Se marier jeunes, vraie (bonne) décision ?

Convoler en justes noces, alors qu’on vient d’ouvrir les yeux sur sa vie d’adulte, ou encore au tout début de son cursus d’étudiants... Comme un retour de manivelle du passé, certains se casent, de plus en plus tôt, en faisant mentir les statistiques. Alors, l’aventure est-elle hasardeuse, question longévité du couple, ou s’agit-il, au contraire, d’une preuve de maturité ?

Si l’amour n’a pas d’âge, le mariage, si. Chiffres à l’appui, la moyenne d’âge du mariage au Maroc a reculé sur les dernières décennies, pour se fixer à vingt-six ou vingt-sept ans, pour les femmes, et trente-et-un ans pour les hommes. Un changement significatif qui contraste net avec la génération précédente.

Les MP (mariés précoces)

Malgré tout, aujourd’hui, quelques tendres pousses, bien avant leur quart de siècle affiché, manifestent le désir de se faire passer la bague au doigt, en rivalisant de cérémonies festives, pour l’occasion. Le mariage précoce revient à la mode. En témoigne Hanae, vingt ans : “je viens de me fiancer avec Chakir qui a mon âge, et que j’ai rencontré sur les bancs de la faculté. Nos parents respectifs étaient contre le fait qu’on se marie avant la fin de notre cursus, car ils y voyaient un facteur de perturbation pour nos études. On est amoureux et sûrs de notre choix ; pourquoi attendre ?” Pour Olaya qui a juré serment éternel à son homme, il y a quelques années, à l’âge de vingt-et-un an, il n’y a pas matière à polémiquer : “Mon chéri est un gentil garçon, et on ne s’est pas posés trente six questions existentielles. Nous grandissons ensemble et on découvre la vie, à deux ; cela ne fait que renforcer notre lien.” Souvent, il s’agit de la première vraie relation, et on veut parier qu’elle va durer toute une vie. Encore désargentés ? Peu importe, les tourtereaux préfèrent vivre d’amour et d’eau fraîche, ou mieux, sous perfusion financière des parents. Taxés d’idéalistes ? Les deux promis parient à fond sur leur duo en glaise, dont les contours se réadapteront en miroir ; dixit Hanae : “c’est plus facile de “se faire” l’un à l’autre, quand on n’a pas d’habitude ancrée de vieux garçon ou fille, à déraciner.”

Mûrs pour le grand saut ?

En toute jeune fille sommeille une princesse rêvant de se faire enlever, sur le grand destrier blanc du prince, pour galoper vers son château. C’est le schéma que la société nous a gravés dans la tête depuis l’enfance : consécration de l’amour = mariage. Que le chevalier en question ait encore des vestiges d’acné, ou que ses dents de sagesse viennent de pointer, ne compte pas. Le cœur neuf et les idéaux en bandoulière, on a envie d’officialiser la passion au grand jour, de préférence, dans un magnifique caftan blanc et sous les youyous de la foule en délire.

Néanmoins, l’officialisation de l’union, lorsque sa bande de potes insouciants fréquente encore les boîtes de nuits, exige une certaine dose de maturité. Car, après la fête et les paillettes, vient le temps du quotidien à deux. Si, en amont, on n’a pas bien mesuré les futurs devoirs et contraintes, l’entreprise devient casse-cou. “J’étais follement éprise de lui, mais j’étais aussi amoureuse d’une image : celle de notre couple jeune, beau et qui faisait bien des envieux. Or, l’amour ne suffit pas à construire un mariage sur la durée; il faut être prêt à renoncer à certaines choses, à endosser de nouvelles responsabilités. Il a très vite décrété que je l’étouffais dans sa liberté ; et, moi, je le trouvais volage et pas assez impliqué dans la marche du foyer”, témoigne Nadia, divorcée, après à peine un an de mariage. À cause de cette maturité qui leur manquait à tous les deux, l’édifice s’est rapidement effondré. Traverser les turbulences de la vie, main dans la main, implique d’inventer, en permanence de nouveaux logiciels de vie commune et de continuer de se projeter à long terme. En passant, par dessus, l’usure des sentiments et les obstacles : “mariés jeunes, on est très vite douchés par le monde réel et ses difficultés ; mais ça peut développer aussi des anticorps essentiels, pour le couple : solidarité, compromis, pardon, camaraderie, engagement indéfectible”, reprend Olaya. N’en déplaise aux oiseaux de mauvaise augure…

Entourage dubitatif

Dans notre ère de relations kleenex, parfois, on ne donne pas cher de la peau d’un bébé couple. “Tu es malade ! Tu vas divorcer dans trois ans, dans le sang et les larmes !” ou “c’est une grosse bêtise que tu t’apprêtes à faire; tu le (la) connais, à peine depuis six mois” : les oreilles des jeunes candidats aux épousailles sifflent souvent sous les pronostics fâcheux de leur entourage. Car, dans la tête de la plupart des gens, se marier signifie “se ranger”, en passant aux obligations familiales, aux biberons/ couches culotte, et à l’horizon à perspective unique. On scrute donc un peu bizarrement ces jeunes, bercés à Instagram et aux jeux vidéo, qui ont décidé de se mettre des chaînes aux pieds. Perçus comme des couples inexpérimentés, un peu ringards, limite bigots, qui se privent, volontairement, de quelques années supplémentaires de légèreté et de célibat débridé. “Ma grande sœur, toujours solo, à trente cinq ans, et de plus en plus exigeante vis à vis de ses prétendants, cultive des sentiments ambivalents à mon égard, rapporte Radia, mariée très jeune. D’un côté, elle me demande, sans arrêt, si je ne regrette rien, si je ne m’ennuie pas dans mon couple, après dix ans de mariage ; et de l’autre, j’ai l’impression qu’elle m’envie secrètement cet équilibre qui lui manque tant à elle.” 

Avantages vs inconvénients : le match

L’emménagement dans un nouvel appartement, les traites de crédit ou le loyer, le premier job, les courses, le compte joint, la parentalité précoce, les engueulades, les ajustements avec les belles-familles, les conjoints post pubères n’y échapperont pas. Ils seront aussi légèrement déphasés socialement, ne sachant qui inviter à dîner : les potes singletons ou les duos plus âgés. Leur romantisme béat et crétin du début prendra du plomb dans l’aile. Mais ce bain du “conjugo” où ils ont été plongés très tôt, les prémunit de trop d’attentes, de fantasmes sur l’institution mariage, sur le (la) compagnon (compagne) parfait (e). Après, comme dans n’importe quel mariage, ça passe ou ça casse. Et lorsque la sauce prend, toutes ces étapes et trophées remportés ensemble, tous les souvenirs qui les relient, alimentent leurs rapports de vieux complices. Au final, quelque soit l’âge auquel on la contracte, toute union est une prise de risque, à gain incertain. On a beau avoir un tour de piste d’avance par rapport aux autres, pour sauvegarder le potentiel évolutif de son couple, les recettes sont à l’identique : tendresse, com’ et ego dégonflés ! 

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