Dans notre société, la femme, quelque soit son travail et ses performances professionnelles, est perçue comme un simple objet qui doit être le plus beau possible pour le jour J où il sera la propriété d’un homme, seul à pouvoir lui garantir bonheur et sécurité ! Au-delà de l’aversion terrible de la plupart des hommes à admettre que la femme est leur alter ego en intelligence, voire meilleure, c’est l’éducation de nos jeunes filles qui est à remettre en cause.
En effet, dès son plus jeune âge, la jeune fille marocaine est cantonnée à un rôle de future épouse où son meilleur “exploit” serait de trouver le bon mari. Le BON étant un terme qui englobe un homme qui vient d’une bonne famille et qui possède surtout beaucoup… d’argent. C’est le mythe du prince charmant version surannée qui réduit toutes les possibilités d’émancipation de la jeune fille au bon vouloir d’un homme. Du coup, à l’âge où l’on apprend à se battre, à se révolter, à se construire une personnalité et des rêves pour un monde meilleur, la fille comprend qu’elle a plutôt intérêt à être belle et obéissante pour acquérir le label Bent Nass : Le Graal de tout mariage réussi. On n’ose même pas imaginer la pression sociale exercée sur la pauvre jeune fille…
D’aucuns diront que ces temps sont révolus et que dorénavant les gens sont mieux informés grâce à Internet et aux réseaux sociaux. Malheureusement, la réalité a tendance à montrer que la situation est devenue encore plus insidieuse. La dictature de la beauté s’est renforcée. Instagram et consorts ont scellé définitivement, pour des milliers de jeunes filles, la notion de l’émancipation par le travail ou les études. Voir les photos des Bimbos, gonflées et botoxées, dans les plus beaux palaces, à Dubaï, Istanbul ou Paris les conforte dans l’idée que le salut ne vient que par la voie de la beauté corporelle quitte à ce qu’elle soit Fake. C’est la même héroïne de l’histoire avec le prince charmant version 3.0. Le cheval est devenu un avion en Business classe et le château, un grand hôtel avec vue sur la place Saint Marco à Venise. Allez dire après à vos filles que les études leur donneront un avenir quand elles voient, via leur smartphone, que le rêve se concrétise à 16 ou 17 ans pour certaines. Demandez-leur de faire 12 ans d’études après le bac pour devenir médecin au moment où des gamines gagnent de l’argent et voyagent partout dans le monde grâce aux photos de leurs attributs féminins. Il y en a même qui parviennent à se trouver des maris riches hommes d’affaires et remportent le jackpot !
Pour sortir de cet engrenage qui rend toute culture de l’effort et de méritocratie impossible, il faudra beaucoup de temps et de dialogue. Il est urgent d’introduire des programmes d’éducation spécifiques dans nos écoles, mettant en avant des exemples de femmes ayant réussi grâce au travail. Et surtout, expliquer que seule la connaissance et l’indépendance financière garantissent un avenir certain !
Le mariage ne peut être réduit à une banale opération commerciale. Il ne saurait à lui seul assurer la pleine intégrité physique et morale de la femme. Aller dans la légèreté et la bêtise pour vendre des illusions à des générations de jeunes femmes risque de finir mal. Les derniers posts d’icônes comme Bella Hadid, complètement déprimée, expliquant que les réseaux sociaux ne sont pas la vraie vie montrent que le paraître est une chose, la réalité en est une autre.
Mais, combien pourrions-nous assurer une éducation de qualité à nos filles dans la journée quand ce maudit portable les formate jour et nuit ? υ