en matière d’énergies renouvelables et plus précisément au niveau du développement énergétique durable. Nous travaillons aussi à régionaliser les stratégies marocaines à l’échelle interafricaine et à échanger nos expériences.